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Hennou Allali: La dame de fer qui s’est illustrée dans le monde de la médecine, de la politique et du travail associatif


Lorsqu’elle choisit la voie des études et de l’excellence académique, Dr Hennou Allali était parfaitement consciente des obstacles à surmonter et des défis à relever dans une société patriarcale qui réduit la femme à des fonctions domestiques et familiales.



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Par Jihane MORCHID

Née en 1942, l’originaire d’Oulmès (province de Khemisset) aux racines amazighes a fait montre d’une capacité unique à déjouer toutes les embûches dressées sur son chemin tout au long de sa vie. Cette réussite, elle la doit à la conjugaison de deux facteurs déterminants.

“Je dois toute ma réussite dans mon parcours scolaire, notamment mon diplôme en gynécologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Montpellier (France) en 1971, et mon baccalauréat obtenu à Rabat en 1961, au soutien inconditionnel de mon père, qui portait des idéaux ouverts sans discrimination aucune entre homme et femme, en particulier en matière d’accès à la scolarité et de mariage précoce”.

C’est avec ces mots serins que Hennou confie, dans un entretien avec la MAP, les secrets de son excellence académique au cours des années soixante et soixante-dix du siècle dernier, une période où voir une femme achever des études supérieures relevait de la fantasmagorie.

Dr Allali doit également son succès à un médecin français qui traitait sa mère dans un hôpital de Fès à l’époque, et dont
“les mots d’encouragement ont eu un effet marquant dans ce que j’ai réalisé par la suite, car il me répétait toujours d’étudier la médecine pour prendre sa place dans cet établissement hospitalier (…)”, raconte-elle.

Revenant sur sa carrière politique, marquée par des débuts à l’Union nationale des étudiants du Maroc, avant d’arriver au Comité central du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), dont elle rejoindra, plus tard, le conseil de la présidence, la fille d’Oulmès insiste sur la façon dont son passage par la France a façonné ce parcours.

“Je me suis retrouvée immergée, avec mes collègues, dans les tréfonds de la vie politique nationale et mondiale, d’autant plus que j’avais vécu auparavant la période d’exil de Feu SM Mohammed V à Madagascar en 1953 puis son retour glorieux signalant l’approche de l’indépendance en 1955”, se remémore-t-elle avec fierté, notant que “cette riche période historique a été un facteur décisif dans mon adhésion à l’action politique”.

S’agissant de son action associative distinguée, en particulier dans le domaine de la promotion de la scolarisation des jeunes filles en milieu rural, Dr Allali, qui occupe actuellement un poste de membre du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), explique que son expérience personnelle a été le point de départ de son militantisme en faveur de cette cause.
“Dès que mes responsabilités familiales ont pris fin, après que mes six enfants ont terminé leurs études et que j’eus quitté la fonction publique, mon envie de me consacrer exclusivement à la lutte contre l’abandon scolaire chez les filles rurales remplissait toutes mes ambitions et aspirations existentielles”, confie-t-elle.

C’est ainsi que la militante a fondé en 2006 l’Association Illy qui a commencé à mettre en œuvre ses initiatives en faveur de la région d’Oulmès en 2010, et ce grâce à un soutien de l’Initiative nationale des droits de l’Homme (INDH) et de certains secteurs gouvernementaux, avec en premier lieu les ministères de l’Intérieur, de la Famille, de la Solidarité et du Développement social, sans oublier les contributions de divers bénévoles et philanthropes.

Dr Allali souligne que depuis la création de l’association, qui est dotée d’une capacité d’accueil de 66 jeunes filles âgées entre 7 et 12 ans, cette dernière s’est basée sur les critères de “pauvreté” et d”‘éloignement” dans la réception des dossiers qui lui sont soumis, faisant observer que la fonction principale de l’association est d’encadrer et d’accompagner les filles bénéficiaires.
“L’Association a commencé à porter les fruits de son action depuis plusieurs années, puisque nos filles obtiennent les meilleures moyennes dans les écoles et collèges de la région (…)”, fait-elle remarquer.

Malgré son adhésion précoce à la vie politique nationale, cette grande dame n’a jamais été tentée par les postes de grande responsabilité ni les centres de décision. Pour elle, “il n’est pas essentiel d’être ministre, directrice générale ou autre pour servir le pays qui m’est cher en général et les causes féministes en particulier (…). Je suis convaincue de l’approche que j’ai fais mienne dès le début, à savoir d’œuvrer en profondeur à partir de l’arrière”.

Concernant la situation actuelle de la femme marocaine, Dr Allali estime que “le Maroc a réalisé des réformes significatives à ce niveau (…). La réforme du Code de la famille en 2004 est la plus marquante de ces réformes et constitue une véritable révolution”, poursuit-elle, soulignant “qu’il n’y aucun rapport entre la situation de la femme par le passé et celle d’aujourd’hui”.

Quand à l’avenir de la femme marocaine, “Mama Hennou”, comme beaucoup aiment à l’appeler affectueusement, soutient que “le moyen véritable à même relever et d’améliorer la condition de la gent féminine et de servir les intérêts de notre pays est de leur faciliter les meilleurs services dans les domaines de l’éducation et de la santé”, considérant qu'”une société ne peut progresser dans un contexte de hausse d’analphabétisme dans les rangs des jeunes filles et de leur accès limité aux services de santé dans le monde rural et les régions enclavées”.

Rédigé par Jihane Morchid sur MAP 



Jeudi 15 Septembre 2022


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