Les “moutons noirs” du numérique : un phénomène marocain inquiétant
Aujourd’hui, ces moutons noirs prolifèrent dans le domaine de l’IA générative.
Ils utilisent des slogans marketing (« l’IA va tout remplacer », « maîtrisez ChatGPT en 2 heures »), des commentaires spectaculaires, souvent faux ou déformés, des formations superficielles basées sur quelques manipulations de plateformes, des discours confus sur la science, la société ou l’économie, et une rhétorique catastrophiste ou prométhéenne.
Mais ils ne connaissent ni la logique algorithmique, ni l’architecture des systèmes, ni les questions de données, ni les enjeux de souveraineté, ni les limites réelles des modèles. Ils « éclairent » le public sans être eux-mêmes éclairés.
Le danger : un pays qui écoute les mauvaises voix
Le problème n’est pas que ces personnes s’expriment.
Le problème est qu’elles s’expriment comme si elles savaient, alors qu’elles ne disposent que de connaissances superficielles. Le danger pour le Maroc est triple.
Nous risquons d’adopter de mauvaises pratiques. Les décisions peuvent être influencées par des discours simplistes et déconnectés de la réalité technique. Nous risquons de perdre un temps précieux.
Pendant que le reste du monde structure ses plateformes nationales, ses clouds souverains, ses modèles linguistiques et ses clusters d’IA appliquée, nous débattons encore de slogans.
Nous risquons de mettre l’IA entre des mains incompétentes. Une technologie aussi puissante peut faire avancer un pays ou l’endommager durablement.
Pourquoi le Maroc peut encore réussir si nous comprenons la nature réelle de l’IA
L’intelligence artificielle n’est pas un miracle.
C’est le résultat de 60 années de science informatique, de mathématiques, de génie logiciel, d’architecture des systèmes, de gestion de données et de recherche opérationnelle. Sans cette base, il n’y a ni souveraineté, ni innovation, ni compétitivité.
Le Maroc a un avantage unique : une nouvelle génération brillante, ambitieuse et motivée. Mais elle doit être bien formée et bien entourée.
Le message essentiel : attention aux faux guides
Le public marocain doit être vigilant. Les institutions aussi. Et la presse également. Nous avons besoin d’ingénieurs formés, de chercheurs, de professionnels du numérique, d’experts de la gouvernance, d’universitaires, de praticiens des entreprises, de femmes et d’hommes qui travaillent sur le terrain depuis des années. Pas de profils improvisés.
Ne pas rater l’occasion historique
L’IA n’est pas une mode. C’est un changement de civilisation.
Et il serait tragique qu’un pays aussi ambitieux que le Maroc se laisse guider par des moutons noirs au lieu de s’appuyer sur une expertise réelle.
Par Dr Az-Eddine Bennani












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