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Digital X.0 et Dirham Digital : les deux piliers d’une souveraineté numérique marocaine


Par Dr Az-Eddine Bennani

En ouverture des « Nuits de la Finance », la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Pr Amal El Fallah Seghrouchni, a dévoilé la vision stratégique de la future loi-cadre « Digital X.0 ». Ce texte fondateur, actuellement au Secrétariat général du gouvernement, n’est pas une loi de plus : il constitue l’acte II de la souveraineté numérique marocaine.

Au-delà d’une loi : une architecture de souveraineté.

Digital X.0 va bien au-delà d’un dispositif juridique. Elle pose les bases d’un écosystème intégré où la donnée, l’identité et la confiance deviennent des infrastructures nationales, au même titre que l’électricité ou l’eau. Le texte énonce les principes de gouvernance de la donnée, définit l’usage des algorithmes et articule son cadre avec la loi 09-08 sur la protection des données personnelles.

Deux innovations structurantes s’en dégagent : l’identité numérique à identifiants sectoriels, qui limite l’accès de chaque acteur (banque, santé, assurance…) aux seules données nécessaires, protégeant la vie privée sans bloquer l’efficacité ; et l’interopérabilité sous consentement traçable, qui permet à l’usager de contrôler à tout moment la circulation de ses données, grâce à des connexions partielles et sécurisées entre administrations et acteurs privés.

Ce changement de paradigme n’est pas uniquement technique : il transforme la relation entre citoyen, État et entreprise. Le Maroc passe d’une logique de contrôle à une logique de confiance, fondée sur la transparence et la responsabilité numérique.



Le Dirham Digital, chaînon manquant du dispositif

Mais une question essentielle émerge : où se situe le Dirham Digital dans cette vision ? Si Digital X.0 encadre les flux d’information et de consentement, il ne traite pas encore les flux de valeur. Or, dans l’économie numérique, la donnée, l’identité et la monnaie forment un triptyque indissociable. Sans intégration du Dirham Digital, la future monnaie numérique nationale à laquelle travaille Bank Al-Maghrib, le citoyen disposera certes d’une identité numérique souveraine, mais continuera de dépendre de circuits de paiement externes ou fragmentés.

Ce désalignement crée un risque systémique : une souveraineté informationnelle sans souveraineté transactionnelle demeure incomplète. La loi-cadre Digital X.0 doit donc être pensée comme la première brique d’un ensemble plus vaste : Digital X.0 pour la gouvernance, le Dirham Digital pour la souveraineté monétaire, et IA Maroc 2030 pour la performance et l’innovation. Ce triptyque redessine la constitution numérique du Maroc. Il articule régulation, innovation et souveraineté dans une même logique systémique.

Une vision frugale, inclusive et souveraine

Le discours de la ministre s’inscrit dans une démarche lucide : frugalité technologique, contextualisation et inclusion. Le Maroc ne cherche pas à reproduire les modèles géants de l’IA mondiale, mais à bâtir des modèles réduits, ouverts et adaptés, à partir de données de qualité et de langues locales (arabe, amazighe, africaines).

Le partenariat stratégique avec Mistral AI en témoigne : ouverture du code, implantation de laboratoires R&D à Rabat et Casablanca, et ancrage du multilinguisme comme levier de souveraineté cognitive. Sur le plan physique, la trajectoire est claire : data centers souverains (Dakhla, Ben Guérir, Rabat), cloud national, GPU mutualisés et objectif de 70 % d’énergie renouvelable à Dakhla. Sur le plan humain, le programme Jazari incarne la co-création d’une IA nationale : instituts de recherche appliquée, consortiums publics-privés, et 550 doctorats en IA et cybersécurité pour alimenter la future économie de la donnée.

La cohérence du modèle marocain :

La vision portée par Amal El Fallah Seghrouchni s’inscrit dans une logique d’alignement systémique : chaque brique du dispositif (juridique, technique, économique, éducatif) doit renforcer les autres. Mais pour que l’édifice tienne, il faut y adosser la dimension monétaire.

Le Dirham Digital n’est pas un simple outil de paiement : c’est le liant de confiance entre citoyens, institutions et marché. Il permettra de sécuriser les transactions, d’accélérer les paiements publics, de fluidifier les chaînes de valeur et de soutenir les nouveaux usages de l’IA dans la finance, l’assurance, la santé et l’administration.

Vers une constitution numérique marocaine

Digital X.0 ouvre une ère nouvelle. Elle transforme la régulation en architecture, la technologie en infrastructure et la donnée en bien public. Mais son plein potentiel ne sera atteint que si elle s’articule avec une monnaie numérique souveraine et une stratégie d’IA contextualisée.

C’est cette cohérence qui fera du Maroc non pas un simple utilisateur de technologies globales, mais un architecte de sa propre modernité. En reliant la donnée, l’identité et la valeur dans une même gouvernance, le Royaume trace la voie d’une véritable constitution numérique marocaine, où la confiance devient le moteur du progrès.

Par Dr Az-Eddine Bennani



Lundi 3 Novembre 2025

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