Dans le monde feutré mais brutal de l'information, il existe une manière bien particulière d’insulter un journaliste sans même hausser le ton : lui demander ses sources.
C’est poli, presque académique, mais en réalité, c’est l’équivalent journalistique de lui balancer son café à la figure en murmurant : « Je ne te crois pas. »
Car demander à un reporter ses sources, surtout à chaud, c’est sous-entendre qu’il parle à vide, qu’il brode, qu’il raconte ce que tout le monde dit, ce que Twitter murmure et ce que Telegram hurle. Et cela, pour un journaliste qui se respecte, c’est une gifle.
Il y a pourtant une manière plus fine – et infiniment plus respectueuse – d’exercer ce droit légitime au doute : ne pas dire « Quelles sont tes sources ? » mais plutôt « Tu as pu croiser l’info ? », « Tu l’as confirmée auprès d’un second contact ? », ou mieux encore : « Tu la tiens depuis combien de temps ? »
La nuance est subtile, mais elle change tout. Dans un cas, on jette la suspicion. Dans l’autre, on évalue le travail, la rigueur, le timing. Car un bon journaliste n’est pas un robinet à fuites, c’est un ouvrier de la vérification. Son métier, ce n’est pas d’avoir des sources, c’est de les tester. D’user leurs témoignages comme on use un silex : jusqu’à ce qu’une étincelle de vérité surgisse.
Mais ce noble métier est aujourd’hui pris en otage par un ennemi sournois : la dictature de l’immédiateté. La contrainte de l’information en continu, ajoutée à la pression des réseaux sociaux, pousse les rédactions à précipiter la publication au détriment de la vérification. Il ne s’agit plus de bien informer, mais d’informer vite. Le nouveau mantra, tragiquement assumé dans bien des salles de rédaction, pourrait se résumer ainsi : « On publie d’abord, sinon on est mort ; on vérifie après, et si c’est faux… on dépublie, on s’excuse. » Une logique qui transforme le journalisme en roulette russe numérique, où la crédibilité se joue à chaque rafale de notifications.
Alors la prochaine fois qu’on vous balance une info chaude, brûlante, encore fumante, ne soyez pas ce pompier en blouse grise qui crie : « C’est qui ta source ? » Soyez plutôt ce cuisinier sceptique qui demande : « Tu l’as goûtée avant de la servir ? »
Parce que dans ce métier, le plus grand compliment qu’on puisse faire à un journaliste, ce n’est pas de croire ce qu’il dit. C’est de lui reconnaître le droit d’avoir douté… avant de l’écrire.
Car demander à un reporter ses sources, surtout à chaud, c’est sous-entendre qu’il parle à vide, qu’il brode, qu’il raconte ce que tout le monde dit, ce que Twitter murmure et ce que Telegram hurle. Et cela, pour un journaliste qui se respecte, c’est une gifle.
Il y a pourtant une manière plus fine – et infiniment plus respectueuse – d’exercer ce droit légitime au doute : ne pas dire « Quelles sont tes sources ? » mais plutôt « Tu as pu croiser l’info ? », « Tu l’as confirmée auprès d’un second contact ? », ou mieux encore : « Tu la tiens depuis combien de temps ? »
La nuance est subtile, mais elle change tout. Dans un cas, on jette la suspicion. Dans l’autre, on évalue le travail, la rigueur, le timing. Car un bon journaliste n’est pas un robinet à fuites, c’est un ouvrier de la vérification. Son métier, ce n’est pas d’avoir des sources, c’est de les tester. D’user leurs témoignages comme on use un silex : jusqu’à ce qu’une étincelle de vérité surgisse.
Mais ce noble métier est aujourd’hui pris en otage par un ennemi sournois : la dictature de l’immédiateté. La contrainte de l’information en continu, ajoutée à la pression des réseaux sociaux, pousse les rédactions à précipiter la publication au détriment de la vérification. Il ne s’agit plus de bien informer, mais d’informer vite. Le nouveau mantra, tragiquement assumé dans bien des salles de rédaction, pourrait se résumer ainsi : « On publie d’abord, sinon on est mort ; on vérifie après, et si c’est faux… on dépublie, on s’excuse. » Une logique qui transforme le journalisme en roulette russe numérique, où la crédibilité se joue à chaque rafale de notifications.
Alors la prochaine fois qu’on vous balance une info chaude, brûlante, encore fumante, ne soyez pas ce pompier en blouse grise qui crie : « C’est qui ta source ? » Soyez plutôt ce cuisinier sceptique qui demande : « Tu l’as goûtée avant de la servir ? »
Parce que dans ce métier, le plus grand compliment qu’on puisse faire à un journaliste, ce n’est pas de croire ce qu’il dit. C’est de lui reconnaître le droit d’avoir douté… avant de l’écrire.












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