Donald Trump, président pour la seconde fois, vient de dévoiler un document aussi colossal que sa vision de l’Amérique : America’s AI Action Plan. Publié en juillet 2025, ce plan articule la vision trumpienne d’une intelligence artificielle patriote, rentable, et libre de toute "ingérence idéologique". Il s'agit moins d'un projet technologique que d'une véritable doctrine géopolitique, économique et culturelle, où la domination américaine passe par l'IA, ou ne sera pas.

Pour Trump, l'IA est la nouvelle bombe atomique du XXIe siècle — une arme stratégique, économique et culturelle. Dans l’introduction du plan, le ton est donné : “gagner la course de l’IA, c’est garantir la sécurité nationale, la prospérité et la suprématie morale des États-Unis.” Rien de moins.

Premier pilier du plan : l’innovation à tout prix. Pour Trump, toute régulation excessive est un frein à la grandeur américaine. C’est pourquoi il a balayé dès le premier jour les directives de l’administration Biden sur l’encadrement éthique de l’IA, jugées trop restrictives. En lieu et place, il prône un environnement libéré de contraintes, favorisant l'open-source, les poids ouverts, et la liberté d’expression sans filtre, même au prix de désinformer. La neutralité idéologique devient la norme : exit les références à l’égalité raciale, au climat ou à l’inclusion.

Le deuxième pilier, plus concret, repose sur la construction massive d’infrastructures : centres de données, usines de semi-conducteurs, réseaux électriques boostés. Trump annonce la fin de la “dictature verte” et du “dogme climatique” : place à l’énergie disponible, rapide et patriotique. Le mot d’ordre ? “Build, Baby, Build!”

Des mesures phares sont prévues : simplification des permis de construire, libération de terrains fédéraux, revitalisation du secteur nucléaire et même recours à la fusion. Le tout au service d’un écosystème IA exclusivement américain, protégé des intrusions étrangères chinoises notamment.

Contrairement à ce que l’on pourrait attendre, Trump ne voit pas l’IA comme une menace pour l’emploi, mais comme un levier de réindustrialisation. Le plan met en avant la formation de la main-d’œuvre : apprentissage des métiers de l’IA, reconversion des travailleurs déplacés, partenariats avec les universités et lycées techniques. Une série d’ordres exécutifs a été signée pour “préparer la jeunesse américaine aux métiers du futur”.

Le Pentagone n’est pas en reste. Des unités spéciales seront créées pour intégrer l’IA dans toutes les branches des forces armées. Un “Virtual Proving Ground” verra le jour, simulant des conflits où l’IA sera testée pour sa capacité de commandement et de décision tactique.

Sur le plan juridique, l’administration Trump veut également outiller les juges face aux “deepfakes”. Le Département de la Justice prépare des normes probatoires pour détecter les preuves falsifiées, une réponse directe aux risques de manipulation électorale et judiciaire par l’IA.

Le troisième pilier du plan met l’accent sur la politique étrangère : Washington veut imposer ses normes d’IA à l’échelle mondiale. L’objectif est double :

Exporter l’IA américaine à ses alliés pour verrouiller l’influence chinoise ;
Contrôler strictement les semi-conducteurs, les modèles de langage et les capacités de calcul, en interdisant leur transfert à toute puissance rivale.

Les États-Unis ambitionnent ainsi de devenir non seulement un pôle technologique mais aussi un leader diplomatique de l’intelligence artificielle, traçant une ligne rouge autour des valeurs “libérales-conservatrices” que Trump défend.

L’ironie du plan ? Il promeut une surveillance renforcée de l’IA… uniquement quand elle est chinoise. Les modèles américains, eux, sont supposés intrinsèquement sûrs, à condition qu’ils ne diffusent pas “d’idéologie woke”. La cybersécurité devient une guerre de l’ombre, où les backdoors ne sont à craindre que dans les puces étrangères.

Le plan va jusqu’à imaginer le séquençage ADN (Bio-ingénierie et génome : l’autre front invisible) de toute forme de vie sur les terres fédérales, afin de créer des modèles biologiques entraînés par IA. Officiellement, pour accélérer la découverte de médicaments et d’applications industrielles ; officieusement, pour bâtir une base de données mondiale dans le domaine du vivant.

Au final, l’America’s AI Action Plan n’est pas qu’un programme technologique. C’est un manifeste politique, une réécriture algorithmique du projet trumpien : nationaliste, dérégulé, militarisé et idéologiquement marqué. Une IA conçue non pas comme une aide à la décision collective, mais comme une extension numérique du pouvoir.

À l’heure où l’Europe débat de transparence éthique et où la Chine peaufine son modèle centralisé, les États-Unis sous Trump choisissent une voie radicale : celle de l’intello artificielle, nourrie à la sauce MAGA. Le monde, lui, retiendra surtout que dans la guerre des cerveaux artificiels, le 47e président américain veut que le QI planétaire parle anglais… et vote républicain.