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Monsieur le Président Macron, vous êtes en retard


Rédigé par le Samedi 26 Juillet 2025



Par Adnane Benchakroun – L’ODJ Média

Monsieur le président Emmanuel Macron, vous êtes arrivé 143e. Et ce n’est pas une course anodine. C’est celle de l’Histoire.

La France, ce vieux pays des Lumières, ce phare des droits humains autoproclamé, n’a reconnu l’État de Palestine qu’après 142 autres nations. Une décision saluée, bien sûr. Une décision attendue, réclamée, espérée. Mais une décision tardive, très tardive. Tellement tardive qu’elle en dit long sur le naufrage diplomatique d’un pays qui se voulait hier porteur d’un idéal universel.

Oui, Monsieur le Président, enfin. Mais quand on reconnaît un peuple martyrisé après plus de 70 ans de dépossession, plus de 17 ans de blocus à Gaza, plus de 35 000 morts depuis octobre 2023, ce n’est plus un geste politique, c’est un devoir de rattrapage.

Vous êtes arrivé avec 143 cachets de retard sur le passeport de la dignité humaine. Et cela, ni vos discours ni vos mises en scène diplomatiques ne pourront l’effacer. Le monde arabe vous a entendu. Trop tard. L’Afrique vous observe. Déjà ailleurs. Le Sud global vous écoute. D’une oreille.

Comment expliquer qu’il ait fallu tant de morts pour que la France reconnaisse une évidence géopolitique, une évidence morale, une évidence historique ? Comment ce pays, qui parle au nom de Voltaire et de Hugo, a-t-il pu se taire quand l’injustice faisait rage ?
Sans doute parce qu’en réalité, la raison d’État a étouffé la voix de l’éthique, et que le soutien aux droits du peuple palestinien n’a jamais été qu’un élément de langage diplomatique.

Il aura fallu un basculement dans l’opinion publique mondiale. Des mobilisations citoyennes. Des universités occupées. Des ONG réduites au silence. Des journalistes ciblés. Des enfants enterrés sous les ruines. Il aura fallu la honte, pour que Paris dise oui.

Vous étiez attendus à l’heure du courage, Monsieur Macron. Vous êtes venu à celle du calcul.
L’Histoire vous demandera des comptes. Elle vous demandera une pièce justificative. Pas une tribune dans Le Monde, ni un tweet solennel, ni une envolée lyrique au perron de l’Élysée. Non. Elle vous demandera pourquoi la France a tant attendu, et ce que cette reconnaissance tardive changera réellement dans la vie d’un seul Palestinien.

Car reconnaître n’est pas sauver. Car signer n’est pas reconstruire. Et car proclamer ne suffit plus.

Pendant que d’autres États — plus petits, plus pauvres, moins puissants — ont pris position depuis des décennies, la France, elle, a traîné les pieds, pesé les mots, consulté ses alliés, regardé vers Washington, craint Tel-Aviv, oublié Gaza.

Elle a hésité, reculé, tempéré. Elle a appelé à la paix sans condamner l’occupation. Elle a dénoncé les morts sans nommer les bourreaux. Et aujourd’hui, elle ose se réjouir d’avoir enfin "agi" ? Non. Ce n’est pas de la lucidité, c’est de la honte polie.

Le camp des justes ne se rejoint pas en première classe, Monsieur le Président. Il faut parfois sauter dans le train alors qu’il démarre. Et surtout, il faut accepter de ne pas être acclamé à l’arrivée.

Maintenant que vous avez reconnu l’État de Palestine, une question simple se pose : Et alors ?

Allez-vous expulser les produits des colonies de Cisjordanie de nos rayons ?
Allez-vous suspendre la coopération militaire avec l’État d’Israël ?
Allez-vous appeler vos alliés européens à faire de même, concrètement ?
Allez-vous porter plainte devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre ?
Allez-vous accueillir les réfugiés palestiniens avec plus d’humanité que ceux venus d’ailleurs ?

Reconnaître un État sans l’aider à exister, c’est lui donner un drapeau sans lui donner un toit.

On ne rattrape pas le temps, mais on peut arrêter de le perdre

Monsieur le Président, vous avez reconnu l’État de Palestine trop tard, mais pas trop mal. Le symbole est là. Il est fort. Il compte. Mais il ne suffira pas.

Car les peuples ne vivent pas de symboles. Ils vivent de justice, de liberté, de dignité. Et le peuple palestinien attend encore les trois.

L’Histoire a un long souffle, mais une mémoire vive. Elle ne pardonne pas les silences prolongés.
Vous étiez attendus à l’aube, vous êtes venus à la tombée du jour. Il vous reste la nuit pour méditer… et demain pour agir.





Samedi 26 Juillet 2025

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