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Ce sentiment anti-espagnol qui se développe…




Par Aziz Boucetta

break_time500msce_sentim1625495003.mp3 A lire ou à écouter en podcast :  (1.1 Mo)

« Vous allez partir en Espagne cette année, pour l’été, comme toujours ? ». « Non, pas cette année, et peut-être même les autres… ». On entend de plus en plus souvent ce type d’échanges entre Marocains, généralement épris de villégiatures espagnoles, au sud de préférence. Il est vrai que la brouille de cette année est quelque peu différente de celles qui l’ont précédée, les deux Etats s’étant cette fois lâchés et fâchés plus que de coutume.
 

Jusque-là, et depuis une quinzaine d’années, Rabat et Madrid se sont plutôt bien entendus, gérant les différends en respectant leurs différences. Pêche, migration, lutte antiterroriste… Tout y passait, rien ne bloquait et quand, d’aventure, un écueil se montrait, les mécanismes de gestion de (légères) crises se mettaient en branle-bas, mais sans combat.


Le grand tournant dans ces relations a une date, le 10 décembre, et un nom, Donald Trump. Ce jour-là, l’ancien président américain reconnaissait la pleine et totale intégrité territoriale du Maroc. Pleine et totale ? Non, deux petites villes résistent encore et toujours à la modernité et au sens de l’Histoire… Le Maroc n’en a jamais fait une histoire, dépendamment des politiques publiques espagnoles et du comportement des locataires de la Moncloa et des chefs de la diplomatie.
 

Et précisément, depuis ce fameux 10 décembre, l’attitude des dirigeants espagnols est plus qu’inamicale, renouant avec la logique des années 50 et 60, quand Madrid déployait toutes les ruses pour maintenir ses possessions dans le Maroc Atlantique, puis sa présence dans les présides de Sebta et Melilla. Tirant profit de la naïveté d’une diplomatie marocaine naissante et encore balbutiante, inexpérimentée, les Espagnols ont retardé de plusieurs années les rétrocessions des territoires occupés, puis les ont rétrocédés en y « oubliant » toujours des 5èmes colonnes, hostiles au Maroc.
 

Les choses auraient pu dégénérer en 2002 déjà, lors de l’assaut donné sur l’îlot Laila, en 2002*… Cette année-là, une dizaine de membres des Forces auxiliaires se trouvant, désarmés, sur le rocher, avaient été submergés par une incroyable armada espagnole, puis faits prisonniers, menottés et cagoulés, par les Forces spéciales envoyées par un Jose-Maria Aznar jouant le rôle du matamore contrarié (photo). Face à cela, trois mois plus tard, le roi Mohammed VI avait permis aux pêcheurs galiciens de venir lancer leurs filets dans les eaux marocaines suite à la marée noire causée par le naufrage du Prestiqe au nord-ouest espagnol (puis avait lancé Tanger-Med…).
 

Dans cette histoire pluriséculaire qui nous unit, le Maroc a toujours su faire preuve de modération, de diplomatie et de souci de bon voisinage. Côté espagnol, depuis un siècle, Madrid a invariablement fait montre de fourberie, d’esprit condescendant et de volonté de domination. Aujourd’hui, avec la grande bascule géostratégique mondiale, l’Espagne a commis l’impair de trop en recevant Brahim Ghali…
 

Les planètes sont donc alignées pour un conflit de longue durée… L’aventurisme diplomatique espagnol à l’égard du Maroc, l’insignifiance doublée d’insuffisance de la cheffe de la diplomatie, face à un chef de gouvernement aussi pâlot que falot, un Maroc plus sûr de lui, une UE de plus en plus incertaine, divisée et désormais méprisée par à peu près tout le monde, l’Américain, le Russe, le Chinois, l’Afrique, la Turquie…
 

Aujourd’hui, et après que Madrid ait œuvré et manœuvré dans les années 60 et 70 pour que Sebta et Melilla ne soient pas inscrites dans la liste des Territoires Non Autonomes, l’Espagne et l’UE veulent les inclure dans le territoire européen. L’acte est autant futile qu’hostile, et il appartient au Maroc d’y répondre.
 

Il s’avère donc, même face au manque de communication du Maroc, que le contournement de l’Espagne par l’opération Marhaba, que la suppression des ferries de Gibraltar, que le rappel de l’Ambassadrice marocaine à Madrid, que l’escalade diplomatique et politique assurée et assumée par les Marocains, ne sont que le début d’une nouvelle phase dans les relations bilatérales que les Espagnols ont cabossé, en rameutant les Européens qui ont benoîtement répondu favorablement, avec une France ailleurs qui a préféré regarder ailleurs…
 

Fort bien… Alors, dans les semaines et mois qui viennent, il serait utile de surveiller la question de la migration, de la pêche, des eaux territoriales, et des relations avec les pays phares de l’UE, essentiellement France et Allemagne…
 

Quant au royaume du Maroc, personne ne peut le comprendre qu’un autre royaume… et si ce n’est pas l’Espagne, pourtant toute proche, et bien ce sera le Royaume-Uni. Dans l’intervalle, l’animosité maroco-espagnole glisse des Etats aux populations, et à ce jeu, Madrid perd plus que Rabat : « Vous allez partir en Espagne cette année, pour l’été, comme toujours ? ». « Non, pas cette année, et peut-être même les autres… »...
 

Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com




Lundi 5 Juillet 2021


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