En réalité, comme l’a souligné le ministre, l’intervention de Hind Bennani Rtel était davantage une charge politique contre le ministre qu’une proposition, et c’est ce qui l’a prodigieusement irrité.
En tout état de cause, l’attaque du ministre est prohibée, éthiquement et politiquement. Aussi, parler comme il l’a fait, de « communiqué du conseil de commandement de la révolution », accuser l’élue de « ne pas avoir lu le texte qu’elle critique », et finir sa réponse par un très condescendant « bechouiya alik » (qu’on peut traduire par ‘calme-toi’), est très déplacé.
Et pour tout dire, indigne… indigne du parlement, indigne du ministre de la Justice, indigne d’un Maroc que nous voulons un peu meilleur, si possible.
La scène s’est produite sous la présidence d’un vice-président USFP (on ne peut décemment pas dire socialiste) qui s’est surpassé pour enlaidir encore plus les choses.
Ricanant à la réponse du ministre, il a plusieurs fois outrepassé ou bafoué le règlement intérieur de la Chambre, en vitupérant, en accordant la parole au ministre plus qu’il ne devait et en la refusant au groupe PJD qui la réclamait, puis en demandant l’expulsion d’Abdessamad Haiker, député PJD, de l’hémicycle.
Ce président de séance appartient supposément à l’opposition, mais son obséquiosité et sa partialité à l’endroit du ministre dépassaient les limites convenues.
Il aura fallu l’intervention physique du ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit pour extirper M. Ouahbi de l’algarade qui menaçait de basculer en empoignade !
Par la suite, le ministre Ouahbi, toujours en colère, s’est lâché contre M. Haiker, en lui lançant une injure particulièrement ignominieuse, pour laquelle il s’est promptement excusé, sans véritablement réparer le préjudice subi par le destinataire de l’insulte qui impliquait son père…
De quoi tout cela est-il le nom ?
Sur le plan politique, la confrontation des idées et la saine compétition entre formations politiques au Maroc sont de moins en moins de l’antagonisme et de plus en plus de l’aversion, voire de la haine.
Le PJD cristallise l’animosité et la véhémence de plusieurs autres formations, alors même qu’il n’est qu’un parti comme les autres ; mais ces mêmes autres l’accusent de tous les maux, à tort, car le PJD se « normalise », si tant est qu’il fut « différent » un jour.
Abdellatif Ouahbi, ancien secrétaire général du PAM, est le digne successeur d’un Ilyas El Omari qui avait fait de la lutte — de la guerre plutôt — contre le PJD son unique objectif.
L’actuel ministre de la Justice a repris le flambeau et semble ne jamais l’avoir lâché. C’est son droit, mais la forme est très importante, au parlement. Quand un ministre de la Justice s’en prend à une députée, PJD ou autre, sur une question législative, cela montre le degré auquel est arrivée notre classe politique ; et quand il le fait avec la solidarité et même la complicité agissante et hurlante d’un président de séance, les choses sont encore plus préoccupantes.
Après le scandale qui a récemment secoué le secteur de la presse et secoue encore la société, voilà aujourd’hui le ministre de la Justice qui confirme ce que les gens savent de lui : un tribun qui aurait pu, grâce à son verbe et à son expertise, faire bien plus et bien mieux que ce qu’il a réalisé s’il ne se laissait aller à ses démons langagiers et dominateurs.
Et comme toujours en notre bon royaume, personne ne réagit, personne ne sévit.
Comment ramener la population à la politique et réconcilier les jeunes avec ce milieu, selon l’expression tendance en ce moment, avec des députés qui s’invectivent, un ministre de la Justice coutumier de l’algarade et de la provocation, plus tous les autres problèmes que nous connaissons tous ? Cette situation de notre classe politique a induit de regrettables échauffourées lors des dernières élections, et cela n’augure rien de bon pour la campagne du scrutin à venir en 2026.
Devons-nous désespérer de cette classe politique et attendre une relève qui pourra se faire par et avec les nouvelles lois électorales ? Peut-être…












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