Le Maroc fait un pas décisif dans la promotion du tourisme rural avec un projet ambitieux visant à dynamiser 16 villages répartis dans tout le pays. Doté d’un budget global de 188 millions de dirhams (MDH), ce programme, piloté par le ministère du Tourisme en collaboration avec la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique (SMIT), s’inscrit dans la feuille de route 2023-2026. Mais cette initiative saura-t-elle répondre aux attentes élevées des populations locales et des touristes ?

Ce programme met l’accent sur le potentiel socio-économique des zones rurales. Chaque village sélectionné bénéficiera d’investissements ciblés pour améliorer ses infrastructures touristiques et créer des espaces adaptés aux besoins des visiteurs. De nouveaux hébergements atypiques, des installations culturelles et des infrastructures de loisirs viendront compléter l’offre existante. Mais au-delà des annonces prometteuses, la question demeure : comment s’assurer que ces projets se traduisent en impacts concrets pour les populations locales ?

Par ailleurs, la SMIT s’engage à veiller à la durabilité des projets, une garantie essentielle pour préserver les écosystèmes fragiles qui font l’attrait de ces villages. Cependant, les défis sont nombreux : gestion des ressources naturelles, implication des communautés locales et coordination efficace entre les différents partenaires.

Le projet repose sur des partenariats nationaux et internationaux, notamment avec des acteurs de renom tels que Club Med et Marriott. Ces collaborations visent à attirer des touristes à la recherche d’expériences uniques, tout en promouvant l’artisanat, la gastronomie et les traditions locales. Une stratégie marketing ambitieuse sera déployée pour faire connaître ces destinations, mais l’enjeu reste d’assurer une attractivité durable et de ne pas tomber dans une standardisation touristique dénaturant l’authenticité des lieux.

Les villages sélectionnés, répartis sur quatre grandes zones géographiques, reflètent la richesse des paysages marocains : montagnes, côtes, oasis, et plaines. Des cascades majestueuses d’Ouzoud aux ksars historiques d’Ait Benhaddou, chaque site offre une expérience différente. L’accent est mis sur l’immersion et la découverte, qu’il s’agisse de randonnées, de festivals culturels ou de gastronomie locale.

Mais une question persiste : cette diversité sera-t-elle exploitée de manière équitable, ou certaines régions risquent-elles d’être privilégiées au détriment d’autres ? Les choix stratégiques dans la répartition des investissements détermineront en grande partie le succès de ce projet.

Ce programme représente une opportunité unique de renforcer l’économie des zones rurales, souvent marginalisées dans les politiques de développement. Il pourrait également contribuer à freiner l’exode rural en offrant des perspectives économiques aux habitants locaux. Mais pour cela, il faudra s’assurer d’une mise en œuvre transparente, d’une évaluation régulière des impacts et d’un engagement réel des communautés concernées.

Si cette initiative marque un tournant pour le tourisme rural au Maroc, elle doit aussi être le point de départ d’une réflexion plus large sur le rôle du tourisme dans le développement durable et inclusif du pays.