Il est loin le temps où les Marocains avaient une seule télé et LA radio nationale pour seuls médias, pour seule source d’information, laquelle était peu ou prou liée au ministère de l’Intérieur… et de l’Information.
Mais pas n’importe quels médias. Et là aussi, on retrouve un Maroc à deux vitesses, selon l’expression désormais fameuse.
1/ Un Maroc des médias publics, convenus et conventionnels, offrant du contenu certes divers et diversifié, mais ne répondant pas totalement aux attentes des destinataires, des consommateurs d’information, et :
2/ Un Maroc de l’information non publique, divisée entre réseaux sociaux où la parole est libérée et médias privés dont le contenu est plus audacieux, plus fouillé que ce qui existe dans le public. Or, ces médias privés sont eux-mêmes scindés en deux catégories, les médias professionnels, structurés et placés sous l’autorité de la loi, et les podcasts échappant à toute règle ou réglementation, rendant souvent compte certes mais réglant aussi et bien malheureusement souvent des comptes.
Jusque-là, les choses demeurent normales car la concurrence et la compétition entre public et privé jouent ainsi dans tous les pays du monde, ou presque.
Résultat : l’opinion publique migre vers le podcast, contraignant les médias audiovisuels publics à résister pour rester dans la course de l’information. Cette résistance est souvent fébrile car le cadre normatif, la pesanteur administrative et les contraintes financières de ces médias publics empêchent une véritable concurrence avec les podcasters, plus agiles et plus libres.
Entre l’anxiogène et le sensationnel, ces podcasters tombent souvent dans l’artificiel, le commercial, et dans ce domaine, les médias publics sont largement dépassés, soit parce qu’ils sont étroitement cadrés par leur déontologie, soit qu’ils s’autocensurent pour rester dans les limites de la doxa nationale.
De plus, ces médias traditionnels, comme partout ailleurs, ne sont pas calibrés pour atteindre toutes les catégories de consommateurs d’informations ; en effet, et outre les demandeurs d’informations, il y a ceux qui cherchent l’analyse ou le débat, les formats courts ou longs, les anecdotes ou les faits…
La demande s’est élargie, diversifiée, et l’audiovisuel public peine à suivre car il reste largement dépendant de la subvention de l’Etat.
Mais ces réseaux sociaux ont également attiré une partie significative du lectorat et de l’audience car leur contenu est bien plus ciblé et, pour tout dire, attrayant par sa facilité et aguicheur par, souvent, ses calomnies.
Nous en sommes là.
Or, les élections à venir sont très importantes, cruciales, pour le devenir de ce pays et de la trajectoire qu’il prendra sur tous les plans ; la sensibilisation à la nécessité de voter et la présentation des partis politiques et des élections gagnerait à être assurée par des médias audiovisuels plus pointus, plus percutants, plus attrayants, mais aujourd’hui largement délaissés par l’opinion publique.
Il reste donc à en définir les raisons pour remédier à cette situation où les anciennes technologies supplantent les anciennes. Pour ce faire, une évaluation des audiences et donc de la qualité et de la pertinence éditoriales doivent devenir la règle, pour corriger ce qui se doit, améliorer ce qui peut l’être et innover si besoin est, et besoin est.
Au Maroc, les médias audiovisuels publics sont en train de perdre la guerre de l’information.
PAR AZIZ BOUCETTA/PANORAPOST.MA












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