Du 14 au 18 mai, Essaouira ne sera pas seulement la ville du vent et des gnawas, mais aussi celle des pinceaux affûtés. Pour sa 3ᵉ édition, le Traitillisme – ce mouvement pictural 100% marocain, pose ses chevalets à Borj Bab Marrakech, transformant la cité en atelier à ciel ouvert. Fondé en 2018 par Afif Bennani, le Traitillisme est un art de la fragmentation poétique : chaque œuvre est composée d’une multitude de petits traits, comme autant de souvenirs qu’on recolle patiemment, pour raconter le Maroc autrement.

Loin des tendances mondiales qui surfent sur l’abstrait rapide ou le buzz sur toile, ce courant invite à ralentir, à voir dans le détail, ressentir dans le geste. Et à Essaouira, où l’air transporte déjà des notes d’oud et des effluves de sardines grillées, cette immersion promet d’être sensorielle, symbolique et sacrément stylée.

Le Traitillisme ou l’art de sublimer l’héritage par la répétition

À la croisée de l’art plastique et de la méditation visuelle, le Traitillisme se joue des contours pour mieux révéler l’essence. Sur les murs de Borj Bab Marrakech, 55 œuvres, signées par 32 artistes marocains (dont 6 Souiris) et quelques invités étrangers, offriront un voyage chromatique entre tapis berbères, zellige, médinas effacées et souvenirs d’enfance.

Mercredi 14 mai à 17h, cap sur Borj Bab Marrakech pour le vernissage en grande pompe de l’exposition. L’événement rassemblera artistes, figures locales, amoureux de l’art et curieux de tous horizons, dans une ambiance aussi élégante qu’inspirée.

Le programme enchaîne ensuite avec deux rendez-vous à Beit Dakira, haut lieu de la mémoire souirie et des échanges culturels. Jeudi 15 mai à 17h, l’artiste Mina Mghari nous plongera dans une conférence immersive baptisée "Immersion dans les couleurs de Mogador". Un vrai bain de nuances et d’histoires locales.

Le lendemain, vendredi 16 mai à 17h, le fondateur du Traitillisme, Afif Bennani, prendra le micro pour une intervention au titre intrigant : "Les conséquences de l’invention de la photographie sur la peinture." Un sujet qui promet de secouer quelques certitudes et d’ouvrir le débat entre tradition et modernité.

À travers cette édition ambitieuse, Essaouira continue de tracer sa voie en tant que scène artistique à part entière, au croisement des héritages pluriels et de la création contemporaine. Un trait d’union vivant entre le passé, le présent... et le coup de pinceau de demain.