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L’art de perdre une guerre


Rédigé par le Jeudi 23 Mai 2024



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Une guerre injuste, menée par une armée « high-tech » d’incompétents confrontée à des combattants sous-équipés mais déterminés, serait une manière assez pertinente de résumer le conflit armé dans la bande de Gaza.

200 jours de frappes israéliennes massives et meurtrières contre les Palestiniens de la bande de Gaza ont entraînés la mort de plus de 35.000 personnes, dont au moins 15.000 enfants, mais n’a permis d’éliminer que le tiers des combattants du Hamas, aussitôt remplacés par des milliers de nouvelles recrues.

Les systèmes d’intelligence artificielle auxquels l’armée israélienne a eu recours, « Lavender », « Gospel » et « Where’s Daddy » se sont avérés très efficaces pour massacrer des civils innocents, mais sans impact significatif sur les capacités de combat des unités paramilitaires de la résistance palestinienne.

Elles ont, au contraire, de manière indirecte, poussé les proches des victimes du massacre perpétré par l’armée israélienne, qui s’appuient sur l’IA pour dresser la liste des cibles, à rejoindre les rangs de la résistance.

Ce n’est, bien entendu, pas l’IA qui est en cause. En fin de compte, c’est juste un outil, aussi performant soit-il. L’embarras est plutôt du côté des stupides « stratèges » qui en font usage.

L’intelligence « naturelle »

En face, un certain Mohamed Deïf, commandant des Brigades Al Qassam, l’homme le plus recherché par Israël depuis 1995, amputé de ses deux jambes et d’un bras, conséquence du bombardement de sa maison qui a tué sa femme et sa fille en 2014, doté seulement de quelques notions de physique, de chimie et de biologie, est parvenu à faire passer les stratèges israéliens pour des clowns.

Il a non seulement planifié l’attaque du 7 octobre 2023, qui a pris de cours l’armée israélienne et réduit les dispositifs de haute technologie maintenant la bande de Gaza sous haute surveillance en de la vulgaire  camelote, mais aussi conçu les tactiques utilisés contre les unités militaires israéliennes qui se sont aventurées dans la bande de Gaza.

L’armée israélienne a, récemment, envoyé encore une fois ses soldats au Nord de Gaza, plus exactement à Jabalia, qu’elle prétendait avoir déjà « nettoyé » des combattants du Hamas. Ces derniers lui ont infligé suffisamment de pertes humaines et matérielles pour signifier à l’opinion publique israélienne que son armée l’a induite en erreur.

La « Chutzpah » n’est pas une « Maskirovka »

Induire en erreur son adversaire peut être très utile en temps de guerre. Les Russes en ont fait tout un art, qu’ils appellent la « Maskirovka ». Dans le cas des Israéliens, ce n’est pas plus que de la « Chutzpah » (insolence).

Les faux récits israéliens sur les bébés décapités et incinérés et les viols massifs lors de l’attaque du 7 octobre, une fois démystifiés, se sont retournés contre leurs auteurs. La crédibilité des autorités israéliennes a été, ainsi, réduite à néant, malgré les énormes moyens mis en œuvre en matière de propagande.

Avec de simples vidéos tournées sur le champ de bataille, montrant les combattants palestiniens tirant au lance-roquette ou au fusil de précision sur les chars et soldats israéliens, les « communicateurs » du Hamas ont fait un véritable tabac sur les réseaux sociaux.

Les images des enfants palestiniens morts ou mutilés, du fait des frappes aveugles de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, a achevé la structuration d’un narratif désignant distinctement les victimes et les bourreaux.

Jamais, depuis la guerre du Viêtnam, la police américaine n’est intervenue de manière aussi violente dans les campus universitaires pour réprimer les manifestants qui réclament la fin du génocide perpétré par Israël dans la bande de Gaza.

Les jeunes étudiants américains d’aujourd’hui seront les dirigeants politiques de demain. Ils ne sont pas prêts d’oublier qu’ils ont été agressés par des voyous pro-israéliens sur leurs propres campus, au vu et au su des agents de police, qui ne sont pas intervenus pour les protéger mais les ont aussi matraqués.

David vs Goliath

Toute la force du lobby sioniste aux Etats-Unis résidait dans son invisibilité, menant des actions d’influence subtiles, mais néanmoins très efficaces. Quiconque tentait de mettre en lumière l’emprise du lobby sioniste sur la scène politique américaine était assuré d’être qualifié de complotiste et de voir sa carrière brisée.

La soumission totale de la classe politique américaine aux intérêts d’Israël est, désormais, si flagrante que de plus en plus de citoyens américains ne craignent plus de se voir accolé l’étiquette infâmante d’antisémite et osent revendiquer ouvertement l’indépendance des Etats-Unis.

Les dirigeants américains peuvent toujours continuer à livrer des bombes anti-bunker de 900kgs à l’armée israélienne pour massacrer des civils palestiniens, mais ils savent pertinemment que le bombardement systématique du Nord-Viêtnam n’avais pas permis de gagner la guerre sur la péninsule indochinoise.

Comme le disait si bien Sun Tzu : « N'avancez pas en vous reposant exclusivement sur la puissance militaire ».

Aujourd’hui, David est philistin et Goliath, sioniste.





Ahmed Naji
Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 23 Mai 2024

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