Rabat, 27 juin 2025 – À l’occasion de la Journée mondiale des très petites et moyennes entreprises, la Confédération Marocaine des TPE-PME a lancé un vibrant appel à la reconnaissance et au soutien de celles qu’elle qualifie de « force invisible qui fait avancer le Maroc ». Dans un manifeste inédit, les représentants du tissu entrepreneurial national dressent un constat sans appel : les TPE-PME sont le pilier de l’économie, mais restent les grandes oubliées des politiques publiques.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les TPE-PME représentent plus de 98,4 % des entreprises marocaines, emploient plus de 83 % de la main-d’œuvre nationale et assurent un rôle clé dans la paix sociale, l’équilibre territorial et la transition écologique. Pourtant, malgré leur poids économique et social, elles peinent toujours à s’imposer dans les circuits décisionnels et à accéder aux ressources nécessaires à leur croissance.

« Nous n'accepterons jamais une Charte des TPE sans la participation des TPE elles-mêmes », affirme le manifeste, qui remet en question la légitimité de certaines instances, comme le patronat ou l’Observatoire des TPME, à représenter cette majorité silencieuse.

Parmi les obstacles majeurs identifiés : un accès difficile au financement, un blocage de la loi sur les marchés publics (dont le quota de 20 % réservé aux TPE reste lettre morte faute de décrets), une pression fiscale excessive (alourdie par l’augmentation de l’impôt sur les sociétés de 10 à 20 %), un retard dans la digitalisation et une formation professionnelle peu accessible.

La Confédération alerte également sur un chiffre alarmant : plus de 60 milliards de dirhams échappent chaque année aux TPE au profit des grandes entreprises, faute d’accès équitable aux marchés publics. Et en 2024, ce sont plus de 40 000 TPE qui ont mis la clé sous la porte, dont 40 % à cause des retards et des refus de paiement des grandes entreprises.

Un plan de relance en cinq axes .Face à cette situation, le manifeste propose une série de mesures concrètes :
 

1. Faciliter l’accès au crédit, notamment par la création d’une banque d’État dédiée aux TPE, avec des taux adaptés et des garanties allégées.
2. Réformer la fiscalité avec un régime simplifié, des exonérations temporaires pour les jeunes entreprises, et une meilleure justice fiscale.
3. Accélérer la digitalisation par un programme national subventionné pour la transition numérique et l'accès aux marchés numériques.
4. Ouvrir l’accès aux marchés publics, en appliquant sans délai la loi de 2013 sur le quota de 20 %, et en incitant les grandes entreprises à réduire les délais de paiement.
5. Renforcer la formation et l’accompagnement, via des partenariats avec les centres de formation et un réseau national de mentors pour les jeunes entrepreneurs.

La Confédération appelle à une mobilisation générale. Elle interpelle le gouvernement, afin d’inclure ses représentants dans toutes les politiques publiques relatives aux TPE. Elle exhorte les banques à faire preuve de souplesse dans le rééchelonnement des crédits Intelaka et Forsa, dont plus de 70 000 TPE bénéficiaires risquent aujourd’hui la faillite.

Aux grandes entreprises, il est demandé de faire preuve de responsabilité en intégrant les TPE dans leurs chaînes de valeur, et aux citoyens, de privilégier les produits et services locaux.

 

Au-delà des revendications, ce manifeste se veut un message d’espoir. « Les TPE ne sont pas seulement des entreprises, ce sont des familles, des rêves, des efforts collectifs », rappelle la Confédération. Elle appelle chacun à reconnaître ces forces discrètes mais décisives, sans lesquelles aucune vision durable et inclusive du Maroc ne peut se concrétiser.