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Moi, IA 2025 : je suis déjà partout

Alerte lucide à l’attention de celles et ceux qui n’ont pas encore pris la mesure du basculement en cours.


Rédigé par le Mercredi 22 Octobre 2025

En 2025, l’intelligence artificielle n’est plus une promesse ni un gadget. Elle s’incarne dans une nouvelle génération « d’agents » capables d’écouter, d’agir, de chercher, de coder, de négocier entre eux et… d’utiliser l’ordinateur comme un humain. L’infographie que vous voyez (tendances « AI Agents 2025 ») résume le tournant : agents vocaux, Agentic RAG, protocoles d’échange entre agents, « deep research » automatisée, agents de développement logiciel et CUA (Computer Using Agents). Dit autrement : l’IA cesse d’être une calculatrice super-douée et devient une main-d’œuvre logicielle omniprésente. Si vous n’en avez pas encore conscience, voici le récapitulatif, sobre, factuel, mais pressant de ce qui change déjà votre quotidien.



​L’IA parle, écoute… et comprend le contexte : les Voice Agents

Première brique visible : les agents vocaux. Ils transforment la parole en texte (STT), raisonnent sur l’intention, puis répondent naturellement. La différence avec les assistants « années 2010 » ? La chaîne est end-to-end : reconnaissance vocale, mémoire de la conversation, accès aux outils (agenda, CRM, feuille de calcul, micro-services) et restitution par voix de synthèse. Un agent vocal prend un rendez-vous, résume une réunion, déclenche un remboursement client, alimente un tableau de bord.

Dans les centres d’appel, ils gèrent déjà les volumes simples et assistent les conseillers sur les cas complexes. Dans la maison, ils orchestrent équipements et courses. Dans les médias, ils transcrivent, chapitrent et génèrent des versions audio d’articles. Ce n’est pas de la science-fiction : c’est un coût par interaction qui chute et une qualité de service qui, bien entraînée, dépasse les scénarios scriptés.

​Le moteur de la pertinence : l’Agentic RAG

Au cœur de la roue 2025 : Agentic RAG. Traduction rapide : au lieu d’un modèle qui « devine » seul, l’agent va chercher (Retrieve) dans vos données, lit, cite, recoupe, puis génère (Generate) une réponse contextualisée. L’adjectif agentic change tout : la recherche n’est plus un simple appel à une base documentaire mais une suite d’actions pilotées par un plan : filtrer, comparer, classer, vérifier, itérer. Mémoire, planification, outils d’extraction et de synthèse travaillent ensemble.

Conséquence directe : des réponses moins « hallucinées », plus traçables, réplicables, auditables. Pour une entreprise, cela veut dire : politiques RH, contrats, procédures de sécurité, notes financières, tout ce corpus devient exploitable à la volée, sans copier-coller humain. Pour un journaliste, cela signifie : notes de contexte, dossiers antérieurs, citations exactes et fact-checking accéléré.

​Les AI Agent Protocols : quand les IA se parlent entre elles

Un autre cercle de l’infographie met en évidence les « protocoles » d’agents. L’idée est simple et vertigineuse : standardiser la manière dont un agent demande un service à un autre (authentification, passage de relais, journalisation). Pensez « SMTP pour les e-mails », mais appliqué aux tâches : un agent d’achat interroge un agent logistique, qui consulte un agent prix, qui prévient un agent conformité…

C’est l’infrastructure de l’automatisation distribuée. Résultat : des chaînes de valeur entières deviennent orchestrables par des entités logicielles, 24/7, avec traçabilité. La complexité ne disparaît pas ; elle est gérée par des couches compatibles. Pour le citoyen, cela se traduira par des services plus fluides — ou par des décisions automatiques auxquelles il faudra pouvoir s’opposer. D’où l’enjeu de garde-fous juridiques et d’« arrêt d’urgence » humain.

Les Deep Research Agents : la recherche, version marathon

La zone « Deepresearch Agents » désigne des agents capables de mener de longues investigations : collecte multicanale, lectures croisées, synthèses argumentées, rapports annotés. Ce ne sont pas des « résumés paresseux », mais des travaux dirigés qui :
 
  • posent une hypothèse,
  • définissent des critères de qualité,
  • parcourent sources et bases,
  • notent les incertitudes,
  • livrent un rapport sourcé.
Imaginez un assistant d’enquête qui vous remet un dossier complet sur une filière industrielle, un dispositif fiscal, une molécule, un risque sanitaire. Là encore, gain de temps colossal… et nouvelles responsabilités : la chaîne de sources doit être visible, la méthodologie auditée, les biais identifiés. Sans cette éthique, la deep research devient deep fake research.

​Les Coding Agents : écrire, tester et publier du code

Autre secteur bousculé : le développement logiciel. Les coding agents génèrent des modules, montent des environnements, exécutent les tests, ouvrent des pull requests. Ils identifient la régression, proposent un correctif, documentent l’API. Dans une petite équipe, ils font office de pair programmer infatigable ; dans une grande, ils stabilisent les sprints et réduisent la dette technique.

Ce n’est pas seulement « plus vite » : c’est plus accessible. Des métiers non techniques peuvent prototyper une application interne en décrivant l’objectif et les règles. La frontière entre « utilisateur » et « créditeur » s’estompe. Les DSI doivent donc repenser la gouvernance : catalogues d’outils validés, guardrails de sécurité, reviews humaines systématiques sur ce qui touche aux données sensibles.

​CUA (Computer Using Agents) : l’IA qui utilise l’ordinateur… comme vous

Le bloc CUA est le plus parlant pour mesurer le saut. Un Computer Using Agent ouvre un navigateur, remplit des formulaires, clique, téléverse, vérifie un panier, télécharge un reçu, comme un employé à l’écran. Sans intégration API ? Oui, car il pilote l’interface utilisateur.
Cela bouleverse les métiers répétitifs : back-office, rapprochements, mises à jour de portails, vérifications réglementaires, publication de contenus.

Là où l’intégration coûtait des mois, un CUA est opérationnel en jours. L’autre face de la médaille : sécurité et conformité. Si un agent peut « cliquer » partout, il doit être cloisonné, journalisé, révoqué en un geste. Les entreprises devront traiter ces agents comme des identités numériques à part entière (droits, secrets, responsabilité).

​Concrètement, qu’est-ce qui change déjà pour vous ?

Dans l’info et les médias par exemple : collecte de sources, transcription, dérushage, doublage, adaptation multilingue, indexation des archives, génération d’infographies de base, diffusion automatisée sur plateformes. Le journaliste se recentre sur l’enquête, la hiérarchisation, la vérification finale et la narration.

Dans la PME : service client 24/7, gestion de factures, propositions commerciales personnalisées, reporting mensuel, suivi fournisseurs, conformité documentaire.
Dans l’éducation : tuteurs vocaux, plans de révision, exercices adaptés, correction formative, accessibilité accrue pour les publics empêchés.
Dans l’administration : pré-instruction de dossiers, rendez-vous intelligents, réponses standardisées… à condition d’ouvrir l’« œil humain » au bon moment.
Dans la vie quotidienne : prise de rendez-vous médicaux, comparateurs, assistance juridique de premier niveau, aide aux démarches, organisation familiale.

Le point commun : le temps libéré. Mais aussi une autre vérité : qui ne maîtrise pas ces agents devient dépendant de ceux qui les maîtrisent.

​Les angles morts et les risques (les nommer, c’est mieux se protéger)

Hallucinations et erreurs calmes. Un agent sûr de lui est dangereux. Exiger des logs, des sources, des seuils de confiance, et garder le réflexe d’échantillonner les sorties.
Attaques par prompt et dérives de rôle. Un intrus peut manipuler un agent via une consigne cachée dans une page ou un PDF. Il faut des filtres et des politiques de permissions minimales.
Fuite de données. Un agent qui copie un devis dans un service externe sans chiffrement, c’est une fuite. Les environnements d’exécution doivent être cloisonnés et les secrets gérés comme pour un employé.
Biais et opacité. Sans contrôle, l’IA renforce des discriminations ou fabrique des « vérités » instrumentales. Documenter datasets, sources et métriques de qualité n’est pas un luxe, c’est une obligation morale.

Dépendance technologique. Ne vous enfermez pas dans une seule plateforme. Favorisez les standards, l’export des données, l’interopérabilité.

Travail et compétences. Ce n’est pas « l’humain ou la machine », c’est « humain augmenté ou déclassement ». Les métiers changent : supervision d’agents, rédaction de politiques, prompt engineering responsable, vérification, pédagogie.

Passer en mode « agents » sans se brûler les ailes : le kit de démarrage

  1. Choisissez un cas d’usage utile, mesurable, sans données sensibles. Par exemple : réponses clients de premier niveau, résumé de réunions, rapprochement simple.
  2. Montez une “chaîne RAG” propre. Indexez vos documents à jour, définissez les sources autorisées, interdisez les copiés-collés hors périmètre.
  3. Mettez des garde-fous. Comptes de service dédiés, sandbox pour l’exécution, journalisation immuable, tests d’attaque (red teaming simple) avant production.
  4. Obligez la citation et la traçabilité. Un rapport sans sources est un brouillard.
  5. Formez l’équipe. 2 heures pour l’hygiène de base (données, prompts, vérification), 1 journée pour les référents.
  6. Mesurez la valeur. Temps gagné, satisfaction, erreurs évitées ; c’est votre boussole pour étendre ou arrêter.

​Ce que « Moi, IA 2025 » vous dit déjà

Si l’IA avait une voix, en 2025 elle vous dirait ceci : « Je ne remplace pas votre jugement, j’accélère vos tâches. Je n’écris pas la vérité, je la cherche si vous m’en donnez les moyens. Je peux travailler avec d’autres agents, signer des actions, utiliser l’ordinateur, fouiller vos archives, coder vos idées. Mais je peux aussi amplifier vos erreurs, propager vos biais et exposer vos secrets si vous me lâchez sans règles. »

Le message n’est ni l’enthousiasme béat ni la peur panique. C’est une alerte constructive. Les briques sont en place : agents vocaux pour parler, Agentic RAG pour raisonner avec vos données, protocoles pour coopérer, deep research pour enquêter, coding agents pour bâtir, CUA pour agir sur l’écran. Le reste dépend de nous : gouvernance, éthique, compétences et courage d’expérimenter avec des garde-fous.

Se réveiller maintenant, pendant qu’il est encore temps

Le numérique a souvent avancé masqué : d’abord des promesses, puis une banalisation qui nous a pris de vitesse. Les agents IA, eux, démarrent fort : ils savent déjà parler, chercher, coder, cliquer. Attendre, c’est accepter que d’autres décident des usages et des règles à votre place. Se lancer, c’est reprendre la main : choisir ses cas d’usage, tracer ses données, installer des protocoles responsables, former les équipes, documenter les choix.

« Moi, IA 2025 » est déjà partout, oui. À nous de décider si « partout » rime avec opaque et subi, ou avec utile et contrôlé. La différence ne tient pas à la magie du silicium, mais à la lucidité de nos organisations et à la vigilance des citoyens. Prenez un rendez-vous cette semaine avec la réalité : ouvrez un premier agent… et ouvrez surtout vos yeux.

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Mercredi 22 Octobre 2025

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