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Sanae Jeddoubi : la première femme à la tête d'une troupe d'Ahidous au Maroc


Rédigé par le Jeudi 5 Juin 2025

Au cœur des montagnes de l'Atlas, à Oulmes - Aqchmir, une jeune femme a émergé pour défier les traditions et réinventer les contours du patrimoine amazigh à travers la danse de l’Ahidous, longtemps considérée comme un domaine réservé aux hommes. Ni son jeune âge ni les normes sociales ne l’ont freinée ; bien au contraire, Sanae Jeddoubi a puisé dans ces obstacles la force d’avancer. Elle est aujourd’hui la première femme à avoir pris la tête d’une troupe d’Ahidous au Maroc.



Par une chaude nuit d’été à Oulmes, alors que résonnaient les rythmes envoûtants des rituels de mariage amazighs, personne ne se doutait que la fillette intrépide qui pénétrait le cercle de l’Ahidous deviendrait, quelques années plus tard, la première femme à diriger cet art ancestral. Sanae Jeddoubi n’avait alors que onze ans. Avec humour, elle se souvient : « Ils ont cru que j’étais possédée par la folie de l’Ahidous. »

Elle ne se contenta pas d'observer ; elle dansa, imita, et s’accorda aux pas et aux rythmes. Ce fut sa première reconnaissance collective, marquée par des applaudissements spontanés, sans que personne ne sache que cet instant marquerait le début d’un parcours exceptionnel. Ce soir-là, son oncle — chef de troupe — repéra le talent de sa nièce et fit un choix audacieux : l’intégrer non seulement comme danseuse, mais comme Tamsurt, c’est-à-dire cheffe de troupe.

Une décision courageuse dans une société où la place d’une jeune fille à la tête d’un groupe d’hommes demeure largement contestée.

Son oncle crut en elle et proposa l’idée à ses parents. Son père accepta sans réserve, tandis que sa mère hésitait, tiraillée entre le rêve de voir sa fille poursuivre ses études et la peur de la voir s’éloigner du destin habituel des jeunes filles du village : mariage et maternité précoces. Mais cette mère, qui n’avait jamais eu la chance d’aller à l’école, choisit de ne pas priver sa fille d’un avenir différent, et donna finalement son accord.

Entre les moqueries et les applaudissements

Cette même année, Sanae participa pour la première fois au Festival national de l’Ahidous à Ain Louh, devenant la plus jeune cheffe de troupe de l’histoire de cette discipline. Le chemin ne fut pas sans embûches. Dans chaque région traversée, elle faisait face à des regards partagés entre admiration et réprobation.
 

« Certaines personnes m’encouragent et acceptent sans problème que je sois cheffe de troupe. D’autres refusent catégoriquement cette idée, non pas à cause de l’art lui-même, mais simplement parce que je suis une femme. »

 


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Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC. Dompteuse de mots, je jongle avec... En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 5 Juin 2025

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