Par Mustapha Sehimi - Professeur de droit (UMV Rabat), Politologue
Sur le papier et conformément à la Charte de la majorité signée en décembre 2021, ce cabinet a malgré tout tenu bon. Il n'y a pas eu de crises, les principes fixés au départ ayant été globalement respectés : cohésion et solidarité, respect des engagements électoraux, concertation régulière et communication coordonnée. Cette charte n'a pas de valeur juridique contraignante mais politique et éthique. Pour autant, en différentes circonstances, l'on a pu voir des mécontentements, des "états d'âme" notamment dans les rangs des groupes parlementaires sans que cela dépasse un seuil tolérable et gérable.
Logique de compétition
L'enjeu est là : surclasser les autres partis c'est également assurer la direction de l'exécutif. Qu'en est-il aujourd'hui ? Il est connu que l'actuel Chef de l'exécutif se dépense sans compter pour obtenir remporter de nouveau le prochain scrutin et se voir reconduit pour la nouvelle législature allant jusqu'à 2031. Dans ce schéma, ce serait inédit dans la pratique institutionnelle du Nouveau Règne.
Faut-il rappeler en effet qu'aucun chef d'exécutif n'a été reconduit durant le quart de siècle écoulé, le Souverain veillant sans doute à ne pas se voir imposer par avance un profil, et ce durant dix ans. Il y a bien eu la nomination de Benkirane au lendemain des élections d'octobre 2016 mais elle n'a pas finalement été actée après six mois d'expédition d'affaires courantes. Ce qui laisse la porte ouverte à toutes les scénarii.
Quant aux deux alliés du RNI, chacun d'entre eux présente des traits particuliers. Le PAM reste marqué par son discutable parcours historique passablement heurté et par une image perturbée notamment par tant d'affaires judiciaires. Sa responsable Fatima Zohra Mansouri, bénéficie-t-elle des qualités et des atouts suffisants pour se voir confier la direction du prochain exécutif quinquennal ? Le veut-elle en son for intérieur ? Avec à ses coté l’ambitieux Mohamed Mehdi Bensaid.
Et puis peut-on dire que dans un an, il y aurait une lame de fond générale au profit du parti du tracteur ? Quant à la formation istiqlalienne, elle a rebondi en septembre 2021 avec 81 sièges de députés en augmentation de 35 par rapport à 2016. Son responsable, Nizar Baraka, compte mobiliser davantage les siens dès janvier prochain pour espérer remporter la mise électorale.
Comptables du bilan
Les deux autres partis se situeront probablement dans un autre registre : celui des inégalités sociales et territoriales encore persistantes et qui se sont même accentuées et ce dans le droit fil du discours royal de la Fête du Trône du 29 juillet dernier. Comment les électeurs vont-ils recevoir les programmes de chacun de ces trois partis ? Quelle crédibilité vont-ils leur accorder alors que le corps électoral pâtit d'une démobilisation conjuguée à une défiance à l'endroit des formations politiques.
Un sursaut -ou à tout le moins un frémissement - est-il envisageable hors de ce périmètre de la majorité sortante ? L'USFP se repositionne on le sait, pour se faire une place dans la prochaine majorité ; son refus de signer une motion de censure qu'elle avait pourtant initiée en octobre 2023 traduit bien cet état d'esprit de même qu'un quatrième mandat pour son responsable Driss Lachgar au prochain congrès d'octobre. Les autres formations sont en "mode veille", sans grand espoir de sortir d'un enclos supplétif. Pas de quoi remonter le moral des électeurs, non ?












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