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En attendant le grand reset …


Par Rachid Boufous

L’affaire de l’Hôpital Hassan II à Agadir est grave à plus d’un titre. Huit femmes enceintes y sont mortes, en une semaine, ce qui a poussé la population de la ville à faire le siège de l’établissement, protestant contre les très mauvaises conditions de soins qui y sont prodigués depuis plusieurs années.

Les forces de l’ordre sont intervenues et de terribles images de matraquages ont montré un visage peu reluisant de notre pays, reprises dans tous les médias internationaux. Une honte innommable dans un hôpital situé dans une grande ville, dont le maire, n’est autre que le chef du gouvernement Aziz Akhennouch…



Le Ministre de la santé, s’est rendu en urgence sur place.

D’ailleurs personne ne connaît le nom ce ministre nouvellement nommé. Apparement il officiait jusqu’à sa nomination, comme haut cadre dans l’entreprise de maquillage de la femme du chef du gouvernement, ce qui est aux yeux de celui-ci assez suffisant pour le nommé à un poste aussi sensible au Maroc : la gestion du secteur stratégique de la santé.

Toujours est-il que ce ministre a réalisé des miracles en très peu de temps, ce que n’ont pas fait ses prédécesseurs, El Ouardi et Ait Taleb, dont les négligences actuelles, qui sont graves, doivent leur être imputées et non pas au nouveau ministre, novice en la matière, et nouvellement arrivé...

- Premier miracle : après plus d’une semaine de protestations, a enfin daigné venir remettre de l’ordre dans ledit hôpital, mettant fin aux contrats les sociétés de gardiennage et nettoyage et licenciant qu’une tapée de responsables locaux de la santé dont le directeur de l’établissement (qui n’existait tout bonnement pas, vu que le poste était vacant depuis un moment), la directrice régionale de la santé, etc…
 
- Second miracle : un second scanner flambant neuf a été acheté pour remplacer l’ancien défectueux depuis plusieurs mois et livré, Ô miracle !!, le jour de la visite du ministre à l’hôpital d’agadi…
 
- Troisième Miracle : les médicaments et les consommables, jadis introuvables à l’hôpital, sont de nouveau en abondance à la pharmacie et le service de biologie s’est aussi remis à travailler après une activité en berne…
 
- Quatrième miracle : l’absentéisme des cadres de santé qui était de notoriété à l’hôpital, va dorénavant disparaître, selon les dires du ministre, et les fautifs poursuivis en conseil de discipline…
 
- Cinquième Miracle : des commissions nombreuses et centrales, veilleront à tout remettre en ordre dans l’hôpital d’ici la fin septembre…
 
- Sixième miracle : une enveloppe de 20 milliards de centimes est allouée à la rénovation et à l’agrandissement de l’hôpital…

Cela prouve que les miracles auraient pu être de simples mesures activées en temps normal et non suite à une véritable jacquerie populaire…!!!

Pourquoi en est-on arrivé là ? Personne ne sait. Qui va rendre la vie à huit femmes enceintes mortes par trop de négligences ? Personne ne sait. Qui sera poursuivi pour ces négligences ? Personne ne sait.

Quand on ferme les yeux sur les « ménages » faits par les médecins fonctionnaires dans le privé, délaissant les hôpitaux publics, où ils sont censés travailler, quand on ferme les yeux sur la corruption du petit personnel médical dans les hôpitaux, quand on ferme les yeux sur les gabegies et le non entretien du matériel médical, quand on ferme les yeux sur les conditions de travail infernales et peu rémunérées des médecins dans les hôpitaux, quand on ferme les yeux sur les conditions honteuses de promotion, d’internat et de résidanat à l’hôpital, quand on ferme les yeux sur les conditions d’hygiène lamentables dans les hôpitaux, quand on ferme les yeux sur tant de carences, de faiblesses, de laisser-allers, de prévarications et de corruptions, les citoyens marocains ne veulent plus aller à l’hôpital, synonyme de mort certaine par négligence…

Ce qui s’est passé à Agadir, se passe tous les jours dans tous les hôpitaux publics des villes du Maroc, sans exception.

On ne parle même pas des hôpitaux de zones rurales ou dans les dispensaires publics.
On ne s’étonne plus que les jeunes médecins, ne veuillent plus travailler au Maroc et fuient vers les pays européens, où ils font le bonheur des services d’urgences et pallient aux déserts médicaux. Mais au moins dans ces pays, ils auront du matériel pour travailler, un statut respectable, des conditions de vies meilleures et des couvertures sociales qui en valent la peine.
 
Leur pays d’origine ne sait pas les retenir, leur octroyant des salaires de misère pour plusieurs années d’études et de services, préférant investir dans de grandes structures hospitalières, sans trop s’occuper du facteur humain, des conditions de travail, de la juste rémunération des acteurs médicaux.
 
Même si nous construisons le plus beau des hôpitaux au monde, la corruption et la gabegie finiront par le rattraper.

C’est un mindset général à changer…
 
L’échec de la gestion du domaine de la santé, renvoie à l’échec de tous les gouvernements marocains depuis la libéralisation du secteur, il y’a une quarantaine d’années avec l’instauration du fameux TPA ou « temps plein aménagé » et la prolifération des cliniques, qui ont puisé dans le personnel médical du public, pour faire tourner leur commerce.

Aujourd’hui, Aziz Akhennouch est mis devant ses responsabilités en tant que chef du gouvernement et de maire de la ville d’Agadir.

Que va-t-il faire, lui qui pérorait il y’a quelques jours à la télévision, que tout allait bien et que tous les secteurs, y compris celui de la santé, se portaient comme un charme ? Il va certainement faire le dos rond et attendre que la tempête passe.
 
La responsabilité de l’état du secteur de la santé est imputable aux deux ex-ministres-médecins qui ont occupé ce poste depuis 2011 : El Ouardi et Ait Taleb ainsi que leurs prédécesseurs ainsi qu’aux chefs du gouvernement du PJD Venkirane et Othmani lui-même médecin.

Mais pour tous ces politiciens, il n’y aura pas non plus de reddition des comptes sur une gestion calamiteuse du secteur de la santé, qui nous a fait atteindre la situation dramatique actuelle.

Mais comme personne ne semble être ni responsable ni coupable, de tant de négligences, dans tous les secteurs en défaillance au Maroc, il est plus qu’urgent d’opérer un « GRAND RESET » et remettre à zéro tous les paramètres de gouvernance.
 
Et s’il faut mettre la démocratie actuelle en veilleuse, le temps d’arranger les choses, il ne faut pas hésiter à le faire. La constitution le permet.

En 1965, l’état d’exception avait été instauré durant 5 années, car le pays face aux problèmes politiques et de compétence, devenait ingouvernable. Cela a permis de lancer de grand projets structurants notamment en matière d’irrigation, de réforme agraire, de santé publique, d’industrie et d’économie. Les hôpitaux public d’avant l’instauration du TPA étaient excellents et je le souviens encore de l’hôpital Avicennes, à la fin des années 70, où je fus admis durant de longs mois, comme un grand hôpital performant à tous les niveaux…

On ne peut plus continuer ainsi avec une classe politique incapable de gouverner, car manquant de réelle compétences, de vision claire et surtout, de volonté ferme et irrévocable de réformer le pays en profondeur. Autant opter pour un grand reset …

PAR RACHID BOUFOUS

 



Jeudi 18 Septembre 2025

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