Le PLF 2026 arrive au Parlement. On parlera enveloppes, barèmes, priorités sectorielles. On oubliera, comme souvent, l’équation qui décide du destin d’un pays qui vise l’émergence :
Toute la vraie question est là : ce budget fait-il baisser “i” ou fait-il monter “g” — et à quel horizon ?
La dynamique de la dette tient en trois mots : taux, croissance, solde primaire.
Si g > i, la part de dette dans le PIB se stabilise ou recule sans austérité aveugle.
Si i > g, le pays rame à contre-courant ; chaque choc (matières premières, change, sécheresse) peut faire déraper la trajectoire.
Le solde primaire (recettes – dépenses hors intérêts) fait le liant : plus il est proche de l’équilibre, plus la mécanique g > i fait le travail.
Autrement dit, un bon PLF n’est pas seulement « vertueux » ; il est dessiné pour inverser durablement le spread i–g.
Deux voies, deux horizons
A. Faire baisser i (taux et primes de risque)
C’est le levier « rapide » si le budget est crédible : trajectoire lisible du déficit, gestion active de la dette (allonger les maturités, privilégier la dette en monnaie locale, lisser les pics de remboursement), prévisibilité fiscale, maîtrise de l’inflation importée et signal réformateur sur la gouvernance des entreprises publiques. Quand la crédibilité monte, les primes de risque baissent et la courbe des taux suit.
B. Faire monter g (croissance potentielle)
C’est le levier « profond » : productivité (éducation, santé, compétences), investissement privé (sécurité juridique, délais de paiement, concurrence loyale), exportations (montée en gamme, contenu local, logistique), transition énergétique (coût de l’électricité pour l’industrie), et capex public mieux ciblé (moins d’effet vitrine, plus d’effet multiplicateur). C’est plus lent, mais c’est ce qui verrouille g > i sur plusieurs années.
Que peut faire un PLF pour baisser i, concrètement ?
Trajectoire budgétaire crédible : un déficit annoncé… puis tenu. La cohérence entre cadrage macro et lois de règlement parle plus fort que n’importe quel slogan.
Qualité des dépenses : couper l’inefficace, protéger l’investissement utile (infrastructures à fort effet d’entraînement, digitalisation de l’État, capital humain).
Gestion de la dette : calendrier clair des adjudications, profondeur du marché domestique, plus de maturités longues, part croissante en monnaie locale.
Stabilité fiscale : éviter les grands à-coups ; quand le cadre est prévisible, le coût du capital baisse.
Gouvernance publique : plans de performance pour les EP/EEP, publication des risques contingents, transparence des PPP : le marché « price » la sincérité.
Que peut faire un PLF pour doper g, sans diluer la discipline ?
Ciblage des incitations : moins de niches larges, plus d’incitations conditionnées à l’investissement productif, à l’emploi qualifié et à l’export.
Réformes “procédurales” à effet rapide : chaîne du permis (foncier, urbanisme), délais de paiement, exécution des décisions de justice économique, marchés publics pro-PME.
Capex à fort multiplicateur : eau, énergie, logistique fine (zones industrielles prêtes à l’emploi), numérique (interopérabilité, identités et paiements).
Capital humain : santé scolaire, orientation, filières courtes technologiques ; sans compétences, l’argent public « patine ».
Climat pro-innovation : achats publics innovants, crédits d’impôt R&D simples, et mise à l’échelle des championnats deeptech/greentech naissants.
Les angles morts à éviter
Confondre volume et qualité d’investissement : 1 dirham d’“ouvrage” inutile n’est pas 1 dirham de croissance potentielle.
Multiplier les exonérations sans sunset clause : elles coûtent cher, cristallisent des rentes et dégradent le rendement futur.
Rater la cohérence : un PLF peut très bien annoncer l’export et pénaliser la logistique ; promettre l’industrie verte tout en gardant un prix de l’énergie dissuasif.
Négliger le local : la dette en devise bon marché peut séduire ; le risque de change, lui, ne prévient pas.
Si la croissance (g) dépasse durablement le coût moyen de la dette (i), la dette « s’allège » mécaniquement ;
Si i > g, elle pèse, même avec des efforts.
Toute la vraie question est là : ce budget fait-il baisser “i” ou fait-il monter “g” — et à quel horizon ?
La mécanique qu’on ne débat presque jamais !
La dynamique de la dette tient en trois mots : taux, croissance, solde primaire.
Si g > i, la part de dette dans le PIB se stabilise ou recule sans austérité aveugle.
Si i > g, le pays rame à contre-courant ; chaque choc (matières premières, change, sécheresse) peut faire déraper la trajectoire.
Le solde primaire (recettes – dépenses hors intérêts) fait le liant : plus il est proche de l’équilibre, plus la mécanique g > i fait le travail.
Autrement dit, un bon PLF n’est pas seulement « vertueux » ; il est dessiné pour inverser durablement le spread i–g.
Deux voies, deux horizons
A. Faire baisser i (taux et primes de risque)
C’est le levier « rapide » si le budget est crédible : trajectoire lisible du déficit, gestion active de la dette (allonger les maturités, privilégier la dette en monnaie locale, lisser les pics de remboursement), prévisibilité fiscale, maîtrise de l’inflation importée et signal réformateur sur la gouvernance des entreprises publiques. Quand la crédibilité monte, les primes de risque baissent et la courbe des taux suit.
B. Faire monter g (croissance potentielle)
C’est le levier « profond » : productivité (éducation, santé, compétences), investissement privé (sécurité juridique, délais de paiement, concurrence loyale), exportations (montée en gamme, contenu local, logistique), transition énergétique (coût de l’électricité pour l’industrie), et capex public mieux ciblé (moins d’effet vitrine, plus d’effet multiplicateur). C’est plus lent, mais c’est ce qui verrouille g > i sur plusieurs années.
Que peut faire un PLF pour baisser i, concrètement ?
Trajectoire budgétaire crédible : un déficit annoncé… puis tenu. La cohérence entre cadrage macro et lois de règlement parle plus fort que n’importe quel slogan.
Qualité des dépenses : couper l’inefficace, protéger l’investissement utile (infrastructures à fort effet d’entraînement, digitalisation de l’État, capital humain).
Gestion de la dette : calendrier clair des adjudications, profondeur du marché domestique, plus de maturités longues, part croissante en monnaie locale.
Stabilité fiscale : éviter les grands à-coups ; quand le cadre est prévisible, le coût du capital baisse.
Gouvernance publique : plans de performance pour les EP/EEP, publication des risques contingents, transparence des PPP : le marché « price » la sincérité.
Que peut faire un PLF pour doper g, sans diluer la discipline ?
Ciblage des incitations : moins de niches larges, plus d’incitations conditionnées à l’investissement productif, à l’emploi qualifié et à l’export.
Réformes “procédurales” à effet rapide : chaîne du permis (foncier, urbanisme), délais de paiement, exécution des décisions de justice économique, marchés publics pro-PME.
Capex à fort multiplicateur : eau, énergie, logistique fine (zones industrielles prêtes à l’emploi), numérique (interopérabilité, identités et paiements).
Capital humain : santé scolaire, orientation, filières courtes technologiques ; sans compétences, l’argent public « patine ».
Climat pro-innovation : achats publics innovants, crédits d’impôt R&D simples, et mise à l’échelle des championnats deeptech/greentech naissants.
Les angles morts à éviter
Confondre volume et qualité d’investissement : 1 dirham d’“ouvrage” inutile n’est pas 1 dirham de croissance potentielle.
Multiplier les exonérations sans sunset clause : elles coûtent cher, cristallisent des rentes et dégradent le rendement futur.
Rater la cohérence : un PLF peut très bien annoncer l’export et pénaliser la logistique ; promettre l’industrie verte tout en gardant un prix de l’énergie dissuasif.
Négliger le local : la dette en devise bon marché peut séduire ; le risque de change, lui, ne prévient pas.
La grille de lecture pour les députés (8 questions utiles)
Spread i–g : quelle hypothèse implicite sur i – g en 2026-2028 ? Le PLF vise-t-il explicitement g ≥ i à horizon triennal ?
Solde primaire : améliore-t-on le primaire hors “one-offs” ? Comment ?
Qualité du capex : part des projets avec études socio-éco ex-ante, et suivi ex-post public ?
Dette et change : quelle part à taux fixe, en monnaie locale, et quelle maturité moyenne en fin 2026 ?
Prévisibilité fiscale : quelles mesures pluriannuelles, quelles clauses de caducité (sunset) et quels indicateurs pour évaluer ?
Multiplicateur : quelles dépenses ont un multiplicateur court terme >1 et un effet productif long terme ?
Productivité : quelles réformes “procédurales” livrables en moins de 12 mois ? (Permis, délais, exécution)
Transparence : quelles données trimestrielles seront publiées pour que le marché teste la crédibilité (exécution, dettes commerciales, avances, PPP) ?
Solde primaire : améliore-t-on le primaire hors “one-offs” ? Comment ?
Qualité du capex : part des projets avec études socio-éco ex-ante, et suivi ex-post public ?
Dette et change : quelle part à taux fixe, en monnaie locale, et quelle maturité moyenne en fin 2026 ?
Prévisibilité fiscale : quelles mesures pluriannuelles, quelles clauses de caducité (sunset) et quels indicateurs pour évaluer ?
Multiplicateur : quelles dépenses ont un multiplicateur court terme >1 et un effet productif long terme ?
Productivité : quelles réformes “procédurales” livrables en moins de 12 mois ? (Permis, délais, exécution)
Transparence : quelles données trimestrielles seront publiées pour que le marché teste la crédibilité (exécution, dettes commerciales, avances, PPP) ?
Mon humble verdict de méthode
Un PLF « d’émergence » se reconnaît moins à la poésie des priorités qu’à la convergence de deux mouvements :
À 12–18 mois : faire baisser i par la crédibilité budgétaire, la gestion de dette et la stabilité fiscale.
À 36–60 mois : faire monter g par la productivité (capital humain), l’investissement privé sécurisé par l’État de droit, et l’export à valeur ajoutée.
Entre les deux, il y a la cohérence : si l’on subventionne l’avenir (énergie propre, industrie, compétences), il faut financer par la lutte contre les rentes et les dépenses sans effet, pas par la dette courte et chère. Si l’on promet la “simplification”, il faut mesurer le temps réellement gagné pour une PME — et publier le chiffre.
À 12–18 mois : faire baisser i par la crédibilité budgétaire, la gestion de dette et la stabilité fiscale.
À 36–60 mois : faire monter g par la productivité (capital humain), l’investissement privé sécurisé par l’État de droit, et l’export à valeur ajoutée.
Entre les deux, il y a la cohérence : si l’on subventionne l’avenir (énergie propre, industrie, compétences), il faut financer par la lutte contre les rentes et les dépenses sans effet, pas par la dette courte et chère. Si l’on promet la “simplification”, il faut mesurer le temps réellement gagné pour une PME — et publier le chiffre.
En clair : demander au PLF 2026 ce qu’il fait pour i demain matin et pour g après-demain.
S’il répond aux deux, même imparfaitement mais lisiblement, alors le pays se rapproche de son objectif d’émergence. Sinon, on aura, une fois de plus, un budget qui parle bien mais une équation qui ne tourne pas.
L'autre angle mots des PLF : Toujours veiller à ce que la croissance dépasse le taux annuel d’exode rural.
Pour un pays comme le Maroc, c’est un impératif macro-social autant qu’économique : si le PIB progresse moins vite que l’hémorragie démographique des campagnes, on fabrique mécaniquement du chômage urbain, on étouffe les infrastructures des villes et on creuse les poches de pauvreté périurbaine.
L’enjeu n’est pas d’« empêcher » la mobilité, mais de déplacer le centre de gravité de la création de valeur : augmenter les revenus ruraux (agro-industrie, irrigation fine, coopératives, labels), mailler le territoire en villes intermédiaires équipées (santé, formation, logement abordable, transport), et connecter le monde rural au numérique productif (e-commerce, services à distance).
Tant que la courbe de g (croissance potentielle) ne surpasse pas celle de l’exode, chaque point de migration devient un coût ; dès qu’elle la devance, il se transforme en dividende d’agglomération : plus d’emplois formels, une productivité urbaine soutenable et une campagne qui reste vivante parce qu’elle crée, vend et innove.
L’enjeu n’est pas d’« empêcher » la mobilité, mais de déplacer le centre de gravité de la création de valeur : augmenter les revenus ruraux (agro-industrie, irrigation fine, coopératives, labels), mailler le territoire en villes intermédiaires équipées (santé, formation, logement abordable, transport), et connecter le monde rural au numérique productif (e-commerce, services à distance).
Tant que la courbe de g (croissance potentielle) ne surpasse pas celle de l’exode, chaque point de migration devient un coût ; dès qu’elle la devance, il se transforme en dividende d’agglomération : plus d’emplois formels, une productivité urbaine soutenable et une campagne qui reste vivante parce qu’elle crée, vend et innove.












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