Par Bargach Larbi
Pour l’histoire, il n’est pas inutile de rappeler que Oualid Regragui est l’homme de la demi-finale de la Coupe du Monde du Qatar 2022. C’est lui qui a brisé le plafond de verre et a permis aux Marocains de devenir acteurs du ballon rond ; ils n’étaient jusque-là que figurants. Des figurants qui méritent tout notre respect, même les seconds rôles bénéficiant d’Oscars dédiés – un respect qui concerne également, bien évidemment, notre coach actuel.
Que lui reproche-t-on alors ? Peut-être de ne pas avoir retenu les enseignements du passé. L’équipe de 1976, la seule couronnée d’un titre de champion d’Afrique, est lamentablement sortie au 1er tour de l’édition suivante après une lourde défaite face à l’Ouganda (3-0). Cette équipe ne s’était pas renouvelée. Personne n’osait écarter les vedettes de l’édition éthiopienne, alors qu’une génération extrêmement brillante pointait du nez.
On pense à la génération Zaki, Timoumi, Dahane, Bouderbala, et tant d’autres. Il a fallu une grosse défaite à domicile face au rival algérien en 1979 (5-1 à domicile) pour qu’enfin on décide de mettre les héros à la retraite. Cette nouvelle génération a brillé quelques années plus tard, en 1986, en franchissant la phase de groupe de la Coupe du Monde du Mexique en finissant à la première place devant l’Angleterre, le Portugal et la Pologne, numéro 3 de l’édition précédente.
Bien entendu, tout n’est pas à jeter dans la génération Qatar 2022 et, il faut le reconnaître, Regragui a un peu renouvelé son effectif. Toutefois, il s’est accroché à quelques symboles dont la titularisation inquiète aujourd’hui. Tout en gardant toute sa sympathie à l’excellent entraîneur qu’il est et tout en continuant à le soutenir, le public se lasse de ses choix nostalgiques.
Le cas Saïss n’en finit pas de soulever des questions : il est blessé depuis deux ans et sa rechute fulgurante montre que c’était pour le moins prématuré et anachronique, compte tenu de son âge, de le convoquer. Surtout que cette convocation, et bien d’autres, s’est faite au détriment de joueurs jeunes, ambitieux, talentueux, et couronnés par ailleurs de titres remportés devant des équipes aux palmarès bien fournis. Tout le monde pense aux Champions du Monde U-20 et aux équipes drivées par Skitioui, celles du CHAN et de la Coupe arabe FIFA. Il n’est pas question ici de mettre en concurrence nos brillants entraîneurs et tous les Marocains doivent maintenir leur confiance à Oualid. Cette confiance qu’il a un peu perdue en même temps que la lucidité.
Obsédé par la victoire face au Mali et, peut-être aussi, par la pression de ceux qui lui reprochent de produire un jeu indigeste et peu spectaculaire, il a commis une erreur de coaching qui aurait pu s’avérer catastrophique. La sortie, à quelques minutes de la fin, de deux milieux défensifs pour les remplacer par deux attaquants est inexplicable. Le nul était suffisant pour qualifier le Maroc en 1/8e de finale et le positionner en favori pour la tête du groupe, comme signalé plus haut. Cette prise de risque était inutile.
Mais encore une fois, rien n’est perdu. La titularisation d’Achraf Hakimi, probablement à partir du prochain tour, la montée en puissance de certains remplaçants au détriment d’immuables titulaires et la remise en question du statut de favori incontournable du trophée va, tous les Marocains le souhaitent, changer la donne. Le contexte aussi : au-delà de la qualité incontestable de l’effectif, malgré les quelques oublis, on peut espérer une réaction d’orgueil de l’entraîneur et de ses poulains. Un espoir légitime, parce qu’au final, il vaut mieux espérer qu’attendre.
Bargach Larbi












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