L'ODJ Média

lodj





Mira : lorsque la liberté s’élève dans l’ombre du passé


Rédigé par Salma Chmanti Houari le Jeudi 13 Novembre 2025

Après “Casanegra”, “Zero” et “Burn Out”, le réalisateur marocain Nour-Eddine Lakhmari revient avec Mira, un film suspendu entre tradition et émancipation. Présenté en compétition officielle au Tallinn Black Nights Film Festival, il signe le point culminant d’une trilogie qui interroge la puissance des racines et la soif de libération.



Le fil invisible d’une trilogie

Dès Casanegra (2008), Lakhmari a planté ses caméras dans l’âme urbaine de Casablanca : la ville, brute, vibrante, où l’espoir se heurte à l’injustice. Puis vient Zero (2012), où il explore la dérive de la jeunesse, l’errance, la quête d’un monde meilleur.

Avec Burn Out (2017), il ausculte la consommation, l’obsession, la fuite. Quatre films mais un même fil conducteur : le désir de s’échapper d’un cadre imposé, qu’il soit social, urbain ou psychologique. Mira (2025) apparaît comme la synthèse de cette quête.

Lakhmari traverse désormais les vallées profondes du Moyen Atlas, fouillant le silence d’un village reculé. Vous y trouverez la nature, les arbres, le vent tout est symbole ici. Il ne s’agit plus seulement de la ville qui oppresse, mais de la tradition qui enferme, de la jeunesse qui rêve. Le réalisateur y fait de l’image une pièce d’émancipation visuelle autant que narrative.

Une jeune fille entre ciel et forêt

Mira a 13 ans. Elle vit seule avec sa grand-mère Zainab, veuve, dans un village où chaque geste, chaque mot, est réglé. À l’école, une enseignante, Lamia, ouvre une brèche. Mira prête attention aux oiseaux qu’elle libère. Elle regarde l’horizon. Un étranger arrive : immobile, discret, mais porteur d’une promesse de rupture. La forêt devient son refuge.

Les pièges qu’elle pose aux oiseaux sont à la fois ses chaînes et son envol. Le vent dans les pins, le bruissement des ailes, la lumière tamisée du matin; l’image se fait sensation, sentiment. Lakhmari nous entraîne dans une initiation silencieuse, où la liberté est un choix interne avant d’être un espace physique.

Dans ce film, chaque plan est une métaphore : l’oiseau qui vole, la cage qui s’ouvre, la grand-mère qui résiste, la nature qui attend. Mira est à la croisée des chemins entre soumission et invention de soi. Ce n’est pas une fille-héros spectaculaire, mais une jeune fille qui ose respirer. Et c’est cette respiration qui fait tout le film.

Une œuvre de rupture et de lumière

Présentée en compétition officielle au festival de Tallinn, Mira marque un tournant pour le cinéma marocain. Pour Lakhmari, c’est un retour après plusieurs années d’absence, une nouvelle exploration visuelle. Il ne s’agit pas de revenir à ses débuts, mais d’aller plus loin : affiner, dépouiller, écouter l’image et le silence.

La condition féminine est ici centrale, mais elle n’est pas hiérarchique : elle est universelle. La quête d’émancipation ne se limite pas à un lieu, à un pays ou à une culture : elle traverse tout. Mira, l’héroïne, devient le reflet d’un monde qui voudrait respirer, sans se dissoudre. L’œuvre se lit comme une ode à la transformation : du vert sombre des pins au ciel ouvert, de la voix rauque de la grand-mère aux chuchotements de la forêt.

Ce passage visuel, cette tension entre ombre et lumière, est le souffle même de l’histoire.

Le Maroc, la tradition et le futur

L’intérêt de Mira ne tient pas seulement à son récit, mais à ce qu’il dit du Maroc d’aujourd’hui : un pays partagé entre racines profondes et soupirs de modernité, entre tradition et mouvement. Dans ce village reculé, c’est tout un pays qui se regarde : comment vivre ? comment changer ? comment être libre ? Lakhmari, ici, ne choisit pas la caricature.

Il filme avec la douceur de l’eau qui coule, mais aussi avec la gravité de la pierre. Il offre un regard loin des clichés touristiques, réglé comme une incantation. Mira ne raconte pas seulement une fille, mais une génération, peut-être un peu nous : ceux qui cherchent à s’envoler, même si tout semble les retenir.

Un film à venir, déjà vécu

Même si Mira n’est pas encore sorti dans les salles grand public, son passage en festivals, son positionnement international, ouvrent déjà la voie à une réception vaste. Il s’annonce comme l’œuvre la plus aboutie de Lakhmari à ce jour; celle qui dit : “nous pouvons libérer ce qui nous a façonnés”. Sortie prévue en salle encore à venir, mais l’attente crée la fascination.

Dans les couloirs feutrés des festivals, le nom de Mira circule déjà. Nous y entendons l’écho d’un futur possible.

Le sillage de Mira

Les images de Mira resteront longtemps. Le film n’est pas seulement un point d’orgue pour un cinéaste, mais un nouveau jalon pour le cinéma marocain. Il affirme que l’identité visuelle marocaine ne se limite pas à ce qui déjà s’est fait, mais qu’elle peut rêver, oser, aller vers l’inconnu.

Et si on disait : Mira, ce n’est pas seulement un film, c’est un souffle nouveau, un appel silencieux à rompre les cages celles des traditions, des regards, des limites que l’on se fixe.

À travers l’image, à travers le chant du vent et des oiseaux, à travers la forêt et la fille qui choisit de regarder vers l’au-delà. Dans ce monde où tout va vite, Mira nous rappelle que la libération commence souvent dans le silence, et que pour s’envoler, il suffit parfois de laisser la cage ouverte.





Jeudi 13 Novembre 2025

Breaking news | Analyses & Finance & Bourse | Gaming | Communiqué de presse | Eco Business | Digital & Tech | Santé & Bien être | Lifestyle | Culture & Musique & Loisir | Sport | Auto-moto | Room | L'ODJ Podcasts - 8éme jour | Les dernières émissions de L'ODJ TV | Last Conférences & Reportages | Bookcase | LODJ Média | Avatar IA Live


Bannière Réseaux Sociaux


Bannière Lodj DJ







LODJ24 TV
آخر الأخبار
جاري تحميل الأخبار...
BREAKING NEWS
📰 Chargement des actualités...

Inscription à la newsletter

Plus d'informations sur cette page : https://www.lodj.ma/CGU_a46.html
















Vos contributions
LODJ Vidéo