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L’eau pas chère c’est fini !

Saluons d’emblée l’initiative de l’Association des ingénieurs de l’Ecole de Mohammedia qui, par le biais de son Club de développement durable a organisé une conférence débat, d’excellente facture sur « la gestion durable de l’eau, vers un modèle inno


Un thème qui est également décliné au 4 ieme congrès international GIRED3D gestion participative et intégrée des ressources en eau en zones arides à Laayoune. Des conférences, qui rappelons-le se tiennent à un moment idoine, à la veille de la COP28, la 28 ieme Conférence des parties sur le climat de l’ONU qui a décidé de « parler davantage de l’eau » qui débute le 30 novembre aux Emirats arabes unies et qui s’articule également sur les axes du programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027.



A lire ou à écouter en podcast :


Par Farida Moha

Moment idoine, mais également espace et lieu idoine, en l’occurrence l’Ecole Mohammedia des Ingénieurs qui comme l’a rappelé son Directeur a toujours été « à l’avant-garde de la recherche de l’innovation et de la formation des ingénieurs en hydrogéologie, hydraulique et Environnement et en interaction avec les entreprises, les organismes nationaux et internationaux grâce a une recherche appliquée de qualité et une expertise confirmée dans le domaine de l’eau ».

La nécessité de former le capital humain, d’améliorer la connaissance par les modèles par la télédétection spatiale et autres outils , sera du reste, au cœur de l’intervention  du Ministre de l’enseignement supérieur  de la recherche scientifique  et de l’innovation qui a plaidé pour la création  d’un institut réseau  de recherche thématique sur l’eau  qui aurait la forme d’un groupement d’intérêt public .Un institut qui pourra capitaliser sur  un socle existant porté par les chercheurs et doctorants  et sur « les 17000 publications scientifiques portant sur le domaine de l’eau recensées cette dernière décennie , soit près de 22% de la production scientifique nationale » .

Renforcer le capital humain et la connaissance scientifique

Le séminaire a réuni une pléiade d’experts, de professionnels d’entrepreneurs, de représentants d’organismes internationaux pour « débattre de solutions pratiques en terme d’optimisation de mobilisation des eaux non conventionnelle de déploiement de nouvelles technologies de gouvernance et de financement ».

A travers la tenue de cette conférence, on constate le bien fondé du travail associatif qui est, certes, source de fabrique de souvenirs mais surtout de partage et de réflexions collectives avec comme boussole le discours royal interpellant « gouvernement institutions et citoyens qui ont devant l’état des ressources hydriques un devoir de vérité et de responsabilité ».

Avec l’ambition d’ être force de propositions, producteur et réservoir  d’idées en favorisant  l’implication active des membres dans des projets , en organisant en intelligence collective de débats sur des sujets souvent complexes qui intéressent le futur du pays et qui peuvent aider à la décision des politiques .

On assiste ainsi à la montée en puissance d’associations des différentes grandes Ecoles qui s’intéressent à l’entreprenariat , au développement durable , au leadership et à d’autres sujets d’actualité qu’elles positionnent dans le débat public .Les réseaux sociaux faisant , ces associations peuvent devenir des forces d’influence  pour proposer des recommandations.

L’AIEM qui compte quelques 12000 lauréats, dont de nombreux à la tête d’entreprises de renom a lancé il a 5 ans son Club Développement durable qui a concentré cette année ses travaux sur la thématique de l’eau. Un « bien commun » décrypté sous toutes ses sources et sans lequel aucune activité n’est possible, qu’il faut prélever, transporter, dépolluer, adapter au changement climatique et surtout préserver car il se fait rare. Cela passe par les nécessaires arbitrages pour répondre aux différents usages agricole industriel touristique domestique.

En rappelant que l’eau source de vie n’est pas un bien marchand mais un patrimoine un bien commun qu’il faut défendre et répartir en tant que droit humain fondamental. D’où l’impérieuse nécessité de réfléchir sur un modèle innovant et résilient pour la gestion durable de l’eau, une eau inégalement répartie dans le monde et problématique quand on sait que moins de 3% de l’eau présente sur terre est douce et que le reste, eau de mers et des océans est salée. 9 pays dits « puissances de l’eau Brésil, Colombie, Russie, Inde Canada, Etats Unis, Indonésie, Zaïre et Chine se partagent d’autre part plus de 60% de ressources mondiales d’eau douce alors même que l’ONU prévoit en 2030, 40% de déficit hydrique global.

Au Maroc l’état des lieux d’une situation de stress hydrique a été largement diagnostiqué avec un modèle agricole qu’il faudrait revoir tout comme il faudrait rompre avec toutes les formes de gaspillage de cette ressource, source de vie .

Quatre panels ont ponctué la rencontre portant sur « l’optimisation des ressources hydriques conventionnelles », « la valorisation des ressources hydriques non conventionnelles » traitement des eaux usées, eaux pluviales, dessalement d’eau de mer qui appelle à une forte vigilance quant aux conséquences de pollution de la saumure sur la biodiversité marine, pollution également des membranes.

Le 3ieme panel est consacré à la « Recherche développement innovation et éducation » et le dernier aux questions de « gouvernance financement et modelés innovants ». La publication des actes du colloque est souhaitable car elle permettrait de recenser et lister les différentes déclinaisons des interventions des différents panels et pourrait servir pour les recherches des ingénieurs et doctorants intéressés. 

L’eau pas chère c’est fini !

Une idée nodale aura traversé toutes les interventions :nous devons tous pouvoirs publics société civile nous préparer à un changement structurel dans le cycle de l’eau et anticiper ,préparer et mettre en œuvre les politiques , les stratégies et les outils pour l’adaptation aux conséquences du changement climatique qui va toucher sévèrement toute la région de l’Afrique du Nord .Les tendances de fond présentées par le représentant du GIEC ont montré les baisses sensible des nappes  des eaux souterraines et d’une aggravation des déficits .

Mieux que toute recommandation ou incitation à la vigilance, la conclusion d’un intervenant à la conférence du Club Développement durable de l’AIEM était on ne peut plus explicite « tout un chacun doit être totalement convaincu aujourd’hui que l’eau pas chère et abondante, c’est fini, définitivement fini » ..Un  nouveau cycle  , celui de l’or bleu , plus rare et donc plus cher est désormais ouvert ..

En 1978 avec le lancement de la décennie internationale de l’eau potable et de l’assainissement, en 1990 avec les objectifs du millénaire fixes pour l’eau potable et deux décennies plus tard avec le droit à l’eau potable et à l’assainissement érigé en droit de l’Homme par les Nations Unies ,l’eau est devenu un enjeu national et  international majeur .

Aujourd’hui dans un contexte de changement climatique et de montée en puissance des activités ,cette source de vie qu’est l’eau doit être appréhendée comme un bien commun , un patrimoine national en faisant appel à la connaissance scientifique et technologique , à l’intelligence des territoires pour faire participer les acteurs locaux .

C’est l’une des idées clefs tel que prônée par le nouveau modèle de développement qui a érigé la problématique de l’eau tout en haut de la hiérarchie des urgences sur lesquelles nous devons collectivement pouvoirs publics société civile, collectivités nous pencher. 



Lundi 27 Novembre 2023


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