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Quand le Conseil de sécurité consacre le réalisme marocain au Sahara


Rédigé par le Dimanche 2 Novembre 2025



L’ONU, enfin, ne gère plus le statu quo : elle facilite la solution

Quand le Conseil de sécurité consacre le réalisme marocain au Sahara
Dans les couloirs feutrés de l’ONU, certains votes ne changent pas seulement des mots : ils déplacent des paradigmes. La Résolution 2025, adoptée en octobre par le Conseil de sécurité, appartient à cette catégorie rare. Elle transforme en norme ce qui, pendant des années, ressemblait à une simple équation diplomatique. L’initiative marocaine d’autonomie, proposée en 2007, n’est plus un élément parmi d’autres sur la table : elle devient la base officielle du processus politique autour du Sahara. Le Conseil de sécurité, cette fois, ne « prend pas note ». Il consacre.

Derrière ce glissement sémantique se cache une architecture juridique lourde de sens.

Depuis 2007, l’ONU qualifiait la proposition marocaine de « sérieuse et crédible ». En 2025, elle la hisse au rang de fondement nécessaire. Le langage produit du droit, et le droit produit des effets : une forme de légitimité internationale désormais difficile à contester. Dans cette logique, refuser la négociation, c’est accepter la marginalisation diplomatique. Le principe de bonne foi, pacta sunt servanda, redevient central.

Cette résolution marque aussi la disparition silencieuse d’un vieux totem : le référendum. Le vocabulaire onusien l’a effacé de ses résolutions plus vite qu’il n’a disparu des slogans militants. Le nouveau modèle, conforme aux pratiques du XXIᵉ siècle, privilégie la participation interne aux souverainetés établies, plutôt qu’une séparation incertaine. C’est un basculement doctrinal : le droit international favorise la stabilité, la gouvernance effective et la cohérence institutionnelle. Autrement dit, l’effectivité vaut reconnaissance.

Le dossier quitte par ailleurs la sphère émotionnelle du militantisme pour rejoindre le droit sec du Chapitre VI, consacré au règlement pacifique des différends. L’approche idéologique s’estompe : il ne s’agit plus de rejouer l’histoire postcoloniale, mais de construire un cadre juridique opérationnel. Soutenir l’autonomie devient cohérent avec la Charte de l’ONU et avec la pratique du Conseil.

Dans les coulisses, une coalition du réalisme s’est structurée autour de puissances influentes : les États-Unis, penholder du dossier, mais aussi la France, le Royaume-Uni, le Ghana, le Japon ou encore le Brésil. Le mandat de la MINURSO est prolongé jusqu’en 2026, avec une mission qui glisse lentement de la surveillance ambiguë vers l’accompagnement politique. L’ONU, enfin, ne gère plus le statu quo : elle facilite la solution.

Les implications dépassent la diplomatie. Un cadre juridique stabilisé attire les investisseurs, rassure les partenaires et clarifie les perspectives économiques. Dans une région exposée aux menaces terroristes et aux fragilités frontalières, le Sahara Marocain, loin d’être un désert de politiques publiques, s’affirme comme pôle de co-développement africain. On passe de la géopolitique défensive à la projection économique assumée.

La portée de la résolution tient autant à ce qu’elle dit qu’à ce qu’elle ne dit plus. Ce silence n’est pas vide : il remplace la fiction d’un impossible référendum par la réalité d’une gouvernance participative. Le dossier cesse d’être un carburant militant pour devenir un chantier institutionnel.

En creux, une évidence s’impose : le réalisme juridique n’est pas le deuil du droit. C’est son application concrète au service de la stabilité. En consacrant l’initiative marocaine, l’ONU ne prend pas parti dans un bras de fer idéologique. Elle applique une logique universelle : reconnaître ce qui fonctionne, encourager le dialogue, limiter les tensions. Une maturité normative qui, peut-être, manquait jusque-là.

Les prochaines années diront si la diplomatie suit le sillon tracé. La paix, comme le droit, demande de la méthode, de la patience, et un ancrage lucide dans le réel. La Résolution 2025 offre enfin un cadre — encore faut-il accepter d’y participer.

L’histoire, parfois, avance par un simple verbe. « Consacre » n’est pas le plus spectaculaire. C’est, en revanche, l’un des plus irréversibles.

Résolution S/2025/692, ONU, souveraineté marocaine sur le Sahara, plan d’autonomie du Maroc, Rabat, Maroc, Bourita, Alger






Dimanche 2 Novembre 2025

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