C’est un document qui vaut bien plus qu’un simple avis médical. Trois mois après son retour tonitruant à la Maison-Blanche, Donald Trump fait à nouveau parler de lui – cette fois via un bulletin de santé qui fait office de message codé aux dirigeants du monde entier. Selon son médecin personnel, le président des États-Unis est "tout à fait apte à exercer les fonctions de commandant en chef". Traduction : il est prêt à durer, à gouverner, et à imposer son tempo.

Ce n’est pas la première fois qu’un chef d’État publie une évaluation de santé. Mais dans le cas de Donald Trump, chaque mot pèse lourd. Âgé de 78 ans, revenu au pouvoir après une élection électrisante, il est devenu en trois mois la figure centrale d’un monde en recomposition : guerre commerciale relancée, tensions diplomatiques ravivées, et discours nationalistes musclés.

Le Dr Bruce Aronwald, qui le suit depuis plusieurs années, affirme que le président bénéficie d’une "énergie exceptionnelle", d’une "lucidité mentale totale" et d’un "état cardiovasculaire optimal". Une manière de couper court aux rumeurs sur sa forme réelle, entretenues par ses opposants, mais aussi de rappeler qu’il n’est pas près de céder sa place.

Ce certificat n’est pas seulement destiné aux électeurs américains. Il vise également les partenaires — et adversaires — internationaux. À Bruxelles, on s’interroge. À Pékin, on se crispe. À Moscou, on observe. Car un Trump en forme est un Trump imprévisible : capable de sortir de l’OTAN, de rompre des traités du jour au lendemain, ou de taxer massivement les importations européennes au nom de l’"America First".

Ce qui est sûr, c’est que cette annonce rassure ses soutiens : le président n’est pas seulement légitime, il est en pleine possession de ses moyens. Reste à savoir si cela suffit à gouverner un monde en crise.

Ce bulletin de santé semble vouloir clore un débat. Mais il en ouvre d'autres. La capacité physique et mentale ne suffit pas à garantir la sagesse, la retenue ou la cohérence stratégique. Les grandes catastrophes de l’histoire n’ont pas été causées par des chefs malades, mais souvent par des dirigeants en pleine forme, guidés par des idées dangereuses ou des certitudes radicales. Être "apte", est-ce suffisant pour être juste ?