Ce 11 septembre 2025, le Premier ministre albanais Edi Rama a surpris le monde entier en nommant Diella, une intelligence artificielle, au poste de ministre chargé des marchés publics. Une première mondiale, qui vient s’ajouter à une série de “premières fois” où les IA grignotent du terrain dans des fonctions réservées jusqu’ici aux humains.
 

Depuis une décennie, l’intelligence artificielle est passée de gadget technologique à acteur clé de la vie sociale et économique. Au début, on l’a connue comme assistante vocale : Siri, Alexa, Google Assistant. Présentes dans nos téléphones, elles répondaient à nos questions et réglaient nos alarmes. Puis sont apparus les agents conversationnels avancés : capables de rédiger, de traduire, de coder. Beaucoup d’entreprises les ont adoptés comme collaborateurs virtuels. En Asie, certaines IA ont même été juges d’appoint, analysant des milliers de dossiers pour aider à désengorger les tribunaux. Dans le privé, des IA sont déjà PDG ou membres de conseils d’administration, capables de prendre des décisions d’investissement plus rationnelles que les humains. Aujourd’hui, l’Albanie franchit un pas inédit : l’IA quitte le rôle de conseiller ou d’exécutant pour devenir ministre officiel.

En Albanie, la corruption dans les marchés publics mine la confiance et retarde les ambitions d’intégration européenne. Diella, déjà en fonction comme assistant virtuel pour les démarches administratives, a été promue pour piloter les appels d’offres publics. Son rôle : attribuer les contrats de manière automatique, “sans enveloppes ni petits arrangements”.
 

Le pari est clair : une IA ne négocie pas autour d’un café, ne connaît pas les clans politiques, et peut appliquer une transparence radicale. Mais ce choix soulève autant d’espoir que d’inquiétudes. Les experts juridiques rappellent que les IA n’ont pas de responsabilité morale ni pénale : si une décision est injuste ou biaisée, qui en assumera les conséquences ?
 

Avec Diella, l’Albanie vient d’ouvrir une porte symbolique : celle du gouvernement par algorithmes. De l’assistant vocal de poche au ministre des marchés publics, le chemin parcouru est fulgurant. Mais la vraie question, celle qui plane comme une provocation : jusqu’où ira cette délégation de pouvoir aux IA ? Après les ministères… osera-t-on un jour élire un président virtuel ?