Fin de cavale pour Olivier A., vingt ans, arrêté dimanche soir à Pistoia, en Toscane, après s’être présenté spontanément dans un commissariat. Cet originaire de Lyon, soupçonné d’avoir tué un jeune Malien dans une mosquée du Gard avant de filmer sa lente agonie, faisait l’objet d’une traque intense. Un mandat d’arrêt européen a été émis dans la foulée pour permettre son extradition.

Vendredi 25 avril, dans la petite commune de La Grand-Combe, la prière a viré au cauchemar. Aboubakar Cissé, une vingtaine d'années, a été agressé à mort dans la mosquée Khadidja, sous une violence qui laisse encore la communauté sous le choc. L’auteur présumé a filmé la scène et diffusé des éléments glaçants sur les réseaux sociaux, rendant toute ambiguïté impossible sur ses intentions.

La réaction policière a été immédiate : plus de soixante-dix agents mobilisés, le suspect étant considéré comme potentiellement prêt à frapper de nouveau. Selon le parquet d'Alès, Olivier A., décrit comme instable et animé par une haine confuse, aurait évoqué des velléités de récidive dans les heures ayant suivi son crime.

Rien, pourtant, dans son parcours n'annonçait une telle explosion de violence. Inconnu de la justice, invisible pour les services de renseignement, le jeune homme, issu d’une famille bosnienne, vivait de manière intermittente entre Lyon et le Gard. « Il évoluait complètement sous les radars », a confirmé dimanche le procureur Abdelkrim Grini.

L’émotion a gagné La Grand-Combe dès l'annonce du drame. Dimanche, plus d’un millier de personnes ont participé à une marche blanche silencieuse, saluant la mémoire d’Aboubakar Cissé, décrit par ses proches comme un jeune « discret, respectueux et impliqué ». À Paris aussi, des centaines de manifestants ont dénoncé un meurtre à caractère raciste et islamophobe.

Sur la scène politique, la tension est montée d’un cran. Jean-Luc Mélenchon a accusé le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, d’encourager un climat de haine par ses déclarations contre les musulmans. La réponse de l'exécutif ne s’est pas fait attendre : dans un communiqué, Emmanuel Macron a condamné « avec la plus grande fermeté » cet acte « ignoble », promettant que « le racisme et la haine religieuse n’auront jamais leur place en République ».

L’enquête, désormais européenne, devra déterminer l’origine exacte de cette violence : idéologique, psychologique, ou le mélange trouble des deux. Elle s’annonce longue, complexe, dans une France où les crispations identitaires ne cessent de s’amplifier.