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L’IA et les avatars numériques : recréer les défunts dans le monde virtuel


Rédigé par La rédaction le Mardi 18 Novembre 2025



L’IA au service du deuil : recréer les défunts en avatars numériques parlants

Dans un monde où l'intelligence artificielle (IA) occupe une place de plus en plus centrale, un phénomène en particulier est en train de redéfinir nos rapports avec la mort et le deuil. Des start-up innovantes viennent de lancer des outils permettant de recréer des proches décédés sous forme d'avatars numériques parlants. Une avancée technologique fascinante qui soulève de nombreuses questions éthiques, psychologiques et sociales. Ces avatars permettent à ceux qui restent de continuer à interagir avec les défunts, mais à quel prix ?

Une technologie de plus en plus accessible

Depuis quelques mois, une start-up appelée 2Wai a lancé un service permettant de créer des "HoloAvatars" à partir de simples vidéos, de fichiers audio et de textes. Il suffit de quelques minutes d'enregistrement d'une personne encore en vie ou récemment décédée pour que l'IA puisse créer un double numérique capable de parler et de répondre à des questions. En gros, cette technologie permet à des proches en deuil de converser avec un avatar qui imite la personne disparue.

Le processus est relativement simple : à partir de vidéos et d’enregistrements vocaux, l'IA apprend les traits de personnalité, le ton, et les tics de langage du défunt pour ensuite générer des réponses simulant sa manière de parler. Les utilisateurs peuvent alors dialoguer avec cette version numérique de leur bien-aimé comme s’il était encore vivant. Un rêve devenu réalité ? Pas si simple.

Une question de consentement et de respect

L'un des enjeux majeurs de cette technologie concerne le consentement. Dans le cas des avatars numériques de personnes décédées, la question de savoir si cette personne aurait voulu être "réanimée" sous forme virtuelle se pose inévitablement. Si les proches peuvent donner leur accord pour utiliser les images ou vidéos de la personne, qu’en est-il des informations laissées en ligne ? Les enregistrements vocaux, les vidéos familiales, les échanges de messages peuvent être utilisés sans aucune régulation stricte dans de nombreux pays. Cette absence de cadre juridique clair sur le consentement post-mortem est un point sensible.

De plus, l'exploitation commerciale de ces avatars soulève un autre problème. Offrir à des personnes en deuil la possibilité de continuer à "parler" à leurs défunts, moyennant des frais, peut sembler éthiquement douteux. Cela interroge sur la ligne fine entre réconfort émotionnel et marchandisation de la mort.

Un outil pour le deuil ou une illusion de vie ?

L’impact psychologique de ces avatars numériques est complexe. D’un côté, ils peuvent offrir un certain réconfort à ceux qui ont perdu un être cher, leur permettant de surmonter la douleur du deuil en prolongeant une forme de connexion avec le disparu. Pour des personnes isolées ou ayant du mal à accepter la perte, ces avatars peuvent fournir une forme de soutien émotionnel. L’avatar peut rappeler la voix et la présence de l’être aimé, même si ce n’est qu’une simulation.

Mais d'un autre côté, ce type de technologie soulève une question profonde : est-ce que l'on peut réellement "parler" aux morts ? Si les avatars sont capables de répondre à des questions, leurs réponses n’ont aucune profondeur réelle. Ils se contentent d’imiter ce qu’un défunt aurait dit, selon les données fournies. Rien dans cet avatar n’a l’essence de la personne vivante. Il s’agit d’une illusion numérique : une reproduction, certes sophistiquée, mais qui ne peut jamais remplacer la réalité de la personne disparue.

L’illusion d’un retour à la vie peut en fait être une forme de détournement du processus de deuil, un mécanisme qui empêche certains individus de lâcher prise et de faire face à la réalité de la perte. Ce type de technologie peut créer des attachements malsains à une version numérique de la personne, plutôt qu’au souvenir authentique de l'être aimé. Des psychologues mettent en garde contre le danger d'une dépendance émotionnelle excessive à ces avatars, qui peuvent devenir un obstacle à la guérison psychologique.

Les enjeux juridiques et éthiques

Les avatars numériques des défunts soulèvent également de nombreuses questions juridiques. Par exemple, qui possède les droits sur l’image et la voix d'une personne après sa mort ? Dans certains pays comme la France ou les États-Unis, des lois sur l'utilisation posthume de l'image existent, mais elles sont souvent insuffisantes pour encadrer la recréation numérique de personnes décédées. Il n'existe actuellement pas de loi internationale uniforme concernant les droits numériques des défunts, ce qui complique encore les choses.

En outre, les entreprises qui proposent ces services n'ont aucune obligation légale de garantir la protection des données personnelles. Les proches du défunt doivent-ils s’inquiéter du fait que leurs conversations avec un avatar numérique soient stockées, analysées, ou même utilisées à des fins commerciales sans leur consentement explicite ?

Il existe donc un manque de régulation dans ce secteur naissant, et cela crée un flou juridique qui pourrait engendrer des abus. La nécessité de légiférer sur ces questions devient donc cruciale.

Une tendance inquiétante ou une nouvelle forme de réconfort ?

La recréation des défunts en avatars numériques est un phénomène à surveiller de près. D'un côté, ces outils peuvent offrir un réconfort émotionnel dans un moment de perte et devenir une forme de mémoire vivante des proches disparus. Mais de l’autre, ils risquent de transformer la mort en un simple produit de consommation, créant des dépendances émotionnelles et ouvrant la voie à des abus commerciaux.

La question qui se pose est donc celle de l’équilibre entre la protection des émotions humaines, l’intimité des défunts, et le marché technologique qui semble prêt à tout pour répondre à la demande de ce genre de services.

L'IA offre des perspectives incroyables, mais dans ce domaine précis, elle pourrait aussi bien jouer un rôle bénéfique que nuisible. Il appartient à la société, aux régulateurs et aux créateurs de ces technologies de mettre en place des garde-fous afin de s’assurer que ces innovations restent respectueuses des personnes et de leurs proches.

Dans un avenir proche, le deuil numérique pourrait être un sujet clé de discussion, aussi important que la transformation des mémoires et la régulation des nouvelles technologies.

​Et au Maroc / dans le monde arabe ?

Même s’il n’y a pas encore (à notre connaissance) un service largement médiatisé dans le monde arabe spécifiquement pour ce type d’avatar de personne décédée, les enjeux seraient d’autant plus sensibles :

Dimension religieuse (mort, au‐delà, mémoire des morts) très forte.
Données personnelles/vidéos moins disponibles ou moins systématisées.
Régulation numérique moins mature.

Cela laisse une ouverture pour des entreprises régionales, mais aussi des questions de culture et d’éthique locale.

Ce type d’outil incarne une convergence fascinante de technologie, mémoire, émotion, commerce. Il ouvre des possibilités (souvenir prolongé, lien maintenu) mais aussi un terrain glissant. Avant d’embrasser l’avatar numérique d’un proche décédé, il faut jauger : consentement, réalité, impact psychologique, coûts, durabilité.





Mardi 18 Novembre 2025

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