Entre divisions internes, identitarisme et souverainisme, avec un reflux industriel et un tassement culturel et même civilisationnel, la France doute.
Le roi Hassan II avait très singulièrement prévu tout cela, et il le disait dès 1993 à un de ses visiteurs, Philippe de Villiers. Dans une rencontre inédite entre les deux hommes cette année-là, le monarque « reprochait » au leader vendéen l’attitude typiquement française de tourner le dos à sa propre histoire : « Les Français ont perdu le fil.
Pour aimer un pays, il faut sentir qu’il a un passé. Ce n’est plus votre cas. Vous dépensez tant de temps à battre votre coulpe sur la poitrine de vos pauvres ancêtres ». Et encore, ce n’était que le début d’une lente descente vers l’abîme de la division ; trente années plus tard, la France devait avoir un président qui, de l’ « en même temps » au « quoi qu’il en coûte », a plongé ce grand pays dans les affres du désordre et du doute et dans l’enfer de la banqueroute.
Et Hassan II, toujours à M. de Villiers :
Même pas cordialement. Et quand Hassan II parle de cette « France dont nous avons besoin », c’est en référence au passé philosophique, littéraire, scientifique… en un mot en référence au legs universel de la France. Qui n’est plus ce qu’elle fut, une vieille dame aussi belle que sage qui veut absolument devenir cette Marianne jeune et élancée.
Hassan II pensait que la France dissolvait son identité à travers l’intégration européenne : « Ce traité [de Maastricht] va déclasser la France et perdre l’Europe ». Et d’expliquer que « le centre de gravité de l’Europe va sa déplacer vers le monde anglo-saxon et, finalement, vers l’Amérique. Vous voyez bien aujourd’hui comme la francophonie s’éteint à petit feu ».
Le défunt roi décrivait en 1993 la France et l’Europe d’un tiers de siècle plus tard ; l’actualité d’aujourd’hui confirme bruyamment ses prophéties, avec ce mépris affiché de l’Amérique de Donald Trump et de JD Vance pour une Europe égarée et hagarde qui ne voit son salut que dans une Amérique qui la méprise pourtant si ouvertement.
« Vous avez perdu toutes les boussoles de la géographie, de l’Histoire et de la famille, vous avez exilé la sagesse, vous avez aboli la gratitude, donc l’espoir. Je ne vous envie pas ». Terrible constat, rude conclusion, la charge est lourde ; Hassan II aimait la France, sincèrement, mais il était lucide et voyait venir la situation qui est aujourd’hui celle de ce pays ami et très proche du Maroc.
« Les problèmes de votre pays vient du fait que vous n’enseignez plus l’histoire », lance Hassan II à un Jean-Marie Le Pen, ravi d’entendre louer la grande histoire de France.
Et comme l’avait prophétisé le roi défunt, la dilution de la civilisation française (parce que c’est une civilisation) dans l’Union européenne, à Maastricht puis à Lisbonne, a entraîné le déclin de ce pays.
Que s’est-il donc passé en France pour qu’elle en soit réduite à ces discours de rejet, voire de haine, où tous luttent contre tous, où chacun se méfie de l’autre, où la population doute, cultivant la nostalgie de ce qu’elle fut, redoutant l’avenir et subissant un déclassement de plus en plus irrésistible ? Avec ce qu’ils appellent « le grand remplacement », en réveillant les démons du pétainisme et par le démantèlement de la famille, on peut avoir un début de réponse…
Mais la France n’est jamais aussi belle que quand elle se rebelle et ce pays a ceci de beau et bien qu’il ne dégage ses effluves que dans les grandes périodes d’incertitude.
PAR AZIZ BOUCETTA/PANORAPOST.MA












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