Le coût élevé du non-Maghreb.
La période longue d’hivernation de l’UMA et sa mise en sommeil sont largement suffisantes pour montrer les limites d’une telle orientation. Le coût du non Maghreb a été lourdement payé par l’ensemble des pays en termes de croissance et de prospérité pour les peuples de la région.
Dans son rapport sur l’intégration économique au Maghreb, la Banque Mondiale a estimé qu’une intégration plus poussée, comprenant la libération des services et la réforme des règles d’investissement, auraient augmenté le PIB réel par habitant entre 2005 et 2015 de 34% pour l’Algérie, 27% pour le Maroc et 24% pour la Tunisie.
Ces données corroborent avec celles de la Banque Africaine de développement qui estime que le non Maghreb engendre une perte de croissance de 1 à 3% du PIB chaque année ! Qui dit manque de croissance, dit ipso facto plus de chômage, plus de marginalisation sociale et de pauvreté, fuite de compétences par manque d’opportunités ….
Si certains pays du Maghreb ont accompli des progrès substantiels sur le front des échanges, la région dans son ensemble reste l’une des moins intégrées du monde.
Les échanges intrarégionaux représentent moins de 5 % du total des échanges des pays qui la composent, soit un pourcentage nettement inférieur à celui observé dans tous les autres blocs commerciaux régionaux du monde.
Le résultat est là. Les chiffres sont parlants. Bien que les pays du Maghreb disposent de richesses naturelles considérables et de compétences humaines non négligeables, ils n’arrivent pas à décoller. Ils restent pour le meilleur des cas dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire.
Le poids actuel des cinq pays ne pèse pas lourd par rapport aux grandes puissances. Si le Maghreb Arabe s’étend sur une superficie importante de 6 millions de KM2, soit 4% de la superficie du Globe, il ne représente que 0,13% de la population mondiale (106 millions sur 8 milliards).
Aussi, avec un PIB de 540 MM $, il représente à peine 0,5% de la richesse mondiale. En outre, le PIB moyen par habitant varie dans les cinq pays maghrébins entre 6318 $ et 2205$.
La moyenne maghrébine est de 5100 $ par habitant contre une moyenne mondiale de 17695 $, soit un écart de 1à 2,7 ! L’écart est de 1à 8 par rapport à l’Europe des 27 et de 1 à 17,3 par rapport aux Etats-Unis.
Un fossé semblable s’observe en matière d’indicateurs sociaux et de développement humain. (Chiffres 2024).
Ces données plaident pour l’intégration maghrébine seule à même de créer des synergies et de dégager des complémentarités afin de se hisser à un niveau de développement supérieur et améliorer leur intégration dans la chaine de valeurs mondiales.
Cela renforcerait aussi la résilience du Maghreb face aux chocs exogènes et à la volatilité des marchés.
Il est temps d’agir.
Il s’agit dans un premier temps de créer les conditions idoines pour une réflexion collective féconde à l’avenir.
Mais d’ores et déjà, on peut affirmer que cette rencontre a atteint ses objectifs dans la mesure où tous les participants ont exprimé clairement que la situation actuelle que traverse le Maghreb ne devrait pas trop durer et qu’il est temps d’agir.
Bien sûr, c’est une tâche qui ne dépend pas d’un groupe de penseurs forcément limité en nombre. Un appel sincère est lancé à tous les acteurs, et en premier lieu aux gouvernements, en vue d’agir et de répondre aux vœux des peuples unis par l’Histoire et la géographie.
D’ailleurs, l’idée du Maghreb Arabe est forgée dans la lutte commune et solidaire contre le colonialisme.
Rien ne nous empêche de poursuivre ce combat contre le sous-développement et la dépendance vis-à-vis des grandes puissances pour assurer notre « souveraineté collective ».
Le Groupe de travail créé à Nouakchott est déterminé à y contribuer en restant ouvert à toutes les bonnes volontés. Il ne prétend pas avoir le monopole de la réflexion. Au contraire, nous avons besoin de la multiplication de telles initiatives qui regrouperaient des acteurs des cinq pays.
Le Grand Maghreb doit être, on ne le dira jamais assez, une affaire des Etats et des peuples. C’est à cette condition qu’il retrouvera sa dynamique pour jouer le rôle qui devrait être le sien.
Les participants à la réunion de Nouakchott se sont posé beaucoup de questions. De bonnes questions.
D’autres questions ont été sciemment évitées en laissant au temps le temps !
Texte de la déclaration :
Le colloque s'est tenu dans un contexte historique crucial que traverse la région maghrébine, au milieu de défis majeurs : géopolitiques, économiques, culturels et cognitifs, ce qui souligne clairement l'urgence d’y faire face pour éviter une marginalisation extrêmement grave de la région, tant pour les États que pour les peuples.
Dans ce contexte, les participants ont convenu de ce qui suit :
1) Adopter le groupe de participants au séminaire de Nouakchott comme noyau du processus de relance générale en tant que groupe de travail et de leadership.
2) Élaborer un programme de travail réaliste, méthodique et prometteur pour le groupe. Par conséquent, le séminaire invite tous les participants à mettre à profit leurs connaissances et leurs expériences pour apporter des contributions pratiques à la conception de ce programme pour l’adopter au cours de la réunion prochaine.
3) Lancer un appel sincère à tous les acteurs maghrébins – gouvernements, élites intellectuelles, partis politiques, femmes, jeunes, hommes d'affaires, syndicats et toutes les organisations de la société civile – pour éveiller la conscience maghrébine et rappeler les points communs dans les cinq pays, en soutien au rêve de millions de Maghrébins à l’union et à l'intégration qui ne pourra se réaliser que par la conjugaison des forces et des efforts de tous.
4) Mandater l'Institut Mauritanien d'Études Stratégiques pour recevoir les contributions intellectuelles afin d'élaborer le programme susmentionné et de formuler le projet, ainsi que de déterminer le lieu et la date de la prochaine réunion du groupe.
À la fin de leurs travaux, les participants ont salué l'esprit de responsabilité, la profondeur de la fraternité, l'ouverture d'esprit et le respect sincère qui ont marqué toutes les réunions de cette session constitutive du groupe.
Enfin, les participants expriment leurs sincères remerciements à l'Institut Mauritanien d'Études Stratégiques, au Directeur Exécutif et aux membres de l'équipe pour l'accueil chaleureux, l'hospitalité généreuse et la qualité de l’organisation.
Par Abdeslam Seddiki












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