Nommé le 9 septembre, Sébastien Lecornu devait tenir son premier Conseil des ministres ce lundi à 16 heures. Mais avant même d’en franchir le seuil, il a remis sa démission au chef de l’État. L’Élysée l’a immédiatement acceptée dans un communiqué laconique, reconnaissant un « contexte politique instable ».
Avec à peine une douzaine d’heures d’existence, le gouvernement Lecornu devient le plus éphémère de la Ve République. Ce départ précipité intervient après une soirée chaotique : la présentation du cabinet, dimanche, a déclenché une levée de boucliers au sein de la majorité et une fronde ouverte des Républicains, menés par Bruno Retailleau, hostiles à la participation de leurs membres au gouvernement.
À peine formé, l’exécutif s’est disloqué sous le poids des désaccords. Plusieurs ténors de droite ont dénoncé un « gouvernement de confusion », accusant Lecornu d’avoir trahi la ligne LR pour sauver la majorité présidentielle. Retailleau a publiquement retiré son soutien dimanche soir, provoquant une onde de choc jusque dans les rangs macronistes.
Privé de base politique stable, Lecornu n’a pas résisté à cette pression. Selon une source proche du dossier, la rupture s’est jouée dans la nuit, après des échanges houleux entre Matignon et les dirigeants de la droite parlementaire.
Sur le perron de Matignon, le Premier ministre démissionnaire a confié, visiblement ému :
« Les conditions n’étaient plus réunies. Il faut toujours préférer son pays à son parti. »
Il a dénoncé « le réveil de quelques appétits partisans » et regretté que la main tendue au Parlement après le renoncement au 49.3 n’ait pas produit de choc démocratique.
« Les partis continuent d’agir comme s’ils détenaient tous la majorité absolue », a-t-il ajouté, dans une critique à peine voilée contre la classe politique.
À gauche, la réaction a été immédiate. Jean-Luc Mélenchon a réclamé sur X « l’examen immédiat de la motion de destitution d’Emmanuel Macron », signée par 104 députés, accusant le président d’avoir conduit la France dans un “chaos institutionnel inédit”. Les écologistes et les communistes se sont joints à la demande, tandis que le PS reste plus prudent. L’opposition réclame désormais un retour aux urnes ou un gouvernement d’union nationale, hypothèse pour l’heure écartée par l’Élysée.
Trois Premiers ministres en un an, une majorité introuvable, et un président isolé : la France traverse une zone de turbulence politique sans précédent depuis la fin de la IVe République. Le nom d’un successeur à Matignon devrait être annoncé dans les prochains jours. Parmi les pistes évoquées : Gérald Darmanin, Franck Riester, ou un profil “technique” pour temporiser avant 2027.
En attendant, Emmanuel Macron tente de contenir l’incendie politique. Mais dans les couloirs du Palais-Bourbon, un député de la majorité résume l’ambiance : « Ce n’est plus une crise, c’est un effondrement du système. »












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