Par Mustapha Sehimi
En décembre 2020, à la fin de son mandat, le président Donald Trump avait franchi un cap décisif en reconnaissant officiellement la souveraineté du Maroc sur ses provinces méridionales. Son successeur, Joe Biden, a maintenu cette orientation, confirmant la stabilité de la ligne américaine. Réélu à la Maison-Blanche, Trump a choisi d’approfondir cette approche en confiant à l’un de ses conseillers, Massad Boulos, la mission de prendre des initiatives concrètes, notamment en matière de médiation entre Rabat et Alger.
Le 27 juillet dernier, dans le cadre d’une tournée nord-africaine incluant la Libye et la Tunisie, Boulos a ainsi mené une première tentative en ce sens.
Reçu par le président Abdelmadjid Tebboune, l’émissaire américain a précisé les objectifs de sa visite: consolider le partenariat économique, diplomatique et sécuritaire avec Alger; renforcer la coopération en faveur de la paix et de la stabilité régionales, en particulier au Sahel, et dans la lutte contre le terrorisme; enfin, réaffirmer le soutien de son pays au plan d’autonomie marocain, considéré comme l’unique cadre sérieux et crédible de règlement.
Washington cherche, dans le même temps, à rééquilibrer sa présence au Maghreb. La stratégie américaine vise à bâtir avec Alger un espace de coopération pragmatique dans les domaines économique et sécuritaire, sans pour autant remettre en cause le partenariat privilégié qui la lie au Maroc.
L’initiative ambitionne ainsi de redéfinir les équilibres régionaux, en plaçant au centre de sa démarche la recherche d’une médiation entre les deux voisins maghrébins.
Cette opération se déploie dans deux directions. D’abord, vis-à-vis de l’Algérie: visite à Stuttgart, siège du commandement de l’AFRICOM, du chef d’état-major de l’armée de terre de l’ANP; assouplissement de la législation algérienne sur les hydrocarbures, inversant le ratio de participation 51%/49% au profit d’entreprises étrangères (20%/80%); ouverture du Sahara oriental aux grandes compagnies américaines (Chevron, ExxonMobil, etc.); enfin, redéfinition des rapports commerciaux afin de réduire la dépendance d’Alger à l’égard de ses partenaires traditionnels, la Russie et la Chine.
La seconde direction concerne la relation maroco-algérienne. Pour l’administration Trump, une normalisation entre Rabat et Alger apparaît indispensable afin de lever le principal obstacle à la maximisation des intérêts économiques et stratégiques américains dans la région.
«Dans ce contexte, quel pays de la région apparaît le mieux placé? Le Maroc, qui s’impose à la fois comme premier investisseur et partenaire stratégique au Sahel, tout en jouant un rôle reconnu de stabilisateur. À l’inverse, l’Algérie s’est progressivement isolée, accumulant tensions et contentieux, notamment avec le Mali.»
Mustapha Sehimi
La médiation conduite par Massad Boulos s’inscrit dans ce cadre. Elle traduit aussi la volonté de Washington d’intégrer à sa stratégie régionale les impératifs de projection d’influence au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
Dans ce contexte, quel pays de la région apparaît le mieux placé? Le Maroc, qui s’impose à la fois comme premier investisseur et partenaire stratégique au Sahel, tout en jouant un rôle reconnu de stabilisateur. À l’inverse, l’Algérie s’est progressivement isolée, accumulant tensions et contentieux, notamment avec le Mali.
Le Maroc dispose en outre d’atouts structurels: l’accord de libre-échange conclu avec les États-Unis en 2006, qui conforte sa position de hub régional; une coopération Sud-Sud exemplaire, étendue à de nombreux secteurs (agriculture, énergies renouvelables, finance, communications, BTP, etc.).
À marche forcée, pourrait-on dire, les lignes bougent sous l’effet du «forcing» américain. La question nationale, en suspens depuis un demi-siècle, ne peut plus demeurer en l’état, comme l’a rappelé le Secrétaire général de l’ONU dans son rapport du 31 juillet dernier.
Au Conseil de sécurité, qui sera de nouveau saisi le mois prochain, pas moins de onze États membres soutiennent le plan d’autonomie marocain, dont trois membres permanents: les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.
La réévaluation du rôle de la MINURSO est également à l’ordre du jour, avec la perspective de recentrer son mandat sur le suivi du cessez-le-feu et l’accompagnement du plan d’autonomie, désormais appuyé par un large consensus international. Il reviendra au Conseil d’entériner cette évolution et d’en donner une traduction institutionnelle.
La seule voie désormais ouverte est celle de la paix, de la stabilité et de la sécurité. Une nouvelle page doit s’écrire: celle de la clôture du dossier de la question nationale, afin de libérer une dynamique régionale longtemps entravée par les positions hostiles d’Alger.
Dans ce contexte, le mouvement séparatiste a dû, le 5 septembre dernier, opérer un tournant douloureux en admettant la nécessité d’«une solution politique juste, pacifique et mutuellement acceptable».
Par Mustapha Sehimi /fr.le360.ma/












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