Lecornu à Matignon : rupture ou chute programmée ?
Mercredi, Sébastien Lecornu, 39 ans, a succédé officiellement à François Bayrou, renversé à l’Assemblée nationale après le rejet de son projet de budget d’austérité. Lors de la passation de pouvoir, le nouveau Premier ministre a insisté sur la nécessité de « changer la méthode » et de « transformer sur le fond » l’action gouvernementale.
Cinquième chef de gouvernement sous Emmanuel Macron depuis 2022, et troisième en moins d’un an, Lecornu hérite d’une mission périlleuse : former une coalition stable et faire voter un budget d’ici la fin de l’année, alors que la dette publique flirte avec les 114 % du PIB.
La nomination intervient dans une France bloquée depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024. Trois blocs puissants – gauche, centre-droit, extrême droite – empêchent toute majorité claire. Michel Barnier n’a tenu que 91 jours, François Bayrou moins de neuf mois : l’instabilité règne à Matignon.
Le projet de budget rejeté par l’Assemblée prévoyait 44 milliards d’euros d’économies, mesure impopulaire qui a précipité la chute de Bayrou. Lecornu, proche d’Emmanuel Macron mais peu connu du grand public, doit à la fois rassurer les marchés et calmer une société en colère.
À gauche, la France Insoumise a déjà annoncé une motion de censure. Le Parti socialiste dénonce un choix « de droite » qui risque d’attiser « la colère sociale et le blocage institutionnel ». Les syndicats, eux, préparent une nouvelle mobilisation pour le 18 septembre.
Dans la rue, la journée baptisée « Bloquons tout », lancée sur les réseaux sociaux, a donné lieu à des actions dispersées : blocages dans une centaine de lycées, manifestations à Paris, Rennes, Montpellier et Lille, et quelques tensions avec les forces de l’ordre.
Le ministère de l’Intérieur parle de 200 interpellations, dont 132 en région parisienne. Au total, 80.000 policiers et gendarmes étaient mobilisés pour prévenir tout dérapage, notamment autour des raffineries et sites stratégiques.
Entre défi politique, pression économique et risque social, Lecornu entre à Matignon sur un champ de mines. La première épreuve sera budgétaire, alors que l’agence Fitch doit évaluer la dette française d’ici vendredi, avec la menace d’une dégradation qui alourdirait encore les taux d’emprunt. Une chose est sûre : la promesse de « rupture » sera testée dès les prochains jours, et la stabilité politique reste plus que jamais incertaine.












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