Une image ternie par des comportements inciviques
Si le Maroc jouit d’une réputation internationale favorable, notamment grâce à l’hospitalité légendaire de sa population, le rapport met en lumière des dysfonctionnements structurels qui menacent cette image. Les résultats sont sans appel : 73,5 % des personnes interrogées se déclarent insatisfaites du comportement des citoyens dans les lieux publics, en particulier en matière de propreté et de respect des espaces communs.
Le non-respect des files d’attente (46,2 %), des horaires (60,7 %) et du code de la route (60,9 %) est également dénoncé. Le civisme, base essentielle de la vie collective, semble ainsi en net recul dans de nombreuses dimensions du quotidien.
Une insatisfaction marquée autour du respect des femmes et de la politesse
Le rapport accorde une attention particulière au respect des femmes dans l’espace public : 52,2 % des sondés estiment qu’il est insuffisant, soulignant un climat de harcèlement persistant.
Par ailleurs, 42,8 % des personnes interrogées déplorent un faible niveau de langage et un manque de politesse dans les interactions sociales, tandis que seuls 12,4 % se disent satisfaits à ce niveau.
La Coupe du Monde 2030, un catalyseur de transformation… ou un miroir grossissant ?
La perspective d’organiser la Coupe du Monde aux côtés de l’Espagne et du Portugal constitue une opportunité historique pour le Maroc, tant sur le plan économique qu’en termes d’image. Mais ce grand chantier révèle aussi des lacunes profondes.
En effet, 84,8 % des participants estiment que l’insalubrité urbaine nuit à l’image du pays, et 77 % considèrent que la mendicité, en particulier celle des enfants, est un facteur de gêne pour les visiteurs. Plus grave encore, 69,6 % dénoncent la fréquence des cas de harcèlement envers les femmes, et 64,9 % pointent des comportements envahissants dans les marchés ou dans la rue, qui risquent de compromettre l’expérience touristique.
Une culture de l’impunité et une action publique jugée insuffisante
Le sentiment d’impunité ressort fortement du rapport. Les sanctions perçues comme trop légères pour certains comportements choquants nourrissent un sentiment d’abandon de la part des institutions.
Sur ce point, 52,9 % des sondés déclarent ne percevoir aucun effort des autorités pour améliorer le civisme, tandis que 45,2 % estiment que les actions mises en œuvre sont limitées ou inefficaces. Seule une infime minorité (1,9 %) juge l’action gouvernementale satisfaisante.
Urgence éducative et transformation sociétale
Face à ce constat, les recommandations implicites du rapport appellent à une mobilisation transversale. Il ne s’agit pas seulement d’améliorer les infrastructures en vue de 2030, mais d’opérer un changement culturel profond, en agissant dès l’enfance, dans les écoles, au sein des familles, et à travers les médias. L’éducation au civisme, à la citoyenneté et au respect de l’autre ne peut plus être reléguée au second plan.
À cinq ans du plus grand événement footballistique mondial, le Maroc joue bien plus qu’un rôle de pays hôte : il joue sa crédibilité, son image, et sa capacité à aligner modernité des infrastructures avec maturité des comportements.












L'accueil

















