Pour beaucoup d’acteurs africains, il ne s’agit pas d’un simple ajustement de calendrier, mais d’un tournant symbolique, perçu comme un recul historique pour une compétition qui rythme la vie sportive et populaire du continent depuis près de sept décennies.
Ancien gardien emblématique du Cameroun, Joseph Antoine Bell a exprimé son indignation, dénonçant une décision « qui prive les Africains de leur rendez-vous majeur ». Le sélectionneur du Mali, Tom Saintfiet, a été encore plus virulent, estimant que cette réforme répond avant tout aux intérêts des grandes puissances du football mondial, notamment l’UEFA, les clubs européens et la FIFA. Selon lui, près de 70 ans de combats pour la reconnaissance du football africain seraient ainsi balayés.
Le sélectionneur de l’Ouganda, Paul Put, a également pointé du doigt l’influence des compétitions internationales comme la Coupe du Monde ou la Coupe du Monde des Clubs, dénonçant un choix dicté par des logiques financières plutôt que sportives.
Cette controverse révèle aussi un changement de cap au sommet de la CAF. Là où Issa Hayatou avait résisté aux pressions européennes pour préserver la périodicité biennale de la CAN, son successeur Patrice Motsepe, proche de Gianni Infantino, justifie le passage au quadriennal par la nécessité de protéger les joueurs africains évoluant en Europe, souvent pris en étau entre clubs et sélection nationale. Un argument jugé insuffisant par ses opposants, qui y voient surtout une volonté d’adapter le calendrier africain aux nouvelles compétitions mondiales.
Malgré cette opposition, certaines voix se veulent plus nuancées. Le sélectionneur marocain Walid Regragui estime que le passage à quatre ans pourrait renforcer la pression et l’attractivité de la compétition, tandis que le capitaine algérien Riyad Mahrez voit dans cette rareté une occasion d’intensifier la compétition sportive.
Pour compenser, la CAF prévoit la création d’une nouvelle compétition annuelle, inspirée de la Ligue des Nations de l’UEFA, qui débutera en 2029. Mais ce projet ne fait pas l’unanimité, même en interne, où certains dénoncent un manque de consultation et craignent que les clubs européens et la FIFA ne soient plus contraints de libérer leurs internationaux africains tous les deux ans.
Entre défense d’un héritage historique et adaptation aux réalités du football mondialisé, cette réforme divise profondément le continent. Si la CAN 2025 concentre aujourd’hui tous les regards sur le terrain, le débat sur sa périodicité ne fait que commencer, et pourrait redéfinir durablement la place du football africain dans l’ordre sportif international.












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