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La guerre entre OpenAI et Disney n’aura pas lieu


Rédigé par La rédaction le Samedi 13 Décembre 2025



Pendant des mois, Hollywood a retenu son souffle. À mesure que l’intelligence artificielle générative gagnait en puissance, une question obsédait les studios : fallait-il s’attendre à un affrontement frontal entre les géants de la création et ceux de la technologie ? L’annonce récente d’un investissement massif de Disney dans OpenAI apporte une réponse claire. Non seulement la guerre n’aura pas lieu, mais un pacte stratégique vient redessiner les rapports de force entre créativité humaine et intelligence artificielle.

Disney a officialisé un investissement historique d’un milliard de dollars en actions chez OpenAI. Un chiffre qui frappe, mais surtout un symbole. L’accord autorise désormais l’outil de génération vidéo Sora à utiliser légalement l’un des catalogues de personnages les plus puissants au monde : Disney bien sûr, mais aussi Marvel, Pixar et Star Wars. Autrement dit, Mickey, Iron Man ou Dark Vador peuvent désormais évoluer dans des univers générés par IA, sans contentieux juridique, sans bataille de droits d’auteur, et surtout avec l’aval explicite de leur maison mère.

Ce partenariat marque un tournant. Là où beaucoup s’attendaient à un conflit juridique comparable à celui qui oppose déjà certaines majors à des plateformes d’IA accusées de pillage créatif, Disney a choisi une autre voie : entrer au capital, influencer de l’intérieur, et encadrer l’usage plutôt que le subir. Une stratégie qui tranche avec l’image d’un Hollywood arc-bouté sur la défense de ses acquis.

Car l’inquiétude est réelle. Depuis l’émergence des IA génératives capables d’écrire, d’illustrer, de composer ou désormais de produire des vidéos quasi cinématographiques, les créateurs redoutent une dilution de leurs droits et une standardisation de l’imaginaire. Les grèves récentes des scénaristes et acteurs américains ont mis en lumière une peur profonde : celle d’être remplacés, ou pire, exploités sans consentement par des algorithmes entraînés sur leurs œuvres.

Dans ce contexte tendu, le choix de Disney peut sembler paradoxal. Pourquoi confier son trésor créatif à une technologie perçue comme une menace ? Justement parce que Disney raisonne en empire narratif. Son modèle économique repose sur la maîtrise des univers, des personnages et de leurs déclinaisons. En s’alliant à OpenAI, le groupe ne cède pas le contrôle : il l’anticipe. Il s’assure que l’IA qui utilisera ses licences le fera dans un cadre contractuel, traçable et potentiellement rentable.

Pour OpenAI, l’opération est tout aussi stratégique. Elle lui apporte une légitimité culturelle et juridique précieuse à l’heure où les procès pour violation de droits d’auteur se multiplient. Avoir Disney comme partenaire et actionnaire, c’est envoyer un message clair à l’industrie : l’IA peut cohabiter avec la création, à condition de respecter les règles du jeu. C’est aussi un accès inédit à des univers narratifs capables de propulser Sora vers des usages grand public spectaculaires, bien au-delà de la simple démonstration technologique.

Ce rapprochement ne signe pas pour autant la fin des tensions à Hollywood. De nombreux artistes restent sceptiques. Ils craignent que ce type d’accord bénéficie avant tout aux grands groupes, laissant les créateurs indépendants et les petites structures sans protection face à l’automatisation. La question de la rémunération, du consentement et de la reconnaissance reste centrale. Qui est payé quand une IA génère une scène inspirée de décennies de travail collectif ? Qui porte la responsabilité artistique ? Et jusqu’où peut-on déléguer l’imaginaire à la machine ?

Disney et OpenAI affirment vouloir avancer prudemment. L’accord inclut, selon les premières informations, des garde-fous sur l’usage des personnages, la cohérence des univers et le respect des valeurs des marques. Il s’agit moins de remplacer les créateurs que de leur offrir de nouveaux outils : prévisualisation rapide, exploration de scénarios alternatifs, accélération de la production. Une promesse séduisante, mais qui devra être jugée sur pièces.

Au-delà du cas Disney, ce partenariat pourrait faire école. Il dessine un modèle possible de coexistence entre IA et industries culturelles : l’investissement croisé plutôt que l’affrontement, la contractualisation plutôt que le procès. Un modèle où l’IA n’est pas un prédateur invisible, mais un outil intégré, encadré et monétisé.

Reste une question de fond, presque philosophique. La créativité peut-elle rester humaine dans un monde où les machines savent désormais imiter les styles, les émotions et les récits ? Disney semble répondre par le pragmatisme : la créativité restera humaine tant que les humains garderont la main sur les univers, les choix narratifs et le sens. L’IA, elle, devient un amplificateur, pas un auteur.

La guerre entre OpenAI et Disney n’aura donc pas lieu. À la place, une alliance inattendue redessine les contours de l’imaginaire contemporain. Une alliance qui ne dissipe pas toutes les peurs, mais qui montre une voie possible : celle d’un futur où technologie et création ne se détruisent pas mutuellement, mais négocient leur coexistence. Un futur encore fragile, mais déjà en marche.

​Aux cinéastes marocains de saisir le bouleversement des industries culturelles

Ce qui se joue entre Disney et OpenAI n’est pas un simple accord financier entre un studio et une start-up de la Silicon Valley. C’est un signal mondial. Les règles de la création sont en train de changer, vite, profondément, et sans demander la permission. Pour les cinéastes marocains, ce bouleversement n’est ni une menace abstraite ni un luxe lointain : c’est une fenêtre stratégique.

L’IA générative va réduire les coûts, accélérer l’écriture, démocratiser l’accès aux outils visuels et narratifs autrefois réservés aux grandes puissances industrielles. Dans un pays où le talent est abondant mais les moyens limités, l’enjeu est clair : transformer une contrainte historique en avantage compétitif. Encore faut-il s’en emparer, au lieu de la subir.

Le risque, sinon, est double. D’un côté, devenir de simples consommateurs d’imaginaires produits ailleurs. De l’autre, voir nos récits, nos langues et nos références absorbés, recomposés et exploités sans cadre ni retour pour leurs auteurs. L’absence de stratégie serait la pire des stratégies.

Aux cinéastes, producteurs, scénaristes et écoles marocaines revient désormais une responsabilité : expérimenter, former, structurer. Penser l’IA non comme un remplaçant, mais comme un levier pour raconter autrement le Maroc, l’Afrique, la Méditerranée. Le cinéma de demain se joue aujourd’hui. Et cette fois, personne n’est condamné à rester spectateur.





Samedi 13 Décembre 2025

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