Rage bait : l’art (pas très noble) de cliquer en s’énervant
Dans la grande famille des mots qui résument notre époque numérique, après le “brain rot”, voici le “rage bait”.
Littéralement “l’appât à rage”, ce format de contenu est pensé pour piquer là où ça fait mal : injustices montées en épingle, opinions provoc’, décisions absurdes sorties de leur contexte…
Tout est calculé pour te faire dire : “Non mais c’est pas possible ?!” avant de commenter, partager, et donc… nourrir la machine.
Le dictionnaire Oxford ne s’est pas trompé : l’expression s’est imposée partout, du langage des créateurs de contenu aux discussions entre potes.
Même le public s’en mêle : 30.000 personnes ont voté pour en faire le mot de l’année 2025. Une consécration pas très glorieuse, mais très révélatrice.
Dans son communiqué, Oxford rappelle que ces mots disent à quel point les réseaux ont redessiné nos réflexes
On consomme du contenu en nervosité permanente, on réagit avant de réfléchir, et parfois même, on s’énerve juste pour se sentir exister.
Une époque étrange où liker n’est plus assez fort ; il faut ressentir quelque chose, n’importe quoi, pourvu que ce soit intense.
Quand le rage bait débarque chez nous
Chez nous au Maroc, lorsqu’un débat éclate sur une story polémique, c’est tout le pays qui se transforme en salon de thé numérique.
On discute, on s’énerve, on rigole, on philosophe, on s’indigne — souvent dans la même minute.
Les pages marocaines le savent bien : un petit sujet qui divise, une phrase ambiguë, une vidéo tronquée… et c’est le tsunami dans les commentaires. Pas besoin d’un complot, juste une bonne dose de montée d’adrénaline digitale.
Sur TikTok Maroc, certains créateurs l’assument. D’autres s’en défendent, mais l’algo, lui, adore. Plus ça chauffe, plus ça tourne.
Cette mécanique est d’ailleurs liée à d’autres mots tendance repérés par Oxford : “aura farming” (se créer une image cool), “parasocial” (la relation à sens unique avec une célébrité ou une IA), ou encore “biohack”.
Des concepts ultra-numériques qui montrent combien notre vie réelle et notre vie en ligne se mélangent, parfois dangereusement.
Et maintenant, on fait quoi ? Scroller, oui… mais avec un peu de zen
Le rage bait ne disparaîtra pas demain. Tant qu’on aimera réagir, tant que les algorithmes adoreront l’émotion forte, tant qu’on aura ce petit réflexe de lire les commentaires avant même le post… il aura sa place dans nos feeds.
Mais le reconnaître, c’est déjà reprendre un peu de contrôle. Si un post te chauffe trop, respire, scrolle, fais-toi un thé à la menthe et laisse l’algo se débrouiller sans toi.
Après tout, notre attention, c’est notre plus grande richesse — autant choisir à qui on la donne.












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