Un budget injuste.
Pour financer ses dépenses, l’Etat a recours aux recettes fiscales (impôts directs et indirects) et non fiscales (produit des monopoles comme l’OCP, Bank Al Maghrib ..) et en cas de besoin, il vend une partie de son patrimoine et emprunte le reliquat selon les conditions du marché.
Les chiffres du PLF 2026, montrent que 40% des recettes du budget proviennent des impôts directs à savoir l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés, 44% proviennent des impôts indirects (TVA, droits de douane, Taxe intérieure de consommation). Un budget est considéré juste lorsqu’il est financé principalement par l’impôt direct et plus particulièrement par les détenteurs des hauts revenus et les catégories riches de la société.
Sur ce plan, malgré quelques ajustements positifs introduits au cours des dernières années à la suite de l’élargissement de l’assiette fiscale et de la réforme fiscale boiteuse imposée par la majorité actuelle, le budget du pays demeure foncièrement injuste et inéquitable. Au lieu de jouer son rôle de redistributeur des revenus et de réducteur des inégalités, il contribue plus à amplifier les injustices et à aggraver les inégalités.
Il suffit de voir comment on impose les classes moyennes pour subventionner les gros propriétaires fonciers et le grand capital national et international à travers des cadeaux fiscaux et des subventions d’équipement.
Une administration gourmande.
Ces chiffres appellent les remarques suivantes : une bonne partie des montants inscrits dans les dépenses de fonctionnement sont constituées par les dépenses de matériel et de fonctionnement de l’administration qui absorbent 93,67 MM DH, contre 80 MM DH en 2025, soit une augmentation de 16,77%. Cette évolution est en contradiction avec les exhortations du Chef du Gouvernement dans la lettre de cadrage adressée aux Ministres les invitant à réduire au maximum le train de vie de l’Etat en se limitant à l’essentiel et en faisant preuve de sobriété. C’est tout le contraire qui s’est produit. Les habitudes, et surtout les mauvaises, ont la tête dure !
Pour ce qui est du budget de l’équipement, bien qu’il apparaisse suffisant sur le papier, dans la réalité, les choses se passent autrement. D’abord, comme c’est déjà indiqué, une somme non négligeable, soit 44 MM DH représentant le tiers du budget de l’investissement, est consommée sous forme de subventions aux entreprises.
C’est une dépense de l’argent public dont on fait rarement l’évaluation. D’ailleurs, ce flou est à peine voilé dans les documents accompagnant le texte du PLF, et plus précisément dans la note de présentation.
Le tonneau des Danaïdes.
C’est peu, mais c’est un signe positif à consolider à travers notamment une vraie réforme fiscale et une intégration intelligente du secteur informel sur laquelle le gouvernement tergiverse.
De même, la question de la dette publique reste posée et réduit les marges de manœuvre de l’Etat. Ainsi, on emprunte essentiellement pour s’acquitter du service de la dette venue à échéance. Dans le passé, on était à somme nulle en versant d’une main ce que nous recevons d’une autre. C’est en quelque sorte le tonneau des Danaïdes.
Ainsi, sur les 123 MM DH prévus au titre de l’emprunt pour l’année 2026, 108 MM seront utilisés au remboursement de la dette venue à échéance. Le net est de 15 MM DH ! C’est le cycle infernal de l’endettement. On doit se réjouir tout de même qu’on ne prête pas de l’argent pour payer les fonctionnaires. Des aspects positifs, il y en a bien sûr. Ils seront abordés avec le même esprit dans un prochain article.
Par Abdeslam Seddiki












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