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Pour en finir avec le scandale du « nomadisme politique »

Quand l’opportunisme défigure la démocratie


Rédigé par le Vendredi 22 Août 2025

Nomadisme politique au Maroc : une pratique qui mine la démocratie. Limiter ce phénomène pourrait redonner sens et dignité à la vie publique.



Changer de parti au gré des intérêts et des promesses est devenu une banalité inquiétante dans la vie politique marocaine.

Derrière ce phénomène du « nomadisme politique », ce sont la crédibilité des institutions, la confiance des électeurs et la moralité de la scène publique qui s’érodent.

Limiter strictement cette pratique pourrait être l’un des leviers décisifs pour redonner sens et cohérence à l’action politique.

​Un sport électoral devenu coutume

Le Maroc n’échappe pas à une maladie chronique qui ronge bien des démocraties émergentes : l’instabilité partisane. Ici, elle prend une forme caricaturale, celle du « nomadisme politique ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : un grand nombre de parlementaires ont changé de parti au moins deux fois. Certains ont battu des records, allant jusqu’à sept changements successifs, sans la moindre gêne.

Derrière ces trajectoires en zigzag, il n’y a pas d’évolution idéologique, encore moins de quête sincère de cohérence politique. Ce qu’on observe, c’est une stratégie de carrière où l’étiquette est secondaire, l’objectif unique étant de se maintenir dans la course au pouvoir. Le parti devient alors une simple monture : on y grimpe, on le chevauche, on le quitte dès qu’il n’avance plus assez vite.

​Une trahison des électeurs

Le premier perdant de ce nomadisme est l’électeur. Car voter pour un candidat, c’est voter aussi pour un parti, pour un programme, pour une orientation. Lorsque l’élu, une fois installé au Parlement, bascule dans le camp adverse, il trahit le mandat qui lui a été confié.

Cette mobilité permanente nourrit la défiance. Comment croire encore aux discours de campagne, aux slogans de fidélité et de loyauté, si l’élu peut, en quelques mois, renier le drapeau sous lequel il a été élu ? C’est un coup porté au principe même de représentation : les citoyens ne se sentent plus représentés par un projet, mais trompés par un opportunisme.

​Une économie souterraine des investitures

Le nomadisme n’est pas seulement une affaire de conviction personnelle. C’est aussi une mécanique bien huilée, alimentée par l’argent. Les « marchands d’investitures » achètent et vendent les ralliements comme d’autres négocient des parts de marché.

Cette logique transforme les élections en marché noir : il ne s’agit plus de débattre d’idées ou de projets, mais de monnayer des bascules. Le candidat nomade est en réalité un investisseur à court terme : il investit dans un parti pour en tirer un mandat, puis revend sa loyauté au plus offrant.

Le résultat ? Une vie politique vidée de sens, minée par les transactions occultes et les alliances de circonstance.

​La moralisation comme urgence nationale

Face à cette dérive, une proposition mérite attention : limiter le droit de changer de parti à une seule fois dans une carrière parlementaire. Ce n’est pas une restriction de liberté, c’est un garde-fou.

Un élu peut légitimement quitter son parti s’il estime avoir subi une injustice, un blocage ou une incompatibilité profonde avec sa formation. Mais répéter cette opération indéfiniment n’a rien de noble : c’est la marque d’un opportunisme effréné.

Étendre cette mesure aux élus des collectivités territoriales et des chambres professionnelles serait une suite logique. Car le problème n’est pas uniquement parlementaire : il touche l’ensemble des institutions élues, et fragilise la démocratie locale autant que nationale.

​Pourquoi cette réforme changerait la donne

Imposer un plafond au nomadisme aurait plusieurs effets vertueux :

Réaffirmer le rôle des partis : les formations cesseraient d’être des coquilles interchangeables et retrouveraient leur valeur identitaire.

Redonner sens à l’engagement : les élus seraient contraints de respecter leurs choix initiaux, d’assumer leurs convictions et de rester cohérents.

Réduire l’argent sale : moins de transactions cachées autour des ralliements, moins de marchandage d’investitures.

Renforcer la confiance : les électeurs sauraient que leur vote ne peut être détourné indéfiniment par des élus nomades.

​Une étape dans un chantier plus vaste

Soyons clairs : limiter le nomadisme politique ne suffira pas, à lui seul, à assainir la vie publique. Mais ce serait un signal fort, une pierre posée sur le chemin de la moralisation.

Le vrai défi reste plus large :

réformer le financement des partis,
renforcer la transparence des campagnes,
instaurer une culture de responsabilité et d’éthique,
éduquer les électeurs à sanctionner les comportements opportunistes.

Le nomadisme est le symptôme d’une maladie plus profonde : l’absence de culture de l’engagement. Traiter le symptôme n’éradique pas la maladie, mais cela permet au moins de stabiliser le patient.

​Quand la démocratie devient un théâtre d’ombres

Le danger, si rien n’est fait, est de laisser s’installer une démocratie de façade. Des élections régulières, des institutions en place, mais une vie politique qui n’est qu’un théâtre d’ombres.

Les partis se vident de leur sens, les élus se baladent d’une étiquette à l’autre, et les citoyens se désintéressent. Ce cercle vicieux mène à l’abstention massive, à la montée du cynisme, et à la fragilisation de la légitimité institutionnelle.

Un pays ne peut pas construire son avenir démocratique sur le sable mouvant de l’opportunisme.

Septembre 2026 : l'épreuve de vérité

La lutte contre le nomadisme politique est plus qu’une réforme technique. C’est une épreuve de vérité pour nos institutions. Soit elles acceptent de s’attaquer à ce fléau et redonnent souffle à la démocratie marocaine. Soit elles continuent de tolérer cette mascarade et précipitent le divorce entre la société et ses représentants.

La moralisation de la vie politique n’est pas un slogan, c’est une nécessité. Et parfois, une seule règle bien pensée vaut mieux que mille discours creux. Limiter le nomadisme politique à une seule fois, c’est rappeler aux élus que la fidélité n’est pas une option, c’est l’essence même du contrat démocratique.

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Vendredi 22 Août 2025

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