L'ODJ Média




Cérémonie d'hommage et de reconnaissance à Mounir Rahmouni, le précurseur et l'humaniste




Jamal Hajjam : « Rahmouni était un journaliste intuitif, souverain dans ses écrits, respecté dans ses jugements »

A l'initiative de du groupe de presse Arrissala composé des quotidiens L'Opinion et Al Alam et du bouquet électronique L'ODJ-Média, un large public composé d'hommes politiques, de journalistes, d'artistes, de cinéastes, d'intellectuels, de professionnels des médias et d'étudiants en journalisme, avait rendez-vous, le mercredi premier février 2023 au siège de l'Institut Supérieur de l'Information et de la Communication (ISIC), avec une belle soirée de reconnaissance et d'hommage rendu au défunt Mounir Rahmouni, journaliste du quotidien L'Opinion, qui avait marqué la scène médiatique au Maroc d'une pierre blanche à travers le mythique supplément "L'Opinion des Jeunes", par son engagement pour une société meilleure et par son implication professionnelle pour la promotion de l'art et des artistes.

 Lors de cet hommage marqué par la projection d'un film documentaire sur le défunt, son parcours et ses qualités humaines, suivi de nombreux témoignages d'anciens «odejistes», d’artistes et de journalistes, Monsieur Jamal Hajjam, ancien rédacteur en chef et ancien directeur de publication du quotidien L'Opinion, a prononcé une allocution dans laquelle il a rendu une image assez descriptive de Mounir Rahmouni "le journaliste talentueux, le militant de la plume, le lanceur d'alertes infatigable, l'accompagnateur des jeunes, le soutien des artistes et le professionnel crédible et porteur de belles valeurs humaines".
Eu égard à la consistance de l'intervention de M. Hajjam, nous la reproduisons ci-après dans son intégralité : 

« Au nom des anciens collègues de Mounir Rahmouni  et de toutes les équipes du Groupe de presse Arrissala avec ses deux quotidiens historiques L'Opinion et Al Alam et son bouquet électronique L'ODJ-Média, je souhaite à cette honorable assistance la bienvenue et lui exprime nos vives remerciements pour sa présence massive qui prouve et démontre l'attachement fort à la mémoire du défunt Mounir Rahmouni, l’un des journalistes qui ont fait les beaux jours du journal L’Opinion et de la profession de journalisme dans notre pays en général.

Le partenariat de l’organisation de cet évènement avec l'Institut Supérieur de l'Information et de la Communication, ce temple de la formation dans les métiers de la communication, nous honore et rajoute à la solennité de cette cérémonie qui se veut un hommage à l’œuvre globale de Mounir Rahmouni, ainsi qu’à sa contribution à l’enrichissement et à l’animation du paysage médiatique au Maroc, avec mention spéciale pour son colossal travail en faveur de l'épanouissement culturel et intellectuel de la jeunesse marocaine, via son célèbre et désormais mythique  "L’Opinion des Jeunes".

Le clou de cette rencontre qui sera aussi marquée par des témoignages d'artistes de renom, de journalistes, de poètes, de cinéastes, d'anciens odejistes, est la projection d'un film documentaire au titre bien à propos "Hommage à un journaliste précurseur et humaniste". Il y est  question de Mounir l'accompagnateur des jeunes dans leur quête d'interactivité et d'initiation à l'écriture et à la poésie, du journaliste ami des artistes, du chroniqueur toujours à l’affut, du poète passionné par la création artistique et l’art en général, de l’homme humble et avenant, et du père de famille dévoué.

Premier d’une série intitulée «Romouz Khalida» en hommage aux pionniers et précurseurs dans différents domaines, le film est signé L’ODJ-Média, dernier né du groupe Arrissala. Il reflète par sa qualité, le degré de professionnalisme de ce nouveau média dirigé avec brio par son architecte, notre ami Adnane Benchekroun et qui gagne crescendo en aura. 

Mounir Rahmouni s'y serait très bien retrouvé, du fait même que L'ODJ-Média est foncièrement tourné vers la jeunesse, tout en prônant un journalisme nouvelle génération, moyennant de nouveaux outils qui s’inscrivent à l’ère de leur temps. L'ODJ-Média est une galaxie de pas moins de 8 publications électroniques... C’est un bouquet multimédia et multi-canal avec portails Web, Web Magazine, Web Radio, Portail Radio, Plateforme de podcast et bien entendu une Web TV. Le tout est dédié à la mémoire de Mounir Rahmouni de par l’esprit qui anime ses concepteurs, inspiré de la philosophie de L’Opinion Des Jeunes, comme par l'hommage permanent qui lui est rendu à travers le sigle ODJ tiré des premières lettres des mots composant la dénomination "Opinion Des Jeunes". 

Une belle manière au fait d’honorer au quotidien et à chaque clic la mémoire de ce journaliste qui, bien qu'ayant connu le succès et la célébrité, était resté humble et extrêmement modeste tout au long de sa vie.

Les qualificatifs précurseur et humaniste, retenus par le titre du film, rendent d'ailleurs une authentique image de celui qui mettait dans son travail beaucoup de savoir-faire, mais aussi beaucoup de patience et d'amour, sans jamais se laisser décourager par les nuisances de quelque ordre que ce soit.

Le succès qui a marqué le parcours de Mounir Rahmouni réside en grande partie dans sa persévérance et dans la grande passion qu'il avait pour son travai, pourtant très exigeant et particulièrement éprouvant, mais qui représentait, à côté de sa petite famille, tout pour lui et constituait quelque part sa raison d'être. 

Précurseur, Mounir l’a effectivement été. Il l'a été pour avoir offert aux jeunes un espace d’échange et d’interactivité à une époque où les forums de débat permettant aux citoyens d’exprimer leurs préoccupations et leurs rêves étaient quasiment inexistants.

Stimulé par la nature même de L’Opinion et par sa ligne éditoriale de journal partisan prônant un journalisme professionnel engagé, porteur de valeurs humaines, sociales et nationales et apôtre de la liberté de la presse et d'expression, Mounir Rahmouni pouvait innover et donner libre cours à ses idées dont celle, lumineuse, de mettre à la disposition des jeunes, 36 ans avant l’avènement de Face Book, un réseau social sur support papier, pas très différent de ceux que nous connaissons aujourd'hui quant à sa fonction de trait d'union actif entre ses utilisateurs.

C’est en 1968, tout juste trois années après la création du journal L'Opinion qui succédait à une autre publication, "La Nation Africaine", interdite par les pouvoirs publics, que Mounir, à peine la vingtaine, avait eu la bonne intuition et s’était lancé dans cette exceptionnelle expérience, à une époque, faut-il le rappeler, qui n'était pas vraiment propice à ce genre d'espaces ouverts au grand public, les jeunes en particulier. Nous étions en pleine parenthèse de l’état d’exception, suivie de plus de deux décennies d'étouffement des libertés.

Et c'est dans ce contexte que la saga de "L'Opinion des Jeunes", fait par les jeunes pour les jeunes, allait s'inscrire dans le temps, engrangeant un succès inédit.

"L'Opinion des Jeunes" répondait manifestement aux attentes d’une jeunesse souvent mal comprise, ce qui se vérifiait dans l’énorme courrier que Mounir recevait au quotidien et dans l’explosion des ventes de L’Opinion les jours de parution de ce supplément. En témoignait aussi le grand nombre de mémoires universitaires qui avaient été consacrés à ce qu’on avait qualifié en son temps de "phénomène L'Opinion des Jeunes".

Les jeunes contributeurs et leurs lecteurs, "âgés de 7 à 77 ans" comme Mounir se plaisait à l'afficher sur le fronton de ses pages, avaient trouvé dans ce supplément à succès une sorte de club où ils pouvaient échanger et exposer leurs idées et opinions tout en s'initiant à la poésie, à l’art d’écrire, au dialogue et au débat autour de questions qui leur tenaient à coeur, mais toujours en conformité avec les exigences de l’éthique et dans le respect des valeurs sociétales et des valeurs fondatrices de la nation marocaine. Mounir était très pointu sur ces préalables lorsqu'il proposait des débats autour de sujets plus ou moins sensibles, voire parfois tabous.

Précurseur, Mounir Rahmouni l'a été aussi pour avoir créé, parallèlement à L'Opinion des Jeunes, "L'Opinion Artistique". Un autre supplément à succès, informatif et critique sur les nouveautés du monde artistique dans les domaines de la chanson, du théâtre, des productions radiophoniques et télévisuelles, des arts plastiques, mais aussi voué à l'encouragement des jeunes talents et à la défense de leur droit à une place au soleil.

Son engagement aux côtés des artistes et sa proximité avec eux furent à l'origine de relations très étroites et de solides amitiés avec la plupart d'entre eux. Célébrités et débutants l'appréciaient et lui vouaient respect et estime, même s'il lui arrivait de les égratigner lorsqu'il le jugeait nécessaire. Mais ses critiques, toujours constructives et désintéressées passaient plutôt bien et ne laissaient jamais de séquelles.

Il faut dire que Mounir était l’un des rares journalistes qui pouvaient prétendre à une amitié sincère et partagée avec les artistes comme avec les intervenants dans les médias audiovisuels, tout en demeurant souverain dans ses écrits et respecté dans ses jugements. 

Une vérité qui se vérifiait à notre niveau chaque année à l’occasion des célèbres soirées annuelles, "Le Rendez-vous des Artistes", que L'Opinion organisait en hommage aux artistes marocains avec le sponsor "LeNoble", lui-même très à cheval sur le monde de l'art, et la contribution en amont de notre ami et célèbre cruciverbiste, Moncef Benkirane. Le mérite du succès de ces soirées revenait en très grande partie à Mounir. C’était grâce à son implication que la présence des artistes était toujours consistante et de haute facture. En fait, on ne refusait rien à Mounir Rahmouni pour qui on répondait naturellement présent.

Dans le même esprit, nombreuses furent les célébrités, et non des moindres, qui avaient pris part à son mariage en 1977 et contribué spontanément à l’animation de la fête, dont Abdelwahab Doukkali, Samira Bensaid, Mohamed El Hyani, Ghita Benabdeslam, Lahbib Idrissi, Nass El Ghiwane, le groupe Ousmane, une partie de l’orchestre de la RTM etc…, outre la présence de nombreuses icônes du théâtre et du cinéma comme Larbi Doghmi, Ahmed El Omari, Abou Saouab et bien d’autres. C’est dire à quel point Mounir avait de l’estime dans le milieu.

Ses qualités humaines y étaient pour beaucoup. Son humanisme, dans le sens bien compris de la bienveillance, de l'humilité, de l'altruisme et de la bonté, ne laissait pas indifférent. Il lui arrivait d'être contrarié par la mauvaise foi ou par l'ingratitude des hommes, mais il préférait s'effacer plutôt que d'entrer en conflit. Il ne reprochait jamais rien à personne et ce n'est pas uniquement sa timidité réputée qui lui dictait cette attitude foncièrement pacifiste et salutaire, mais aussi et surtout son éducation, sa morale scrupuleuse et son respect des valeurs.

Mounir Rahmouni était aussi quelqu’un de très sensible et les malheurs des gens l’affectaient profondément. Ça se reflétait même dans son travail. Pour l'histoire, il a été le premier journaliste à avoir lancé un SOS Santé appelant à l'aide au profit des personnes souffrantes et se trouvant dans le besoin de financement de leurs actes médicaux.

C'était lui l’inventeur de cette pratique qui était venue en aide à des centaines de patients démunis et qui allait faire école et gagner l'ensemble de la presse nationale avant de s'éteindre pratiquement avec l'avènement des réseaux sociaux. Ses "appels aux âmes charitables" comme il les appelait, aboutissaient toujours et mobilisaient personnes physiques et morales, voire même des institutions.

Tel était Mounir Rahmouni, journaliste talentueux d'une régularité exemplaire, militant de la plume, lanceur d'alertes infatigable à travers ses chroniques chatouilleuses de la langue de Molière, accompagnateur des jeunes, soutien pour les artistes, professionnel crédible et porteur de belles valeurs humaines.

Et c'est à ce Mounir précisément que le jury de la cinquième édition du grand Prix national de la presse avait décerné, en 2007, son prix honorifique en hommage à son action au service de la profession.

L’hommage posthume que nous lui rendons tous aujourd'hui est l'occasion de souligner que son souvenir dans nos coeurs demeure vivace et que son expérience et son héritage sont à même de servir, pour les journalistes en devenir, de lanterne en matière de journalisme crédible, sincère et désintéressé, un journalisme qui a de l’impact, positif s’entend.

Cet hommage est aussi un hommage à ses collègues de L’Opinion, à ceux de tout le groupe Arrissala,  toutes générations confondues, et à tous les journalistes marocains pionniers, qui ont donné à la profession dans notre pays ses lettres de noblesse et pour qui le journalisme signifiait d’abord des sacrifices, de l’altruisme et de l’abnégation au service des causes nobles, et au service des intérêts du pays et des concitoyens. 

Que Dieu ait l'âme de notre cher Mounir en sa sainte miséricorde.

Merci pour votre écoute attentive ».



Vendredi 3 Février 2023


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