Un signal fort pour la souveraineté au Maroc et en France – dans le monde académique et au-delà
En France comme au Maroc, la question de la souveraineté numérique ne se limite plus à la cybersécurité ; elle devient un enjeu stratégique de gouvernance, de confiance et d’indépendance cognitive. Une nation qui confie ses données, ses plateformes et ses savoirs à des acteurs étrangers renonce à une part de sa capacité à décider et à innover librement.
C’est la question même que je pose, depuis plusieurs années, dans mes travaux sur la souveraineté numérique au Maroc : une université, une entreprise ou un État qui externalise son infrastructure informationnelle perd une part de sa souveraineté intellectuelle.
Les écoles de management : pionnières… et dépendantes
Les plateformes de cours, d’évaluation et de communication interne ont été hébergées hors du territoire français, sans garantie de souveraineté ni de réversibilité. À cette époque, avec d’autres experts de l’informatique, j’avais alerté l’école où j’enseignais sur les risques liés à cette dépendance totale aux solutions cloud américaines – en vain.
La logique d’accréditation et la fascination pour les grands noms du numérique l’ont emporté sur les considérations de souveraineté, de sécurité et d’indépendance cognitive. Ce modèle a ensuite servi de référence à de nombreuses universités africaines, dont certaines marocaines, qui ont adopté les mêmes solutions, sans toujours mesurer les implications stratégiques de ces choix.
Souveraineté numérique : de la théorie à la pratique
1. Le contrôle des infrastructures : les serveurs, clouds et systèmes doivent être hébergés sur un territoire souverain, sous une juridiction nationale claire.
2. La maîtrise des codes et formats : adopter des logiciels libres ou ouverts, c’est garantir la réversibilité, la transparence et la continuité du service.
3. L’autonomie cognitive : chaque nation ou institution doit comprendre ses outils, former ses équipes et ne pas déléguer à des tiers sa propre intelligence collective.
Dans mon livre L’intelligence artificielle au Maroc – Souveraineté, inclusion et transformation systémique, j’écrivais : « Celui qui contrôle les données contrôle le savoir ; celui qui contrôle le savoir contrôle la décision. » C’est précisément cette équation que la direction de Polytechnique semble avoir comprise.
Vers un humanisme numérique
Cette démarche rejoint aussi la vision que je défends pour le Maroc et l’Afrique : bâtir une intelligence artificielle souveraine, enracinée dans nos valeurs et nos ressources, capable d’intégrer les standards internationaux tout en protégeant notre patrimoine numérique et nos données éducatives.
Un mouvement qui gagne les universités – et au-delà
Car si les universités, cœur du capital cognitif d’une nation, abandonnent leurs données à des acteurs soumis au Cloud Act américain, les collectivités, entreprises et administrations ne sont pas épargnées par cette même dépendance. Ce mouvement en faveur du logiciel libre et de la souveraineté numérique s’étend donc bien au-delà du monde académique, touchant désormais les institutions publiques, les médias, les hôpitaux et même certaines entreprises industrielles conscientes des risques de captation de leurs données stratégiques.
Un miroir pour le Maroc et le Sud global
À travers des initiatives comme MrabaData, MedinIA ou AI4Morocco, que je propose avec d’autres amis et experts engagés pour une IA souveraine et inclusive, j’appelle à une souveraineté numérique intégrale :
- Des centres de données nationaux sécurisés.
- Une priorité au logiciel libre dans les services publics,
- et une gouvernance de l’IA qui favorise la transparence, la confiance et l’appropriation locale.
Un combat partagé
Par Dr Az-Eddine Bennani












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