Le Maroc accélère ses initiatives autour du lithium afin d’ancrer une filière batteries et s’inviter dans la chaîne mondiale des véhicules électriques et du stockage énergétique. L’objectif est de passer du rôle d’assembleur automobile à celui de plateforme intégrée à forte valeur ajoutée.

Les autorités économiques, des investisseurs et plusieurs groupes industriels conduisent des prospections et des études sur des zones potentiellement riches en lithium, notamment dans des régions du Sud et de l’Anti-Atlas. Les discussions portent sur la sécurisation de ressources, l’implantation de capacités de raffinage chimique et la création progressive d’usines de cellules. Le pays capitalise déjà sur un écosystème automobile mature, sur des ports performants et sur des accords commerciaux lui ouvrant l’Europe.

La transition énergétique mondiale amplifie la demande en batteries pour voitures électriques, stockage réseau, micro‑mobilité et équipements industriels. Maîtriser des segments de la chaîne permet de retenir plus de valeur, de créer des emplois qualifiés et de réduire les importations de composants coûteux. Pour le Maroc, l’intérêt réside aussi dans les synergies possibles avec la chimie des phosphates qui peut s’articuler avec certaines formulations comme le lithium fer phosphate. Cela renforce l’attractivité du Royaume pour les constructeurs cherchant des chaînes d’approvisionnement plus courtes et moins carbonées.

L’Union européenne durcit progressivement les règles d’origine et de contenu carbone sur les véhicules électriques. De grands acteurs diversifient leurs sources hors d’Asie pour réduire les risques géopolitiques. L’Afrique cherche à éviter de rester un simple exportateur de matière première en poussant vers le raffinage local. Le Maroc se situe à l’intersection de ces tendances avec une stabilité politique et des ambitions climatiques affichées.

Dans l’écosystème industriel et sur LinkedIn, des réactions enthousiastes saluent un timing qualifié d’opportun avant la consolidation mondiale de la capacité batterie. Des observateurs plus prudents insistent sur la nécessité de certifications internationales des ressources, de garanties fortes en matière d’eau, d’énergie renouvelable abondante et de normes environnementales robustes pour éviter les critiques de greenwashing.

D'autre part, la filière se structure autour de l’exploration, de laboratoires d’analyse et de la formation technique. À moyen terme, l’installation d’unités de raffinage déterminera la capacité d’attirer des gigafactories modulaires. À long terme, l’intégration du recyclage des métaux stratégiques et la recherche sur de nouvelles chimies comme sodium-ion ou solides peut verrouiller une position durable. La création d’un cluster innovation autour de la traçabilité numérique et de l’optimisation thermique des packs se profile comme un avantage compétitif.

Le développement de cette filière diversifie davantage une économie déjà portée par l’automobile, l’aéronautique et les phosphates. Cela peut améliorer la balance commerciale, stabiliser l’emploi qualifié et positionner le Royaume comme pont logistique Europe‑Afrique. Les défis incluent la concurrence internationale intense, l’exigence d’infrastructures énergétiques vertes et la gestion responsable des impacts environnementaux locaux.

Les signaux à surveiller portent sur l’annonce de ressources certifiées, la signature d’accords d’enlèvement avec des constructeurs, l’obtention de financements verts et la concrétisation de la première unité de raffinage. La question est posée : le Maroc parviendra‑t‑il à verrouiller toute la chaîne, jusqu’au recyclage circulaire, avant saturation du marché mondial ?