Par Said Temsamani
La fin de la langue de bois
En déclarant sans détour « Nous ne craignons pas de rendre des comptes », Nizar Baraka s’est placé à contre-courant d’une culture politique trop souvent dominée par l’esquive, la communication de façade et la promesse facile. Le message est clair : gouverner, c’est agir, mais aussi assumer. En reconnaissant que l’objectif d’un million d’emplois reste hors d’atteinte dans le contexte économique actuel, il a choisi de parler le langage du réel plutôt que celui de l’illusion.
L’exercice n’est pas seulement une posture : il constitue une réponse à une attente profonde de la société marocaine. À l’heure où l’abstention menace de devenir la norme et où les partis peinent à incarner l’espérance, le courage de dire la vérité apparaît comme un acte politique en soi.
Le poids des contraintes structurelles
La force du discours de Baraka réside aussi dans son analyse des contraintes. Il n’a pas cherché d’excuses mais a nommé les obstacles : la sécheresse récurrente qui plombe l’agriculture, les conséquences de la guerre en Ukraine sur l’inflation et la stabilité économique, l’incapacité du secteur privé à accompagner la dynamique d’investissement public. Autant de facteurs qui montrent que la politique n’évolue pas dans le vide, mais dans un environnement mouvant, complexe, souvent contraint.
Cette lucidité contraste avec une rhétorique politique qui a longtemps préféré masquer les difficultés au lieu de les affronter. En assumant ce discours de vérité, Baraka redonne du sens à la parole publique : elle ne promet plus le miracle, elle éclaire le chemin possible malgré les tempêtes.
Une vision institutionnelle et historique
Le secrétaire général de l’Istiqlal a replacé son propos dans une perspective plus large : celle de l’évolution institutionnelle du pays. En évoquant le discours royal du 9 mars 2011 comme tournant décisif, il a rappelé que le Maroc a fait le choix d’élargir les responsabilités du gouvernement et, par conséquent, d’imposer une plus grande exigence de reddition des comptes.
Mais Baraka ne s’est pas limité à l’histoire : il a aussi dressé un constat inquiétant sur le présent. Selon lui, la scène politique souffre d’un déficit d’alternatives réelles, puisque tous les grands partis ont déjà exercé le pouvoir. Cela signifie que l’avenir politique du pays ne se jouera plus dans une opposition artificielle entre partis, mais dans la capacité collective à transformer la gouvernance et à regagner la confiance citoyenne.
Le risque de l’abstention et l’urgence de réinventer la communication politique
À l’approche des élections législatives, qui précéderont les communales, Baraka a mis le doigt sur une inquiétude majeure : la baisse attendue du taux de participation. Derrière cette crainte se cache une vérité simple mais grave : une démocratie sans électeurs devient une coquille vide.
Son appel implicite aux partis est sans ambiguïté : il faut repenser la manière de communiquer, sortir des slogans répétitifs, renouer avec la proximité et la crédibilité. Le citoyen marocain d’aujourd’hui est plus informé, plus exigeant, moins tolérant envers les promesses sans lendemain. Seule une parole incarnée et sincère pourra inverser la spirale du désengagement.
La protection sociale : un chantier royal, un défi national
Dans son intervention, Baraka a défendu le chantier de la généralisation de la protection sociale, refusant qu’il soit réduit à ses imperfections. Oui, le RAMED connaissait de graves défaillances ; oui, 30 % de ses bénéficiaires étaient indus. Mais aujourd’hui, entre 80 et 85 % des Marocains disposent d’une couverture médicale : un bond historique.
Loin de nier les failles, il a reconnu la nécessité d’ajuster et d’améliorer, tout en rappelant que l’État consacre 10 milliards de dirhams à ce projet royal. Le message est double : la transformation sociale est en marche, mais elle exige patience, évaluation et correction continue.
La sincérité comme stratégie politique
Au fond, l’essentiel n’est pas seulement dans les chiffres ou les projets évoqués, mais dans la manière dont ils ont été présentés. Nizar Baraka a démontré que la sincérité peut être une stratégie politique en elle-même. À une époque où le discrédit frappe les institutions et où la méfiance mine la démocratie, la clarté et la vérité sont peut-être les seuls leviers capables de redonner à la politique sa crédibilité perdue.
En rompant avec la langue de bois, Baraka ne s’est pas contenté de convaincre ses auditeurs d’un soir : il a tracé une voie. Celle d’une politique qui parle aux citoyens dans leur langage, qui assume ses failles autant que ses réussites, et qui s’inscrit dans une dynamique de transparence et de responsabilité.
Ce choix n’est pas seulement courageux ; il est stratégique. Car dans un Maroc en pleine mutation, confronté à des défis économiques, sociaux et géopolitiques considérables, les citoyens ne demandent plus des promesses, mais une vérité qui éclaire et mobilise.
Et c’est peut-être là la leçon la plus importante de cette intervention : la politique marocaine a besoin, plus que jamais, d’un discours de vérité.
En déclarant sans détour « Nous ne craignons pas de rendre des comptes », Nizar Baraka s’est placé à contre-courant d’une culture politique trop souvent dominée par l’esquive, la communication de façade et la promesse facile. Le message est clair : gouverner, c’est agir, mais aussi assumer. En reconnaissant que l’objectif d’un million d’emplois reste hors d’atteinte dans le contexte économique actuel, il a choisi de parler le langage du réel plutôt que celui de l’illusion.
L’exercice n’est pas seulement une posture : il constitue une réponse à une attente profonde de la société marocaine. À l’heure où l’abstention menace de devenir la norme et où les partis peinent à incarner l’espérance, le courage de dire la vérité apparaît comme un acte politique en soi.
Le poids des contraintes structurelles
La force du discours de Baraka réside aussi dans son analyse des contraintes. Il n’a pas cherché d’excuses mais a nommé les obstacles : la sécheresse récurrente qui plombe l’agriculture, les conséquences de la guerre en Ukraine sur l’inflation et la stabilité économique, l’incapacité du secteur privé à accompagner la dynamique d’investissement public. Autant de facteurs qui montrent que la politique n’évolue pas dans le vide, mais dans un environnement mouvant, complexe, souvent contraint.
Cette lucidité contraste avec une rhétorique politique qui a longtemps préféré masquer les difficultés au lieu de les affronter. En assumant ce discours de vérité, Baraka redonne du sens à la parole publique : elle ne promet plus le miracle, elle éclaire le chemin possible malgré les tempêtes.
Une vision institutionnelle et historique
Le secrétaire général de l’Istiqlal a replacé son propos dans une perspective plus large : celle de l’évolution institutionnelle du pays. En évoquant le discours royal du 9 mars 2011 comme tournant décisif, il a rappelé que le Maroc a fait le choix d’élargir les responsabilités du gouvernement et, par conséquent, d’imposer une plus grande exigence de reddition des comptes.
Mais Baraka ne s’est pas limité à l’histoire : il a aussi dressé un constat inquiétant sur le présent. Selon lui, la scène politique souffre d’un déficit d’alternatives réelles, puisque tous les grands partis ont déjà exercé le pouvoir. Cela signifie que l’avenir politique du pays ne se jouera plus dans une opposition artificielle entre partis, mais dans la capacité collective à transformer la gouvernance et à regagner la confiance citoyenne.
Le risque de l’abstention et l’urgence de réinventer la communication politique
À l’approche des élections législatives, qui précéderont les communales, Baraka a mis le doigt sur une inquiétude majeure : la baisse attendue du taux de participation. Derrière cette crainte se cache une vérité simple mais grave : une démocratie sans électeurs devient une coquille vide.
Son appel implicite aux partis est sans ambiguïté : il faut repenser la manière de communiquer, sortir des slogans répétitifs, renouer avec la proximité et la crédibilité. Le citoyen marocain d’aujourd’hui est plus informé, plus exigeant, moins tolérant envers les promesses sans lendemain. Seule une parole incarnée et sincère pourra inverser la spirale du désengagement.
La protection sociale : un chantier royal, un défi national
Dans son intervention, Baraka a défendu le chantier de la généralisation de la protection sociale, refusant qu’il soit réduit à ses imperfections. Oui, le RAMED connaissait de graves défaillances ; oui, 30 % de ses bénéficiaires étaient indus. Mais aujourd’hui, entre 80 et 85 % des Marocains disposent d’une couverture médicale : un bond historique.
Loin de nier les failles, il a reconnu la nécessité d’ajuster et d’améliorer, tout en rappelant que l’État consacre 10 milliards de dirhams à ce projet royal. Le message est double : la transformation sociale est en marche, mais elle exige patience, évaluation et correction continue.
La sincérité comme stratégie politique
Au fond, l’essentiel n’est pas seulement dans les chiffres ou les projets évoqués, mais dans la manière dont ils ont été présentés. Nizar Baraka a démontré que la sincérité peut être une stratégie politique en elle-même. À une époque où le discrédit frappe les institutions et où la méfiance mine la démocratie, la clarté et la vérité sont peut-être les seuls leviers capables de redonner à la politique sa crédibilité perdue.
En rompant avec la langue de bois, Baraka ne s’est pas contenté de convaincre ses auditeurs d’un soir : il a tracé une voie. Celle d’une politique qui parle aux citoyens dans leur langage, qui assume ses failles autant que ses réussites, et qui s’inscrit dans une dynamique de transparence et de responsabilité.
Ce choix n’est pas seulement courageux ; il est stratégique. Car dans un Maroc en pleine mutation, confronté à des défis économiques, sociaux et géopolitiques considérables, les citoyens ne demandent plus des promesses, mais une vérité qui éclaire et mobilise.
Et c’est peut-être là la leçon la plus importante de cette intervention : la politique marocaine a besoin, plus que jamais, d’un discours de vérité.












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