Par Said Temsamani
Le Maroc n’a jamais été un acteur périphérique dans les relations avec les États-Unis. Premier pays à reconnaître leur indépendance en 1777, le Royaume a depuis cultivé une relation singulière avec la première puissance mondiale. Aujourd’hui, cette relation repose sur un socle triple : l’histoire partagée, la convergence des intérêts et l’engagement commun pour la stabilité mondiale. Et c’est précisément cet ancrage profond que le message royal vient rappeler avec élégance, tout en projetant les contours d’une coopération d’avenir.
En saluant la sagesse de la conduite du Président Trump et en formulant des vœux de prospérité au peuple américain, Sa Majesté réaffirme avant tout la centralité de la dimension humaine et institutionnelle dans les relations bilatérales. Mais au-delà de la forme, le fond interpelle : le Souverain met en exergue la « fierté » qu’il éprouve à l’égard de ces liens historiques, tout en soulignant le « nouvel élan » donné au partenariat stratégique entre Rabat et Washington. Ce choix lexical n’est pas anodin. Il indique clairement que les relations ne se contentent pas d’un héritage, aussi prestigieux soit-il, mais qu’elles s’inscrivent dans une dynamique d’adaptation et d’innovation géopolitique.
En effet, dans un monde marqué par la fragmentation des alliances traditionnelles, le Maroc se distingue par sa capacité à entretenir des relations stables avec les principales puissances, sans jamais renier son autonomie stratégique. Avec les États-Unis, cette stabilité se traduit par une coopération multiforme : militaire, sécuritaire, économique, culturelle et technologique. Qu’il s’agisse de la lutte contre le terrorisme, de la promotion des investissements ou du dialogue interreligieux, les chantiers sont multiples et convergents.
Le message royal insiste également sur la nécessité de poursuivre cette trajectoire ascendante. Le verbe « œuvrer de concert » utilisé par le Souverain n’est pas seulement une formule de style : il traduit une vision partenariale, fondée sur la co-construction et le respect mutuel. En somme, il ne s’agit pas d’une relation de dépendance, mais d’une alliance équilibrée, renforcée par une confiance politique rare dans la diplomatie contemporaine.
Ce message s’inscrit aussi dans un contexte géopolitique particulier. Le retour de Donald Trump au cœur de la vie politique américaine, dans un monde multipolaire en tension, pose de nouveaux défis diplomatiques. Le Maroc, fidèle à sa doctrine d’équilibre et de constance, semble anticiper ces tournants en consolidant ses alliances fondamentales, sans jamais les cloisonner.
À travers ce geste symbolique, mais hautement significatif, Rabat envoie un signal clair : le partenariat avec Washington n’est ni circonstanciel, ni superficiel. Il est la colonne vertébrale d’une vision marocaine de la diplomatie, fondée sur la fidélité aux engagements, l’adaptation aux mutations, et la projection d’un avenir commun au service de la paix, du développement et de la stabilité.
Plus qu’un message, une boussole.