Par Dr Az-Eddine Bennani
Depuis quelques mois, plusieurs éditeurs, parmi lesquels Microsoft, publient des résultats spectaculaires sur leurs systèmes d’intelligence artificielle appliqués à la santé. Ainsi, l’IA MAI-DxO aurait atteint jusqu’à 85 % de précision diagnostique sur des cas médicaux complexes, contre environ 20 % pour un panel de médecins. Présentés de manière brute, ces chiffres donnent l’illusion que la machine surpasse l’humain, et alimentent une rhétorique selon laquelle l’IA pourrait remplacer le médecin.
Mais ces comparaisons, si séduisantes médiatiquement, sont trompeuses à plusieurs titres. Les médecins testés n’avaient pas accès à leurs conditions réelles de travail : pas de dossier médical complet, pas d’outils numériques, pas de collègues pour confronter leur raisonnement, pas de temps pour suivre le patient. L’IA, elle, bénéficiait d’une orchestration parfaite de modèles sophistiqués, entraînés sur des millions de données. Autrement dit, ce duel était biaisé dès le départ.
Au-delà du protocole expérimental, il faut rappeler une vérité fondamentale : l’informatique, dont sont issus les systèmes experts et l’IA d’aujourd’hui, ne fait que du syntaxique et du calcul. Le mot computer signifie « calculer ». Même la plus avancée des IA ne comprend pas. Elle calcule des probabilités à partir de données existantes, selon des corrélations statistiques. Elle peut trouver des motifs invisibles à l’œil humain, mais elle ne lit pas la détresse d’un patient, ne décèle pas l’hésitation dans sa voix, n’entend pas l’histoire de sa vie qui éclaire son symptôme.
Nul ne nie les progrès de l’intelligence artificielle. Ils sont remarquables, notamment en imagerie médicale, en génomique, en pharmacologie. Ils permettent de gagner en rapidité, en exhaustivité, en aide à la décision. Mais ces avancées ont une limite infranchissable : l’humain. Jamais une machine ne remplacera l’intuition clinique d’un médecin, forgée par l’expérience, ni sa capacité à contextualiser un diagnostic dans une histoire singulière.
Réduire la médecine à une compétition de pourcentages, c’est nier son essence. Le médecin n’est pas seulement un technicien du corps : il est un accompagnant, un gardien de confiance, un interprète du vécu. L’IA, aussi performante soit-elle, doit rester un outil au service du médecin et du patient, et non une tentation de substitution.
Aux médecins marocains, français et du monde entier, je dis ceci : ne laissez pas les éditeurs dévaluer votre métier. Ne laissez pas croire que la science informatique, aussi puissante soit-elle, puisse effacer des siècles de savoir clinique et humain. Votre rôle est noble, irremplaçable et restera essentiel à l’humanité.












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