Une production réelle, une réception discrète
Les essais publiés abordent des sujets majeurs : mémoire coloniale, géopolitique maghrébine, société civile, genre, islam, éducation, urbanisme. Ce sont des textes souvent rigoureux, exigeants, produits par des enseignants, des chercheurs ou des militants.
Mais ces livres rencontrent peu de lecteurs. Ils ne sont pas promus. Peu distribués, rarement chroniqués, ils n’existent qu’à la marge du débat public. Or, dans un pays traversé par de profondes mutations économiques, politiques et culturelles, l’essai devrait jouer un rôle d’aiguillon, de proposition, de mise en tension des évidences.
Un genre à la croisée de trois impasses
Première impasse : la langue. Beaucoup d’essais sont écrits dans un français académique, parfois lourd, parfois abstrait. Cela restreint leur accessibilité à un public déjà formé, souvent universitaire. L’arabe dialectal, pourtant parlé par la majorité, est presque absent du champ de l’essai.
Deuxième impasse : l’édition. Peu de maisons prennent le risque de publier des essais hors du consensus ou des sujets convenus. L’essai reste souvent à compte d’auteur ou soutenu par des fondations culturelles étrangères. Le risque éditorial est mal partagé.
Troisième impasse : la critique. Le Maroc manque cruellement d’espaces médiatiques pour faire vivre l’essai : peu d’émissions spécialisées, peu de revues intellectuelles actives, peu de festivals qui invitent ces voix à parler au grand public.
Pourtant, une nécessité urgente
L’essai n’est pas un luxe d’universitaire. C’est un outil de formulation collective. Dans une société où les fractures sociales, les crispations identitaires, les déséquilibres économiques et les transitions générationnelles se télescopent, les penseurs marocains ont beaucoup à dire.
Mais encore faut-il leur donner un espace, des lecteurs, une reconnaissance, et — osons le dire — un peu d’écoute.
Mais ces livres rencontrent peu de lecteurs. Ils ne sont pas promus. Peu distribués, rarement chroniqués, ils n’existent qu’à la marge du débat public. Or, dans un pays traversé par de profondes mutations économiques, politiques et culturelles, l’essai devrait jouer un rôle d’aiguillon, de proposition, de mise en tension des évidences.
Un genre à la croisée de trois impasses
Première impasse : la langue. Beaucoup d’essais sont écrits dans un français académique, parfois lourd, parfois abstrait. Cela restreint leur accessibilité à un public déjà formé, souvent universitaire. L’arabe dialectal, pourtant parlé par la majorité, est presque absent du champ de l’essai.
Deuxième impasse : l’édition. Peu de maisons prennent le risque de publier des essais hors du consensus ou des sujets convenus. L’essai reste souvent à compte d’auteur ou soutenu par des fondations culturelles étrangères. Le risque éditorial est mal partagé.
Troisième impasse : la critique. Le Maroc manque cruellement d’espaces médiatiques pour faire vivre l’essai : peu d’émissions spécialisées, peu de revues intellectuelles actives, peu de festivals qui invitent ces voix à parler au grand public.
Pourtant, une nécessité urgente
L’essai n’est pas un luxe d’universitaire. C’est un outil de formulation collective. Dans une société où les fractures sociales, les crispations identitaires, les déséquilibres économiques et les transitions générationnelles se télescopent, les penseurs marocains ont beaucoup à dire.
Mais encore faut-il leur donner un espace, des lecteurs, une reconnaissance, et — osons le dire — un peu d’écoute.
L’avis de l’avocat du diable
L’essai marocain ressemble à un cri dans un tunnel : il est profond, mais il se perd. Trop complexe pour la presse, trop libre pour l’université, trop politique pour les institutions. Tant qu’on n’aura pas compris qu’un pays qui ne lit pas ses penseurs finit par vivre sur des slogans, l’essai restera cette forme inachevée du débat marocain. Belle, mais seule.