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Des défis majeurs pour l'autonomisation économique des femmes


Rédigé par le Jeudi 25 Avril 2024

Une action immédiate est nécessaire ! L'implication des femmes dans l'économie est en déclin : elle s'élevait à 19,8% en 2022, contre 22,6% en 2020. Pour inverser cette tendance inquiétante, divers acteurs se mobilisent, et plusieurs plans sont élaborés, dont le plan gouvernemental pour l'égalité 2023-2026. Faisons le point sur cette initiative cruciale.



La situation est préoccupante... Le taux d'activité des femmes au Maroc ne cesse de chuter. Selon les statistiques du Haut-Commissariat au Plan (HCP), il est descendu à 19,8% en 2022, enregistrant une baisse cumulative d'environ 30% entre 2004 et 2022.

Quant au pourcentage de femmes entrepreneures, il ne dépasse guère les 12,8%. Le Maroc se classe ainsi à la 139ème place sur 146 pays en ce qui concerne la "participation et les opportunités économiques" dans le classement du "Global Gender Gap Report, 2022".

Cependant, comme le souligne la Banque mondiale dans son rapport de suivi économique au Maroc à l'automne 2023, l'intégration des femmes sur le marché du travail pourrait être un puissant moteur de développement socio-économique.

En effet, atteindre les objectifs du Nouveau Modèle de Développement (NMD), à savoir une participation des femmes sur le marché du travail de 45%, pourrait stimuler la croissance d'environ un point par an.

L'amélioration des droits des femmes est une priorité depuis plus de 20 ans au Maroc, en accord avec la vision royale. L'autonomisation économique des femmes est l'une des principales préoccupations du gouvernement actuel, qui reconnaît la valeur ajoutée que représente la participation des femmes au développement du pays.

Pour lutter contre la faiblesse et le déclin de leur participation économique, plusieurs mesures, incitations et programmes ont été mis en place. Parmi eux, le plan gouvernemental pour l'égalité 2023-2026 (PGEIII), lancé en mars 2023, se distingue particulièrement. Ce plan vise à concrétiser les orientations et les engagements du programme gouvernemental 2021-26 sur l'égalité, la lutte contre les violences et les discriminations basées sur le genre, fixant à 30% le taux d'activité des femmes d'ici 2026.

Le PGEIII est porté par la Commission Nationale pour l'Égalité entre les Sexes et l'Autonomisation de la Femme (CNESAF), présidée par le Chef du Gouvernement Aziz Akhannouch. Mis en place par le décret 2.22.194 du 20 juin 2022, ce Comité inclut non seulement les départements ministériels et les institutions nationales, mais aussi le secteur privé, les représentants des associations régionales, des préfectures et provinces, ainsi que de la société civile.

Le PGE III en 288 mesures

La direction du PGEIII est claire : stopper le déclin du taux d'activité des femmes et inverser cette tendance d'ici 2026.

Élaboré par le Ministère de la Solidarité, de l'Insertion sociale et de la Famille (MSISEF), en consultation avec toutes les parties prenantes et aligné sur les recommandations du Nouveau Modèle De Développement (NMD), ce plan stratégique se concentre sur trois axes principaux : "Autonomisation et Leadership", "Protection et Bien-être" concernant la prévention et la protection ainsi que la création d'un environnement sécurisé pour les femmes, et "Droits et Valeurs" visant à promouvoir les droits et à lutter contre les discriminations et les stéréotypes. Chaque axe est décliné en différentes mesures, au total 288 (129 pour le programme 1, 83 pour le 2 et 76 pour le 3).

Parmi les mesures phares, on peut citer le soutien à l'éducation, à la formation professionnelle et à l'enseignement supérieur des jeunes, avec la digitalisation de l'infrastructure de 400 centres en 2023, l'objectif étant d'atteindre 500 centres en 2024.

Les femmes peuvent ainsi accéder gratuitement à des plateformes de formation en ligne grâce à des tablettes fournies par le ministère, ce qui permet une formation à distance même dans les zones les plus éloignées. D'autres mesures visent à intégrer le genre dans divers programmes gouvernementaux de promotion de l'emploi, en renforçant l'employabilité et l'activité des femmes dans différents secteurs.

Le PGEIII accorde également une attention particulière aux femmes rurales et précaires, en leur offrant un soutien en termes de formation qualifiante, d'insertion professionnelle et de protection sociale. Par ailleurs, le plan vise à promouvoir un environnement propice à l'autonomisation des femmes, notamment à travers la mise en place de crèches sociales en collaboration avec la société civile et les collectivités territoriales, ainsi que la mise en œuvre de services d'aide aux familles.

En parallèle au PGEIII, plusieurs programmes sont déployés pour répondre aux besoins économiques des femmes, notamment la Stratégie GISSR (Green Inclusive Smart Social Regeneration) pour un développement social inclusif, innovant et durable pour la période 2022-2026. À travers ce programme, 84 000 femmes ont été accompagnées dans la création de leurs activités économiques.

Entre craintes et espoirs

Le PGE III semble souffrir d'une surcharge en termes d'acteurs, de mesures et de cibles à atteindre dans un laps de temps restreint, en plus des défis d'exécution sur le terrain. Comme souvent avec les plans au Maroc, les bonnes intentions sont présentes, mais l'autonomisation des femmes est souvent réduite à une simple augmentation du taux d'activité, ce qui est une vision économique étroite. Pour aborder de manière plus globale le problème du chômage, des mesures économiques plus diversifiées sont nécessaires.

La feuille de route du PGE III, bien que claire et complète, semble avoir été restructurée et étoffée pour être plus efficace. Il est essentiel de miser sur l'autonomisation et la participation des femmes au développement du Royaume. La formation et l'éducation occupent une place importante pour réduire les disparités de genre, notamment en renforçant les compétences transversales.

Une attention particulière doit être portée à la transition vers une économie formelle, étant donné que les deux tiers des femmes actives au Maroc travaillent dans le secteur informel. Des initiatives telles que Força et Gissr atamkine wariada sont essentielles pour créer des opportunités entrepreneuriales pour les femmes.

Il est urgent de sensibiliser davantage à l'égalité des responsabilités familiales et de mettre en place des solutions alternatives pour la garde d'enfants et les transports, tout en garantissant une écoute attentive aux femmes qui ont tant à exprimer. La mise en œuvre du plan nécessite une implication sans faille de la société civile.

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Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 25 Avril 2024

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