Il est des rencontres qui, sous des airs techniques, traduisent en réalité des dynamiques géopolitiques bien plus profondes. La réunion, ce 24 juillet 2025 à Rabat, entre Nizar Baraka, ministre marocain de l’Équipement et de l’Eau, et l’ambassadeur saoudien au Maroc, S.E. Sami ben Abdallah Al-Saleh, s'inscrit précisément dans cette catégorie. Derrière les formules protocolaires et les échanges institutionnels, c’est une vision partagée de l’avenir qui se dessine entre deux Royaumes unis par l’Histoire, les valeurs et, désormais, par des défis communs.

À l’heure où la planète fait face à un stress hydrique sans précédent, le Maroc et l’Arabie Saoudite, chacun à leur manière, affrontent des réalités similaires : raréfaction des ressources, pression sur les nappes phréatiques, vulnérabilité des territoires ruraux, et besoin urgent d’innovation dans la gestion durable de l’eau. Ce rapprochement ministériel n’est donc pas anodin. Il marque la volonté des deux pays d’inscrire la question de l’eau au cœur de leur coopération bilatérale, en la hissant au rang de priorité stratégique.

Dans cette perspective, le Maroc se positionne comme un laboratoire de politiques hydriques audacieuses en Afrique du Nord, tandis que le Royaume saoudien déploie des investissements massifs dans les technologies de dessalement et de réutilisation des eaux usées. Une complémentarité d’expertises que la rencontre de Rabat s’est employée à explorer.

Mais au-delà de la seule problématique hydrique, cette entrevue témoigne aussi d’un alignement plus large des visions de développement entre Rabat et Riyad. Le Nouveau Modèle de Développement marocain et la Vision 2030 saoudienne partagent une ambition commune : diversifier l’économie, renforcer la souveraineté énergétique et hydrique, et bâtir des infrastructures résilientes. L’eau, dans ce contexte, devient une matrice de transformation structurelle et un point d’ancrage d’une diplomatie du concret.

Cette coopération technique revêt enfin une dimension politique implicite mais cruciale. Elle s’inscrit dans un contexte régional marqué par les turbulences, les recompositions stratégiques et les jeux d’influence où Rabat et Riyad affichent une volonté partagée de stabilité et d’autonomie décisionnelle. Dans cette logique, l’intensification des échanges sectoriels, notamment dans les domaines sensibles comme l’eau, traduit une montée en puissance d’une alliance arabo-islamique pragmatique, fondée sur la concertation, la solidarité et la projection vers l’avenir.

En somme, ce dialogue entre le Maroc et l’Arabie Saoudite autour de la gestion des ressources hydriques ne relève pas seulement de la coopération technique. Il témoigne d’un partenariat stratégique en pleine maturation, porté par une communauté de destin, des intérêts convergents et une foi inébranlable dans les vertus d’un développement maîtrisé et solidaire.