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La prééclampsie et l'endométrite : des risques sanitaires liés au mariage des enfants


Dans son récent avis sur "le mariage des enfants et ses conséquences sur leur situation économique et sociale", le Conseil économique, social et environnemental (CESE) alerte sur les risques sanitaires graves auxquels sont confrontées les jeunes filles mariées et leurs enfants. Le CESE exhorte à l'abolition totale du mariage des enfants, mettant en lumière les dommages principalement subis par les jeunes filles, qui sont les femmes de demain.



Le CESE met en évidence les risques accrus auxquels sont confrontées les filles mariées en matière de complications liées à la grossesse et à l'accouchement.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les adolescentes âgées de 10 à 19 ans présentent des taux plus élevés de toxicité gravidique, d'inflammation du placenta et d'infections systémiques par rapport aux femmes de 20 à 24 ans.

Grossesses précoces

Les enfants nés de mères adolescentes sont exposés à un risque accru de faible poids à la naissance, de naissance prématurée et de complications graves. Malgré cela, 32% des filles mariées ont déjà un ou plusieurs enfants, même si le ministère de la Santé considère les grossesses avant 18 ans comme présentant des risques élevés.

Le Conseil met également en lumière les risques sanitaires encourus par les adolescentes et leurs enfants en raison d'un intervalle trop court entre les naissances. Il souligne que l'utilisation de contraceptifs peut protéger contre ces risques liés à la grossesse, surtout pour les adolescentes, selon l'OMS.

D'après l'Enquête Nationale sur la Population et la Santé Familiale de 2018, les femmes mariées âgées de 15 à 19 ans sont parmi celles qui utilisent le moins fréquemment des contraceptifs, avec 50% d'entre elles ne recourant à aucune méthode contraceptive.

Par ailleurs, une étude diagnostique menée par le parquet général d'Azilal a révélé qu'environ un tiers des cas étudiés (26,7%) ont accouché à domicile, augmentant ainsi les risques de décès maternels ou infantiles, surtout avec les risques élevés associés à la grossesse à un si jeune âge.

Hausse de la mortalité infantile

Bien que le taux de mortalité maternelle ait enregistré une baisse notable, passant de 112 décès pour 100 000 naissances en 2009-2010 à 72 décès pour 100 000 naissances en 2015-2016, il demeure élevé dans les zones rurales, atteignant 111 décès pour 100 000 naissances vivantes, selon les données du Conseil.

Le Conseil économique, social et environnemental estime qu'il serait pertinent d'explorer un éventuel lien entre la mortalité maternelle et le mariage précoce, notamment en raison de l'absence actuelle de données à ce sujet, en raison du nombre plus élevé de cas de mariage de mineurs dans les zones rurales.

En ce qui concerne les enfants, l'avis du Conseil a relevé une augmentation des taux de mortalité prénatale, néonatale, infantile et des enfants en bas âge. Les données disponibles indiquent une hausse de la mortalité néonatale lorsque l'âge maternel à la naissance est inférieur à 25 ans (14,9 pour mille, contre une moyenne nationale de 13,56 pour mille), de la mortalité infantile (20,6 pour mille, contre une moyenne nationale de 18 pour mille) et de la mortalité des nourrissons et des enfants en bas âge (24,3 pour mille, contre une moyenne nationale de 22,16 pour mille).

Le taux de mortinaissance et de mortalité néonatale est également nettement plus élevé chez les enfants de femmes de moins de 20 ans, atteignant 105,4 pour mille, contre 24,9 pour mille au niveau national.

Les mineures sont plus exposées à la violence physique et psychologique

Par ailleurs, le Conseil économique, social et environnemental met en garde contre l'exposition significative des filles à diverses formes de violence familiale et conjugale, incluant la violence physique, sexuelle et verbale, avec toutes les conséquences bien documentées sur le plan physique et psychologique telles que la privation de liberté, les blessures physiques, la dépression, les troubles anxieux et le suicide.

Selon les données de l'Enquête nationale sur la population et la santé familiale de 2018, bien que les femmes de moins de 25 ans, tout comme celles plus âgées, soient sujettes à la violence psychologique, incluant la violence verbale (94,4%), elles sont néanmoins plus susceptibles d'être victimes de violence physique, avec un taux de 27,2%, contre 20,7% chez les femmes âgées de 25 à 34 ans et 18,5% chez celles de 34 à 49 ans.

Quant à l'auteur de la violence, d'après la même source, il peut s'agir du mari dans 43,5% des cas, de la famille du mari dans 36,4% des cas, ou d'une personne extérieure à la famille dans 28% des cas, révélant qu'une proportion importante de femmes de moins de 25 ans (77,5%) sont confrontées à la violence au sein du foyer.

Selon une étude antérieure menée par la présidence du parquet général, une femme sur dix interrogées (10,95%) a déclaré être victime de violence économique. Cela explique pourquoi près de la moitié des cas de violence rapportés par les répondantes (43,15%) proviennent de la famille du mari, étant donné que de nombreuses mineures mariées ne bénéficient pas d'indépendance financière après le mariage et sont financièrement dépendantes de la famille du mari.

Femmes, santé, mariage des mineurs, enfants, droits des enfants


Lundi 19 Février 2024



Rédigé par le Lundi 19 Février 2024
Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur


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