Ce soutien populaire n’a rien d’un geste improvisé ou opportuniste
Il s’inscrit dans une logique ancienne, presque intuitive, que résume une formule souvent répétée au Maroc : le voisin proche passe avant le frère lointain. Dans ce cas précis, l’Algérie n’est pas un simple adversaire sportif ou un pays étranger parmi d’autres. Elle est un voisin, un peuple avec lequel les Marocains partagent une histoire imbriquée, une langue largement commune, une religion, des traditions, des mariages et une mémoire collective faite de luttes, de solidarités et de blessures partagées.
Le football, dans ce contexte, devient un révélateur. Alors que les relations officielles entre Rabat et Alger sont gelées, parfois ouvertement hostiles, les tribunes racontent une autre histoire. Celle d’un peuple marocain qui, fidèle à une certaine idée de lui-même, refuse la logique de la réciprocité négative. Ne pas rendre l’animosité par l’animosité, ne pas répondre à la fermeture par le rejet. Cette posture trouve d’ailleurs un ancrage profond dans la culture et la référence religieuse, souvent invoquée pour justifier l’éthique de la patience et du dépassement de soi : répondre au mal par le bien, transformer l’hostilité en possibilité de rapprochement.
Mais le soutien ne s’est pas limité aux chants et aux applaudissements dans le stade. Depuis le début de la Coupe d’Afrique des nations organisée au Maroc, de nombreux témoignages font état d’un accueil particulièrement chaleureux réservé aux supporters algériens venus accompagner leur équipe. Certains ont été hébergés chez l’habitant, d’autres invités à partager des repas, à découvrir des villes, à circuler sans crainte ni suspicion. Pour beaucoup de Marocains, cette hospitalité n’a rien d’exceptionnel : elle relève d’un réflexe social profondément ancré, où l’étranger est d’abord un hôte, surtout lorsqu’il vient d’un pays frère.
Cette distinction est essentielle pour comprendre le sens politique – au sens noble – de ce qui s’est joué dans les gradins. Les Marocains, dans leur grande majorité, font une différence nette entre le peuple algérien et le système politico-militaire qui dirige aujourd’hui le pays voisin. Le rejet vise le régime, pas la population. Cette nuance, évidente pour les citoyens, est souvent absente des discours officiels et des narratifs médiatiques dominants. Elle explique aussi pourquoi chaque manifestation de rapprochement populaire suscite une certaine nervosité du côté des autorités algériennes : la peur que les peuples se reconnaissent mutuellement, malgré les frontières fermées et les discours belliqueux.
Car un rapprochement entre sociétés civiles remettrait en cause une stratégie fondée sur la tension permanente. Il deviendrait plus difficile de nourrir la défiance lorsque des images de fraternité circulent, lorsque des Algériens racontent leur accueil au Maroc, et lorsque des Marocains affirment publiquement leur respect et leur affection pour le peuple voisin. Dans cette perspective, le football devient presque subversif : un espace où l’émotion collective échappe au contrôle politique.
Il serait toutefois réducteur de limiter cet épisode à une simple rivalité maghrébine. La présence du Soudan dans cette rencontre rappelle que la Coupe d’Afrique des nations est avant tout une célébration continentale. Mais le choix du public marocain, dans ce match précis, souligne une hiérarchie affective assumée. Soutenir l’Algérie n’était pas un rejet du Soudan, pays frère lui aussi, mais l’expression d’une proximité géographique et historique singulière.
Au fond, cette soirée à Rabat raconte une chose simple et puissante : les peuples vont souvent plus vite que les États. Ils portent une mémoire longue, faite de coexistence et de relations humaines, que les crises diplomatiques peinent à effacer. Et si le présent reste marqué par les blocages, beaucoup de Marocains sont convaincus que cette situation n’est pas une fatalité. Les régimes passent, les peuples demeurent.
En attendant, dans un stade, au détour d’un chant ou d’un applaudissement, une vérité s’est exprimée sans discours ni slogans : ce qui unit le Maroc et l’Algérie est plus fort que ce qui les divise. Et tôt ou tard, cette évidence finira par s’imposer au grand jour.
Le football, dans ce contexte, devient un révélateur. Alors que les relations officielles entre Rabat et Alger sont gelées, parfois ouvertement hostiles, les tribunes racontent une autre histoire. Celle d’un peuple marocain qui, fidèle à une certaine idée de lui-même, refuse la logique de la réciprocité négative. Ne pas rendre l’animosité par l’animosité, ne pas répondre à la fermeture par le rejet. Cette posture trouve d’ailleurs un ancrage profond dans la culture et la référence religieuse, souvent invoquée pour justifier l’éthique de la patience et du dépassement de soi : répondre au mal par le bien, transformer l’hostilité en possibilité de rapprochement.
Mais le soutien ne s’est pas limité aux chants et aux applaudissements dans le stade. Depuis le début de la Coupe d’Afrique des nations organisée au Maroc, de nombreux témoignages font état d’un accueil particulièrement chaleureux réservé aux supporters algériens venus accompagner leur équipe. Certains ont été hébergés chez l’habitant, d’autres invités à partager des repas, à découvrir des villes, à circuler sans crainte ni suspicion. Pour beaucoup de Marocains, cette hospitalité n’a rien d’exceptionnel : elle relève d’un réflexe social profondément ancré, où l’étranger est d’abord un hôte, surtout lorsqu’il vient d’un pays frère.
Cette distinction est essentielle pour comprendre le sens politique – au sens noble – de ce qui s’est joué dans les gradins. Les Marocains, dans leur grande majorité, font une différence nette entre le peuple algérien et le système politico-militaire qui dirige aujourd’hui le pays voisin. Le rejet vise le régime, pas la population. Cette nuance, évidente pour les citoyens, est souvent absente des discours officiels et des narratifs médiatiques dominants. Elle explique aussi pourquoi chaque manifestation de rapprochement populaire suscite une certaine nervosité du côté des autorités algériennes : la peur que les peuples se reconnaissent mutuellement, malgré les frontières fermées et les discours belliqueux.
Car un rapprochement entre sociétés civiles remettrait en cause une stratégie fondée sur la tension permanente. Il deviendrait plus difficile de nourrir la défiance lorsque des images de fraternité circulent, lorsque des Algériens racontent leur accueil au Maroc, et lorsque des Marocains affirment publiquement leur respect et leur affection pour le peuple voisin. Dans cette perspective, le football devient presque subversif : un espace où l’émotion collective échappe au contrôle politique.
Il serait toutefois réducteur de limiter cet épisode à une simple rivalité maghrébine. La présence du Soudan dans cette rencontre rappelle que la Coupe d’Afrique des nations est avant tout une célébration continentale. Mais le choix du public marocain, dans ce match précis, souligne une hiérarchie affective assumée. Soutenir l’Algérie n’était pas un rejet du Soudan, pays frère lui aussi, mais l’expression d’une proximité géographique et historique singulière.
Au fond, cette soirée à Rabat raconte une chose simple et puissante : les peuples vont souvent plus vite que les États. Ils portent une mémoire longue, faite de coexistence et de relations humaines, que les crises diplomatiques peinent à effacer. Et si le présent reste marqué par les blocages, beaucoup de Marocains sont convaincus que cette situation n’est pas une fatalité. Les régimes passent, les peuples demeurent.
En attendant, dans un stade, au détour d’un chant ou d’un applaudissement, une vérité s’est exprimée sans discours ni slogans : ce qui unit le Maroc et l’Algérie est plus fort que ce qui les divise. Et tôt ou tard, cette évidence finira par s’imposer au grand jour.












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