Dès 10 heures du matin, la place Bab El Had s’est transformée en point de ralliement symbolique. Hommes, femmes, étudiants, militants politiques, syndicalistes ou simples citoyens : la foule, estimée à plusieurs dizaines de milliers de personnes, s’est élancée sur l’avenue Mohammed V, face au Parlement.
 

Sous le slogan « Le peuple marocain d’une seule voix : contre le génocide, avec la résistance », la marche a duré plus de trois heures. Les manifestants scandaient « Palestine libre ! », brandissaient des drapeaux marocains et palestiniens, et exhibaient des pancartes dénonçant la “guerre de famine” imposée à Gaza.
 

Certains ont brandi des photos d’enfants palestiniens tués. La marche s’est déroulée sous haute surveillance sécuritaire, les forces de l’ordre encadrant le cortège sans incident majeur.
 

Organisée par le Groupe d’action nationale pour la Palestine et le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation, cette manifestation a réuni un éventail inédit de sensibilités : de la gauche progressiste aux mouvances islamistes, en passant par des collectifs citoyens indépendants.
 

Pour Abderrahim Chikhi, ancien président du Mouvement de l’unicité et de la réforme (MUR) et participant à la Flottille mondiale de la résistance, cette mobilisation “exprime la constance du peuple marocain dans son attachement à la cause palestinienne, considérée à la fois comme nationale et humanitaire.”

“Les Marocains adressent un message clair à la communauté internationale : il faut mettre fin à l’agression et lever le blocus imposé à Gaza depuis deux ans”, a-t-il déclaré à la presse.

La marche intervient dans un contexte régional tendu, marqué par la réponse positive du Hamas au plan américain de cessez-le-feu et par l’interception de la “Flottille mondiale de la résilience” par la marine israélienne.
 

Chikhi a également exhorté les Nations Unies et les organisations des droits humains à “assumer leurs responsabilités morales et juridiques face aux crimes de guerre commis à Gaza.”
 

Il a qualifié cette marche de “réponse citoyenne à la complicité internationale , ajoutant que le soutien à la résistance palestinienne est “un devoir moral, politique et historique.”

Concernant la position du Hamas, il a salué une “réaction politique intelligente et équilibrée”, soulignant que le mouvement “a su distinguer les points négociables de ceux relevant du consensus national palestinien.”
 

Pour les participants, cette mobilisation va bien au-delà de la politique étrangère : elle traduit une identité collective et une valeur morale profondément ancrée. “La Palestine, c’est notre miroir moral”, expliquait une jeune manifestante originaire de Meknès. “Tant que Gaza souffre, notre conscience ne dort pas.”
 

La marche du 5 octobre s’inscrit dans une série de manifestations continues depuis 2023, confirmant la persistance du soutien populaire marocain à la cause palestinienne.