C’est une vidéo qui dérange… et qui réveille. La Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) vient de dévoiler un document audiovisuel percutant sur la représentation des femmes dans les médias marocains. À travers des chiffres éloquents et des témoignages lucides, ce contenu met en lumière un déséquilibre persistant : les femmes continuent d’être sous-représentées, stéréotypées, voire invisibilisées dans les productions médiatiques nationales.

Pour ouvrir le débat et faire émerger des solutions concrètes, un atelier a été organisé réunissant parlementaires, experts des médias, journalistes, représentants d’associations civiles et institutions engagées. L’objectif ? Diagnostiquer les causes profondes de cette invisibilité féminine, mais surtout réfléchir collectivement à des pistes pour redonner aux femmes leur juste place dans l’espace audiovisuel.

Les constats posés sont sans appel. Malgré des avancées législatives et constitutionnelles en matière d’égalité, la sphère médiatique peine encore à se mettre au diapason. Les femmes sont rarement invitées en tant qu’expertes sur les plateaux de débats, leur parole reste marginale dans les analyses politiques, économiques ou scientifiques, et lorsqu’elles apparaissent, c’est souvent dans des rôles secondaires ou stéréotypés.

Mais au-delà du constat, l’initiative de la HACA se veut porteuse d’un changement de culture. Elle invite les rédactions à adopter une approche plus inclusive, à former leurs journalistes à une écriture non sexiste, et à diversifier les sources et les figures représentées à l’antenne. Il s’agit aussi de repenser les grilles de programmation pour valoriser les compétences, les expériences et les récits féminins dans toutes leurs diversités.

Cette démarche n’est pas seulement une question d’équité. Elle touche au cœur du projet démocratique. Car une démocratie médiatique ne peut être complète si elle exclut la moitié de la société de son récit collectif. Promouvoir une culture médiatique respectueuse de l’égalité des genres, c’est renforcer l’inclusion, la pluralité des points de vue et, in fine, la qualité du débat public.

La HACA amorce ici un tournant stratégique : faire des médias un levier actif pour l’égalité, plutôt qu’un miroir déformant des inégalités. Une bataille culturelle et politique de longue haleine… mais indispensable.